Questions sur le rôle de l’Etat dans l’affaire Tapie - Lagarde
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Il y a scandale d’Etat aussi en raison de la violation d’une certaine éthique d’Etat. De ce point de vue, cette affaire est incompréhensible si l’on ne comprend pas le sens du changement profond à la tête de l’Etat résultant de l’élection de Nicolas Sarkozy. Pour la première fois, de nombreux ministres des gouvernements Fillon étaient issus du secteur privé : soit ils provenaient du monde des affaires (MM. Chatel, Novelli, Bertrand, Woerth, Lefebvre, etc.) ; soit ils étaient avocats d’affaires (M. Sarkozy lui-même, M. Borloo et Mme Lagarde). Presque aucun titulaire des grands ministres régaliens n’était issu de la haute fonction publique, l’énarchie avait presque disparu, M. Alain Juppé représentant une sorte d’exception. Une telle composition du gouvernement constitue un révélateur du poids acquis par les intérêts privés et le monde des affaires au sein de personnel politico-administratif.
Un autre phénomène tout aussi instructif est le poids croissant de HEC dans le profil de ces nouveaux décideurs. Déjà présente dans le gouvernement (Mmes Pécresse et Kosciusko-Morizet, hauts fonctionnaires, en sont aussi issues), la grande école commerciale était bien représentée dans les cabinets. M. Richard, le directeur de cabinet du ministère de l’Economie - qui a assuré la continuité du ministère entre M. Borloo et Mme Lagarde - est un inspecteur des finances, passé par HEC et l’ENA, puis ayant pantouflé dans le privé, où il a fait fortune, avant de revenir au cabinet, en 2006.
En outre, M. Pérols, le conseiller économie du président Sarkozy, a le même profil (inspecteur des finances HEC, ENA, pantouflage à la Banque Rothschild). Non seulement HEC a rejoint la tête du CAC 40 mais elle parvient à occuper dorénavant une place non négligeable dans le cursus scolaire de l’élite du pouvoir politico-administratif. D’ailleurs, le président Hollande est lui-même un énarque passé par HEC.