Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci.

/gramsci

  • Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci
    http://dormirajamais.org/gramsci

    Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

    L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

    #indifférence via @isskein qui a opportunément ressorti ce texte seenthisé plusieurs fois déjà.

    • Pourquoi je hais l’indifférence, d’Antonio Gramsci

      « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans », clama le procureur Isgro avant d’envoyer le militant communiste #AntonioGramsci en prison, le 8 novembre 1926. Il s’éteindra à sa sortie, en 1937, après avoir légué aux socialistes de tous les pays ses fameux Carnets de prison — travail d’orfèvre élaboré au rythme de ses allées et venues dans sa geôle. Le présent recueil d’articles, majoritairement écrits dans les années 1917 et 1918 (c’est-à-dire avant l’aventure conseilliste de Turin), est une belle clé d’entrée dans son oeuvre. On y saisit les germes des futurs apports conceptuels et pratiques du penseur. L’ouvrage est construit en cinq sections, montrant l’immersion de cet intellectuel dans le monde réel des exploités : l’indignation, la politique et les politiciens, l’éducation des Italiens, les maux de l’État italien et l’opposition à la guerre. Antonio Gramsci y aborde des notions ordinaires, telles que l’hôpital, la religion, la guerre, la propagande, la bureaucratie, l’éducation, la famille, le milieu carcéral, le productivisme ou encore la modernité technicienne… Il le fait avec le langage du cœur et de la camaraderie, jetant aux bûchers des vanités le jargon de la « science » révolutionnaire. Chaque page fait montre d’une empathie pour le commun — non pas comme masse laborieuse, mais comme genre humain qui survit déjà par la solidarité. À l’écoute du peuple tel qu’il est, le communiste n’hésite pas à puiser dans un référentiel chrétien et teinte son socialisme d’un romantisme qui n’est pas sans rappeler celui de Walter Benjamin ou de Rosa Luxemburg. Les exploités, écrit-il à grands traits, ne peuvent échapper au pouvoir qui impose son hégémonie. Pour ne pas sombrer dans l’indifférence — marqueur de la liberté des dégagés de la vie —, l’individu doit cheminer avec colère et indignation, sans jamais, toutefois, perdre de vue le sens de l’empathie. La destination ? Une sorte de confrérie guidée par la sensibilité (pour percevoir), l’intelligence (pour analyser) et l’imagination (pour trouver une solution). Et l’œuvre complète de Gramsci de passer de la seule dénonciation de l’indifférence à la promotion directe d’une organisation collective, arme de subversion contre l’hégémonie dominante et premier pas vers l’action.

      Éditions Payot Rivages, 2012

      http://www.revue-ballast.fr/cartouches-8
      http://www.revue-ballast.fr/gramsci-pasolini-recit-dune-fraternite

      Person:Antonio Gramsci

  • Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci. | Dormira jamais
    http://dormirajamais.org/gramsci

    L’indifférence œuvre puissamment dans l’histoire. Elle œuvre passivement, mais elle œuvre. Elle est la fatalité ; elle est ce sur quoi on ne peut pas compter ; elle est ce qui bouleverse les programmes, ce qui renverse les plans les mieux établis ; elle est la matière brute, rebelle à l’intelligence qu’elle étouffe. Ce qui se produit, le mal qui s’abat sur tous, le possible bien qu’un acte héroïque (de valeur universelle) peut faire naître, n’est pas tant dû à l’initiative de quelques uns qui œuvrent, qu’à l’indifférence, l’absentéisme de beaucoup. Ce qui se produit, ne se produit pas tant parce que quelques uns veulent que cela se produise, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté, laisse faire, laisse s’accumuler les nœuds que seule l’épée pourra trancher, laisse promulguer des lois que seule la révolte fera abroger, laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser.

  • Je hais les indifférents, par Antonio Gramsci.(11 février 1917)

    http://dormirajamais.org/gramsci

    Ce qui se produit, le mal qui s’abat sur tous, le possible bien qu’un acte héroïque (de valeur universelle) peut faire naître, n’est pas tant dû à l’initiative de quelques uns qui œuvrent, qu’à l’indifférence, l’absentéisme de beaucoup. Ce qui se produit, ne se produit pas tant parce que quelques uns veulent que cela se produisent, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté, laisse faire, laisse s’accumuler les nœuds que seule l’épée pourra trancher, laisse promulguer des lois que seule la révolte fera abroger, laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser.