Pourquoi on vit dans un système où il faudrait que ce soit des auditeurs de radio qui se comportent en policiers quand un réalisateur d’émission est soupçonné de harcèlement ?
Parce que dans le système de la justice au travail, les cas de harcèlement ou de maltraitance sont les cas les plus difficile à monter et à défendre. On est dans l’émotionnel, le ressenti, paroles contre paroles, souvent sans témoins, ou avec des témoins qui se débinent. Les cas « les plus faciles » et qui aboutissent devant les tribunaux du travail, en médiation ou en résolution interne avec gain de cause, sont les cas objectivés où il s’agit d’une atteinte claire au droit du travail, aux réglementations, aux critères de rémunération par exempel.
Ruffin décrit en fait bien le problème : lui s’en est bien sorti pour différentes raisons, principalement individuelles, liées à sa personnalité, à une certaine prise de recul d’emblée, à son parcours de journaliste, il a su supporter l’arbitraire d’autant plus qu’il était mieux rémunéré que d’habitude et qu’il répondait à la méritocratie locale.
Bien lui en fasse, mais c’est un peu court. Ce n’est pas parce que quelques individus supportent un cadre de travail cyclothymique que ce cadre doit perdurer. Sinon, on arrête de défendre les travailleurs tout de suite.
Dans des cas similaires, reste, si reconnaissance des injustices n’est pas obtenu, que la médiatisation. Que ça tourne au lynchage - qui profite aux opposants politiques de Mermet - n’a rien d’étonnant, c’est la seule arme qui leur reste à dégainer, la vindicte populaire, même si effectivement, une reconnaissance des préjudices par la voie syndicale et légale est préférable.