Fragilisé par un scandale touchant les services secrets du Luxembourg, Juncker démissionne

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  • Fragilisé par un scandale touchant les services secrets du Luxembourg, Juncker démissionne
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/07/10/m-juncker-mis-en-difficulte-par-un-scandale-touchant-les-services-de-renseig

    A l’origine de cet épisode inédit – la dernière motion de défiance déposée au Parlement datait de 1848 –, il y a les activités des services de renseignement que le procureur d’Etat, Robert Biever, a lui-même qualifiée de « police secrète ». Un procès-fleuve s’est ouvert en février devant une chambre criminelle. Deux gendarmes membres d’une unité d’élite sont jugés pour avoir participé à des attentats dans les années 1980.

    Une vingtaine de bombes avaient explosé, provoquant un traumatisme national et créant l’idée que le petit Grand-Duché était, comme l’Italie ou la Belgique, victime d’une « stratégie de la tension » devant favoriser l’émergence d’un pouvoir autoritaire après une mise en évidence de la « faiblesse » de ces Etats.

    Pour les avocats des deux prévenus, c’est un réseau « stay behind », financé par les services secrets américains, qui aurait été à l’origine des attentats.

    VICTIME COLLATÉRALE

    Diverses hautes personnalités ont été citées comme témoins dans ce dossier, qui a aussi illustré le fonctionnement de la sûreté nationale. L’ancien directeur des services de renseignement du Luxembourg (SREL) aurait enregistré, à l’insu du premier ministre, un entretien avec ce dernier, en 2008. M. Juncker aurait débattu des « contacts permanents » du grand-duc Henri, chef de l’Etat, avec les services secrets britanniques...

    L’affaire a fait une victime collatérale : Luc Frieden, ministre des finances et du budget, dauphin désigné de M. Juncker au CSV. Le procureur Biever lui a publiquement reproché de ne pas avoir soutenu les enquêteurs chargés de faire la lumière sur les attentats et d’avoir mis en doute l’utilité de leurs investigations. M. Frieden s’est défendu, invoquant son honneur et admettant seulement avoir dit que l’énergie mise à traquer le « Bommeleeër » mettait en péril d’autres enquêtes. Au début 2008, M. Frieden avait révoqué les deux plus hauts responsables de la police.