La Turquie face au défi de l’augmentation du nombre des réfugiés syriens

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    les réfugiés constituent un fardeau de plus en plus lourd pour le pays. Financier, bien sûr : le nombre de réfugiés syriens a doublé depuis le début de l’année 2013, étant actuellement évalué à plus de 400 000 sur le territoire turc, ce qui correspond à autant de personnes à nourrir, soigner et loger. Mais aussi sécuritaire. Le souvenir du double attentat de Reyhanlı, le 11 mai dernier (cf. notre édition du 15 mai 2013), qui avait fait plus de 50 victimes dans cette ville frontalière accueillant de nombreux réfugiés, n’a pas été oublié par le gouvernement de Reccep Tayyip Erdoğan. L’éventualité d’un nouvel attentat de ce type est devenue l’un des cauchemars du gouvernement turc, tant la frontière est devenue poreuse au cours des derniers mois. Au cours du seul mois de juin, l’armée turque aurait ainsi intercepté près de 12 000 migrants illégaux tentant de pénétrer en Turquie depuis la Syrie. Par ailleurs, face à la situation périlleuse qui prévaut au Liban, seul pays qui semble avoir gardé une « politique de portes ouvertes pour les réfugiés », selon le rapport de Human Rights Watch, et qui fait face à des tensions multiconfessionnelles sur fond de conflit syrien, le gouvernement turc est incité à voir dans les réfugiés un véritable risque pour la stabilité du pays, alors que celui-ci est déjà fragilisé par le mouvement de contestation interne « Occupy Gezi », qui depuis le début du mois de juin crée un climat politique tendu dans plusieurs grandes villes turques.

    Plus encore, alors que selon une récente étude des Nations Unies, la Turquie est passée en un an de la 59ème à la 10ème place dans le classement des pays accueillant des réfugiés, la prudence dont fait preuve le gouvernement turc témoigne probablement de la prise de conscience d’un risque de « palestinisation » de la situation des réfugiés syriens dans la région. Alors que les projections de l’ONU estiment à un million le nombre de réfugiés sur le territoire turc d’ici la fin de l’année, la Turquie pourrait se retrouver dans la situation du Liban, ou de la Jordanie, qui ont vu, comme l’on sait, s’installer durablement sur leur territoire des réfugiés dont les chances de retour se sont amenuisées au fil des ans. Le gouvernement turc veut absolument éviter une réédition de ce scénario, en limitant donc l’entrée des réfugiés syriens sur son territoire, et a fortiori la création de camps, synonymes d’une installation plus pérenne. Car si le conflit se poursuit, les réfugiés syriens ne pourront pas rentrer chez eux avant plusieurs années, et à terme ne le voudront peut-être plus. Or les camps de réfugiés ne sont pas toujours facile à gérer et à contrôler pour le pays d’accueil. Pouvant devenir un lieu de trafics ou de recrutement d’activistes divers et variés, ils sont souvent perçus par les pays d’accueil comme des facteurs potentiels de déstabilisation. S’ajoutent à cela les polémiques et les sujets de discorde suscités par le soutien financier apporté aux réfugiés, leur insertion sur le marché du travail, leur accès aux systèmes éducatif et de santé… voire leurs demandes de naturalisation.

    #Turquie
    #réfugiés
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    En juillet 2012, le ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie, Ahmet Davutoğlu, écrivait pour le Center for Strategic Research of the Ministry of Foreign Affairs of the Republic of Turkey (le think tank officiel de la diplomatie turque) : « Étant donné que sa région est le théâtre d’un processus de démocratisation en cours, la Turquie continuera de chercher à maintenir un équilibre entre la promotion des valeurs démocratiques et la défense de ses intérêts nationaux ».

    #réfugiés #syriens #Turquie