voici ce que retient un ami d’une conversation avec un ami syrien qui a été diplomate, et dont le propre frère était général dans la garde nationale syrienne.
le problème, c’est que lorsqu’on reçoit çà, on est gêné, n’ayant pas d’interlocuteur d’aussi grande qualité ; il n’empêche, qu’en toute honnêteté, ils me paraissent loin des sentiments du peuple lui-même
Résumé :
"
1.- L’origine du conflit est parfaitement datée : c’est le 13 mars 2011, dans la ville de Deraa (80 000 habitants au sud du pays vers la frontière avec la Jordanie), où 15 lycéens tagguent sur les murs des slogans favorables à la révolution égyptienne. Ces slogans ne sont pas de caractère religieux. Ces jeunes sont arrêtés et transférés à Damas. Leurs parents sont des paysans, des bédouins, qui se présentent au commissariat de police pour réclamer leurs enfants. On leur répond qu’ils ne verront plus leurs enfants. On leur dit aussi qu’ils n’ont cas faire de nouveaux enfants. On leur précise que s’ils sont trop vieux pour faire de nouveaux enfants, ils peuvent donner leurs femmes aux policiers qui s’en chargeront. La rumeur circule sur les réseaux sociaux, le 18 mars un « vendredi de la dignité » est organisé dans plusieurs villes. Plusieurs milliers de personnes défileront dans les grandes villes, le mouvement est lancé. Au départ il n’a rien à voir avec un conflit entre « modernistes » et « islamistes », même si les manifestants partent des mosquées.
2.- Face à l’absence d’organisations libres et indépendantes, comme des associations, partis, syndicats – marques habituelles d’une dictature – les islamistes vont peu à peu récupérer la dynamique et assurer leur hégémonie sur le mouvement. Ils sont aidés par certains pays occidentaux et des pétromonarchies du golfe.
3.- Aujourd’hui, pour la plus grande partie de la population, c’est une exigence de dignité qui domine. Tout le monde connaissait la corruption du régime, mais elle était acceptée dès lors que la population était respectée et qu’elle vivait relativement bien. Avec le cas des lycéens de Deraa, tout s’écroule. La population syrienne, selon mes amis, est largement contre le régime. Quant aux islamistes, qui contrôlent certaines villes, leur comportement suscite également un rejet croissant d’une partie de la population, qui n’en soutient pas pour autant le régime. Les opposants au régime qui ne sont pas islamistes sont des gens révoltés par le comportement de Bachar et de ses sbires.
4.- Il y a des forces étrangères du côté des rebelles, mais la rébellion reste essentiellement nationale. Il ne s’agit absolument pas d’une intervention étrangère même s’il y a des forces étrangères. Des deux côtés d’ailleurs.
5.- Il faut décrypter le jeu des autres pays. C’est Israël qui est à la manœuvre. Son intérêt est de faire durer le conflit syrien le plus longtemps possible. Le but est évident : ce conflit affaiblit la Syrie qui était un des pays les plus hostiles à Israël. L’affaiblissement concerne l’armée, les bases industrielles et économiques, le moral de la population. Israël, pour faire durer le conflit, aide tantôt les rebelles, tantôt le régime pour éviter qu’un camp prenne le dessus sur l’autre. Les Etats-Unis ont calqué leur position sur Israël, comme d’habitude. C’est pourquoi ils ne veulent pas intervenir ni armer sérieusement les rebelles afin d’éviter de leur donner un avantage qui mettrait un terme au conflit. Le gouvernement français connait tout cela et fait de la politique politicienne en organisant un faut pressing pour une intervention en Syrie alors qu’il sait qu’elle n’est pas possible. Il cherche à exister, sachant qu’il ne pourra rien faire, ni avec Israël et les Américains, ni avec les Européens qui ont d’autres chats à fouetter. Du côté des « soutiens » à Bachar il y a les Russes. Leur soutien est motivé, d’abord, par des raisons de politiques intérieure : il faut casser toute possibilité d’avancée des islamistes qui pourrait donner des idées aux propres islamistes qui existent dans différentes régions russes. Il existe aussi des raisons de politique étrangère : conserver la base militaire de Tartous, au nord de Lattaquié, la seule dont dispose la Russie en méditerranée ; conserver une influence dans la région ; prendre date, car si les Russes avaient à réprimer un soulèvement islamiste dans l’une de leurs régions, il ne faudrait pas qu’ils se soient mis en contradiction en soutenant une intervention militaire en Syrie que l’on pourrait leur rappeler. Les Iraniens aident militairement et financièrement Bachar, ils ont envoyé le Hezbollah. Les Iraniens sont chiites, comme les Syriens.
