• Le futur, c’était pas mieux avant ?
    http://www.rslnmag.fr/post/2013/07/01/le-futur-cetait-pas-mieux-avant.aspx

    Depuis le début de la révolution numérique, jamais nous n’avions inventé autant d’appareils et de dispositifs techniques pour nous faire gagner du temps. Et pourtant, jamais nous n’avons autant eu l’impression d’en manquer ! Un paradoxe ? Pas tant que ça, il s’agirait plutôt d’un classique des réflexions sur l’impact des technologies sur nos modes de vie. La preuve en images et citations de la première Révolution industrielle… qui n…

    #www.rslnmag.fr

    • La morale de tout ceci ? On pourrait la formuler en rappelant, avec Olivier Postel-Vinay, que « le progrès technique, en lui-même, est neutre. Tout dépend de l’usage qui est fait des nouvelles inventions ». S’il y a un véritable enjeu à rester critique vis-à-vis des nouvelles technologies, la technophobie de principe n’apporte rien, ni plus, ni moins d’ailleurs que le cyber-optimisme béat. Plutôt que de faire l’apologie des technos ou de s’en méfier, il vaut bien mieux se concentrer sur ce qu’on veut faire avec elles. Et imaginer ainsi la société que l’on veut préparer.

      #lol-jaune #neutralité-mon-cul #ambivalence #technologie #machinisme #progrès et surtout #lieu-commun...

      Continuer de balancer des inepties de lieux communs pareils après tant d’études sociologiques/philosophiques/anthropologiques/historiques sur les différentes sortes de techniques « inventées » au cours de l’histoire humaine... C’est juste... déprimant.

    • @rastapopoulos : lieu commun je veux bien, mais ineptie je vois pas pourquoi. J’ai pas lu le reste, mais l’extrait que tu remontes ne me semble pas inepte, juste un enfonçage de portes ouvertes, pourtant nécessaire selon moi.
      ça rejoint le désaccord avec @bp314 ici ou là http://seenthis.net/messages/152787#message152981
      http://seenthis.net/messages/152779#message153012
      et je dois dire que oui, c’est un peu triste, mais le débat semble s’échouer sur une opposition lieu commun / posture radicale qui débouche sur pas grand chose...

    • Enfoncer une porte ouverte signifierait que c’est un fait avéré (et ça l’est pour toi apparemment). Ce que je conteste absolument, ça ne correspond à aucune réalité. Toute technique un tant soit peu complexe induit en elle-même un contexte qui permet son utilisation : un urbanisme particulier, un mode de vie particulier, etc. Qu’on soit gentil ou méchant n’y change rien, il y a certains invariants qui suivront toujours cette technique. Et cela vaut d’autant plus pour les techniques nouvelles, industrielles, qui ne sont jamais issues d’inventions à l’intérieur d’un corps de métier, mais qui sont issues des ingénieurs et des scientifiques.

      (Je rappelle que jusqu’à pas si longtemps, la majorité des innovations étaient inventés par les travailleurs eux-mêmes dans leur corps de métier, souvent en plusieurs endroits du monde à la fois, puis se diffusaient lentement dans la société, tandis que de nos jours à peu près tout est inventé par des ingénieurs et scientifiques dédiés à ça, puis breveté ou pas, puis diffusé massivement sur fort peu de temps, entre autre grâce à la publicité. Ces deux modes d’invention n’ont rien à voir, et ne produisent pas les mêmes améliorations pour les gens.)

      Cette posture inutile du ni-ni, ni blanc ni noir, ni technophobe ni cyber-optimiste, sert juste à se parer d’une fausse objectivité comme tout « bon » élève sortant d’école de journalisme.

      Comme si être « contre la technique » voulait dire quelque chose alors que justement le propos est de dire qu’il y a des échelles incomparables et que donc « la technique », ça ne veut rien dire. À cela Jacques Ellul (entre autre) opposait (entre autre) le concept d’ambivalence, qui ne signifie pas du tout que telle technique précise pourrait être utilisée en bien ou en mal, mais que telle technique, une fois mise en place et démocratisée, induit à la fois des conséquences biens, et des conséquences mauvaises, et qu’il est impossible de les séparer. Ce qui, lorsqu’on en tire l’enseignement, oblige alors à devoir faire la balance, et si une technique apporte plus de problèmes que de solutions, il faut décider de tout arrêter et chercher d’autres chemins. Aucun rapport avec revenir en arrière sur l’ensemble, donc.

      Mais évidemment, dans une société de Progrès où l’on nous a éduqué à penser que l’Histoire est linéaire d’un point A à un point B, le concept de tout arrêter volontairement telle innovation est un peu violent (ça l’est pourtant bien moins que la violence subie par la majorité des gens à cause du nucléaire/de l’urbanisme centré sur la voiture/des OGM/de l’informatisation du monde/des périphériques mobiles/etc).

