Démagogie et condescendance : ces jeunes bacheliers qu’on prend pour des branques

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  • Jean-Jacques Goldman, le bac, et l’exception française (Classe éco)
    http://blog.francetvinfo.fr/classe-eco/2013/06/24/jean-jacques-goldman-le-bac-et-lexception-francaise.html

    L’école que l’on a suivie, le parcours scolaire qu’on a effectué, ont une importance considérable, bien plus grande que les compétences que l’on a pu y acquérir. Les diplômes sont des certificats d’anoblissement, d’appartenance à une certaine catégorie, avec ses droits et ses devoirs, et dans un deuxième temps seulement les indicateurs de compétences concrètes. Avoir eu le bon diplôme, avoir fait la bonne école, est bien plus déterminant que les savoir-faire acquis.
    […]
    Au delà de l’anecdote, ce sujet est révélateur de nos représentations.

    #éducation #baccalauréat

    • Je m’étais fait la même réflexion : je suis pas un grand fan de Goldman, mais le dénigrement qu’a suscité ce choix littéraire m’a mis mal à l’aise. Pas assez « standing » pour les détracteurs. Il nous faut du noble, il nous faut le fleuron de notre patrimoine culturel, on a un rang à tenir ! Ce rang là, ce besoin de distinction, c’est celui qui trahit notre vision aristocratique, celui qui donne à l’école la mission de faire vivre la hiérarchie sociale, sans laquelle on a la croyance que le monde pourrait s’écrouler..

      Et il faut noter que la critique ne porte pas sur la difficulté de l’épreuve, mais simplement sur le choix de l’auteur. Le problème n’est pas, à lire les critiques, la trop faible difficulté du texte et des questions ; c’est le fait d’avoir choisi Goldman, un auteur de variété. Manifestement, des vers de mirliton d’un auteur ayant l’élégance d’être mort depuis des années, n’auraient pas suscité les mêmes critiques. « Goldman, ce n’est pas sérieux : pourquoi pas Booba ou Mylène Farmer » "épreuve de karaoke" est la critique qu’on fait à ce sujet ; certainement pas « la question est trop facile ». Goldman, c’est de la culture populaire, ce n’est pas noble.

      On est là typiquement dans une approche du signal. Que les élèves de bac professionnel planchent sur Goldman plutôt que Bergson (comme ceux des séries générales), c’est signifier qu’ils passent une épreuve au rabais. Peu importe la difficulté réelle de l’exercice, dont personne ne parle ; peu importe la notation de l’exercice ; après tout, au bac général, on ne se prive pas de donner des textes incompréhensibles aux élèves, pour ensuite donner des consignes de notation très larges ; Ce qui compte, c’est la dimension symbolique, montrer par là que les élèves qui passent ce bac sont inférieurs aux autres, uniquement sur la base de l’auteur de l’oeuvre étudiée. Pour que le bac ait l’air sérieux, il faut que les textes étudiés aient l’air sérieux, que leur auteur bénéficie du capital symbolique dont ne bénéficie certainement pas un chanteur de variétés ; peu importe la difficulté réelle de l’épreuve.

      (Edit : j’ai corrigé car j’avais écrit que j’étais un grand fan de Goldman alors que je voulais justement écrire le contraire :-)

    • Démagogie et condescendance : ces jeunes bacheliers qu’on prend pour des branques
      http://www.rue89.com/2013/07/05/demagogie-condescendance-jeunes-quon-prend-branques-243997

      Ce type de raisonnement manque cruellement d’espérance pour la jeunesse française qui aurait surement besoin de plus d’exigence pour avoir envie de réussir.

      Notre société vieillissante méprise-t-elle ses jeunes ?
      #NousSommesTousAlainFinkielkraut