Entretien avec Silvia Federici « La chaîne de montage commence à la cuisine, au lavabo, dans nos corps »

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  • Les petites écoles d’en bas

    Raúl Zibechi

    http://www.lavoiedujaguar.net/Les-petites-ecoles-d-en-bas

    Il y aura un avant et un après les petites écoles zapatistes. Pour celles d’aujourd’hui et celles de demain. Leur effet se diffusera lentement et ne sera sensible que dans quelques années, mais il marquera la vie de ceux d’en bas pour les décennies à venir. Nous y avons expérimenté une éducation non institutionnelle, pour laquelle la communauté est actrice de l’éducation. Une auto-éducation où l’on apprend d’égal à égal en s’investissant corps et âme, comme dirait le poète.

    Il s’agit d’une « non-pédagogie » qui s’inspire de la culture paysanne : on sélectionne les meilleures semences, on les sème en terre fertile et on arrose le sol afin de provoquer le miracle de la germination, toujours incertain et imprévisible. L’école zapatiste a représenté, pour plus de mille élèves, une forme différente d’apprentissage et d’enseignement, sans tableau ni salle de classe, sans maître ni professeur (...)

    #Mexique #zapatistes #éducation #pédagogie #communauté #autonomie

    • Le quatrième point, c’est cette nouvelle culture politique qui prend sa source dans les relations familiales et se divulgue dans toute la « société » zapatiste. Les hommes collaborent au travail domestique qui néanmoins reste dévolu aux femmes, ils gardent les enfants lorsqu’elles sortent de la communauté pour leur participation aux autorités. Les relations de respect et d’affection sont de mise entre parents et enfants, dans un climat d’harmonie et de bonne humeur. Je n’ai remarqué aucun geste de violence ou d’agressivité dans les foyers.

      Et voilà : ça a manqué être vraiment révolutionnaire et puis non : l’édifice reste construit sur l’#exploitation des #femmes. Il n’y a aucune raison valable pour que le travail domestique reste dévolu aux femmes.
      Voilà qui apporte de l’eau au moulin des #féministes quand elles disent que nulle avancée sociale ne peut se faire sans l’émancipation des femmes. Les Zappatistes racontent en gros qu’ils sont libéré tout le monde de la société d’exploitation... sauf les femmes. Donc, leur organisation porte en elle le noyau dur d’#inégalité à partir duquel tout l’arbre de la misère humaine pourra repousser joyeusement.

    • Je suis d’accord sur le but global, mais c’est un peu plus complexe je crois, car les zapatistes n’ont jamais dit que eux avaient libérés qui que ce soit.

      Dans toutes les explications qu’ils ont donné, et comptes-rendus de la Petit École, il a toujours été dit que c’était les villages autochtones qui participaient et prenaient les décisions, autant voire plus que l’armée zapatiste elle-même. Ce ne sont pas les zapatistes qui disent "allez, dans tel village il se passera ci, dans tel autre il se passera ça".

      De ce que je comprends, il s’agit déjà d’une net évolution par rapport à l’état précédent de comment étaient organisés les familles autochtones, puisque là – de ce que je comprends – il reste des tâches séparées, mais toutes les tâches qui sont collectives « sont le ciment de l’autonomie, dont les fruits sont dévolus aux hôpitaux, aux cliniques, à l’éducation primaire et secondaire, au renforcement des communes et des conseils de bon gouvernement ». Autrement dit, celles des tâches qui sont les plus importantes, éducation, santé, et décision en assemblée, sont toutes des tâches où il y a (apparemment) autant d’hommes que de femmes.

      Alors oui, c’est sûr, c’est pas la société idéale, on est d’accord, mais c’est un gros changement par rapport au fonctionnement traditionnel des peuples autochtones.

    • Merci, cher RastaPopoulos, d’avoir répondu à cette critique par trop générale et ne tenant aucun compte du chemin parcouru et de celui qui reste à parcourir.

      Cela permet d’annoncer la publication par les éditions Rue des Cascades, dans les mois à venir, de Femmes de maïs, ouvrage de Guiomar Rovira enfin traduit en français qui laisse la parole aux femmes zapatistes.

      La mise en cause de la division du travail domestique est très juste, mais on peut aller plus loin que ça dans la critique du capitalisme : « La chaîne de montage commence à la cuisine, au lavabo, dans nos corps », entretien avec Silvia Federici repris en juillet dernier sur “la voie du jaguar”

      http://www.lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Silvia-Federici-La

      L’essai de Silvia Federici Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive doit paraître en 2013 aux éditions Senonevero.

  • Entretien avec Silvia Federici
    « La chaîne de montage commence
    à la cuisine, au lavabo, dans nos corps »

    http://www.lavoiedujaguar.net/Entretien-avec-Silvia-Federici-La

    Silvia Federici est membre du Midnight Notes Collective. Les processus d’expropriation des corps et des savoirs, l’histoire de la chasse aux sorcières et les questions reproductives sont au cœur de son ouvrage Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive (Autonomedia, New York, 2004 ; traduction à paraître aux éditions Senonevero). Entretien réalisé en juin 2012 par Manel Ros pour le journal En lucha.

    Pourquoi écrire un livre sur les sorcières et sur la chasse aux sorcières ?

    Ce livre sur les sorcières est né à partir de recherches que j’avais commencées dans les années 1970 et qui étaient liées aux débats qui se déroulaient à l’époque au sein du mouvement des femmes. Ces débats concernaient l’origine de la discrimination des femmes, les raisons des positions différentes qu’occupent les femmes dans la société capitaliste par rapport aux hommes. Je voulais avant tout comprendre pourquoi les femmes étaient toujours discriminées. J’avais une théorie à ce sujet, mais j’étais intéressée à démontrer que cette discrimination ne reposait pas sur la tradition, mais qu’elle s’était construite, de facto, dans la société capitaliste. Autrement dit, le patriarcat n’est pas un héritage du passé, il a au contraire été refondé par le capitalisme. (...)