      Mais c’est toujours plus facile d’écouter les sirènes de la science-fiction (demain on va trouver une solution) ou de l’âge d’or (à telle époque tout allait bien)...

    • Votre échange m’amène à indiquer l’ouvrage de David Edgerton, Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l’histoire globale dont Pour la Science de juillet 2013 fait la revue dans sa rubrique À lire . J’hésitais à le poster ici…

      Le texte de PLS n’est pas en ligne, en revanche, on peut trouver différentes critiques en ligne.

      Dans Le Monde (mars 2013)
      Un regard décalé sur les technologies
      http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/03/07/un-regard-decale-sur-les-technologies_1844500_1650684.html

      Le propos d’Edgerton est, in fine, politique : il n’y a aucune raison d’accepter sans examen toute innovation, bien au contraire : « Vivre à une époque inventive exige de rejeter la majorité de ce qui est proposé », estime-t-il. Dans un texte publié en 2011 dans la revue Nature, à l’occasion du bicentenaire de l’insurrection luddite contre le machinisme dans les filatures anglaises, il célébrait le rôle éminent des scientifiques dans ce tri nécessaire.

      Ou plus argumenté

      David Edgerton, Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l’histoire globale
      http://lectures.revues.org/11712

      Reste que la thèse de l’auteur, historien des sciences à Imperial College (Londres), relève d’une évidence trompeuse : il s’agit de composer « l’histoire des techniques en usage », afin de montrer que « notre perception de l’importance d’une technique privilégiait jusqu’ici l’innovation et reposait sur des présentations de la modernité attribuant un rôle central à certaines techniques nouvelles » (p. 18). À l’encontre de cette focalisation sur la nouveauté et le futur, la bonne compréhension de la place des techniques passe par une réévaluation décisive : non seulement « la plupart des inventions ne sont jamais utilisées [et] nombre d’innovations échouent » (p. 22), mais il faut prêter attention aux choix technologiques, le plus souvent réalisés parmi des techniques concurrentes, et à la persistance voire la résistance des techniques « anciennes ». Un seul cas, extrait de l’impressionnante accumulation d’exemples, suggère la portée de ce propos en apparence banal : celui des transports, où les « technologies dérivées, adaptées » (p. 83) sont légion.

    • Merci de ces liens. Le journal La Décroissance dans sa recension terminait par :

      Cette idée aboutit à une conclusion radicale et très forte qui offrira des ressources à ceux qui sont en quête de chemins de traverse et de trajectoires alternatives : "Nous n’aurons plus à nous culpabiliser d’être hostiles à l’innovation ou en retard sur notre époque sous prétexte que nous refusons d’adopter une invention. Nous sommes libres de refuser les techniques que nous n’aimons pas, quand bien même des gourous de la consommation et des gouvernements nous affirment de manière intéressée qu’il est primordial d’accepter, par exemple, les cultures génétiquement modifiées. Il existe d’autres techniques, d’autres voies d’invention. L’histoire de l’invention n’est pas l’histoire d’un futur inéluctable auquel nous devons nous adapter sous peine de disparaître, mais plutôt une histoire de futurs avortés, et de futurs fermentent ancrés dans le passé" (page 276). Il ajoute : "Nous devons nous estimer libres de chercher, développer, innover,même dans des domaines jugés obsolètes par ceux qui s’enferment dans un futurisme dépassé". Ce livre lève un verrou essentiel pour penser ce que serait une politique de décroissance, une politique qui serait en réalité plus réaliste que les appels mystiques et idéologiques à s’en remettre aux inventions du futur pour résoudre les problèmes de l’humanité.

    • @rastapopoulos : bon ben ça m’embrouille, je ne vois plus trop bien sur quoi nous serions en désaccord.
      On est à peu prêt d’accord pour dire qu’être pour ou contre la technique, ça ne veut rien dire.

      Ensuite, ce qui m’importe, personnellement, c’est d’avoir une approche responsable de l’usage de nos outils.
      Je crois qu’on a raté le coche lors de l’invention du « principe de précaution ». On aurait dû plutôt inventer le « principe de responsabilité », qui obligerait toute entité qui veut introduire une invention, un concept ou une technique nouvelle à démontrer non seulement que ce n’est pas nocif pour la santé et l’environnement, mais qu’ensuite les conditions seront réunies pour que cet acteur (ou des institutions consentantes) puissent assumer les conséquences de cette innovation sociétale.
      Sachant que cela irait jusqu’au traitement des déchets ou le provisionnement des catastrophes, on verrait que l’innovation technologique futile attirerait soudainement moins les capitalistes...