Que retenir de la conversation que j’ai eue avec lui et sa femme pendant le repas ?
1.- L’origine du conflit est parfaitement datée : c’est le 13 mars 2011, dans la ville de Deraa (80 000 habitants au sud du pays vers la frontière avec la Jordanie), où 15 lycéens tagguent sur les murs des slogans favorables à la révolution égyptienne. Ces slogans ne sont pas de caractère religieux. Ces jeunes sont arrêtés et transférés à Damas. Leurs parents sont des paysans, des bédouins, qui se présentent au commissariat de police pour réclamer leurs enfants. On leur répond qu’ils ne verront plus leurs enfants. On leur dit aussi qu’ils n’ont cas faire de nouveaux enfants. On leur précise que s’ils sont trop vieux pour faire de nouveaux enfants, ils peuvent donner leurs femmes aux policiers qui s’en chargeront. La rumeur circule sur les réseaux sociaux, le 18 mars un « vendredi de la dignité » est organisé dans plusieurs villes. Plusieurs milliers de personnes défileront dans les grandes villes, le mouvement est lancé. Au départ il n’a rien à voir avec un conflit entre « modernistes » et « islamistes », même si les manifestants partent des mosquées.
2.- Face à l’absence d’organisations libres et indépendantes, comme des associations, partis, syndicats – marques habituelles d’une dictature – les islamistes vont peu à peu récupérer la dynamique et assurer leur hégémonie sur le mouvement. Ils sont aidés par certains pays occidentaux et des pétromonarchies du golfe.
3.- Aujourd’hui, pour la plus grande partie de la population, c’est une exigence de dignité qui domine. Tout le monde connaissait la corruption du régime, mais elle était acceptée dès lors que la population était respectée et qu’elle vivait relativement bien. Avec le cas des lycéens de Deraa, tout s’écroule. La population syrienne, selon mes amis, est largement contre le régime. Quant aux islamistes, qui contrôlent certaines villes, leur comportement suscite également un rejet croissant d’une partie de la population, qui n’en soutient pas pour autant le régime. Les opposants au régime qui ne sont pas islamistes sont des gens révoltés par le comportement de Bachar et de ses sbires.
4.- Il y a des forces étrangères du côté des rebelles, mais la rébellion reste essentiellement nationale. Il ne s’agit absolument pas d’une intervention étrangère même s’il y a des forces étrangères. Des deux côtés d’ailleurs.
5.- Il faut décrypter le jeu des autres pays. C’est Israël qui est à la manœuvre. Son intérêt est de faire durer le conflit syrien le plus longtemps possible. Le but est évident : ce conflit affaiblit la Syrie qui était un des pays les plus hostiles à Israël. L’affaiblissement concerne l’armée, les bases industrielles et économiques, le moral de la population. Israël, pour faire durer le conflit, aide tantôt les rebelles, tantôt le régime pour éviter qu’un camp prenne le dessus sur l’autre. Les Etats-Unis ont calqué leur position sur Israël, comme d’habitude. C’est pourquoi ils ne veulent pas intervenir ni armer sérieusement les rebelles afin d’éviter de leur donner un avantage qui mettrait un terme au conflit. Le gouvernement français connait tout cela et fait de la politique politicienne en organisant un faut pressing pour une intervention en Syrie alors qu’il sait qu’elle n’est pas possible. Il cherche à exister, sachant qu’il ne pourra rien faire, ni avec Israël et les Américains, ni avec les Européens qui ont d’autres chats à fouetter. Du côté des « soutiens » à Bachar il y a les Russes. Leur soutien est motivé, d’abord, par des raisons de politiques intérieure : il faut casser toute possibilité d’avancée des islamistes qui pourrait donner des idées aux propres islamistes qui existent dans différentes régions russes. Il existe aussi des raisons de politique étrangère : conserver la base militaire de Tartous, au nord de Lattaquié, la seule dont dispose la Russie en méditerranée ; conserver une influence dans la région ; prendre date, car si les Russes avaient à réprimer un soulèvement islamiste dans l’une de leurs régions, il ne faudrait pas qu’ils se soient mis en contradiction en soutenant une intervention militaire en Syrie que l’on pourrait leur rappeler. Les Iraniens aident militairement et financièrement Bachar, ils ont envoyé le Hezbollah. Les Iraniens sont chiites, comme les Syriens. "
j’attends vos réactions