Ça ne se passe pas plus dans les gènes que pour un phénomène sélectif sur plusieurs générations chez un éleveur.
Si, pendant plusieurs générations (et là, on parle de milliers d’années), tu choisis électivement les petites femmes pour se reproduire, tu auras tendance à avoir des femmes plus petites.
La privation de nourriture, elle, qui s’ajoute à la sélection des femmes petites, frêles et pâles, impacte la croissance de l’individu seul : une petite fille mal nourrie donnera une femme plus chétive, moins grande et aussi moins intelligente (le rapport entre nourriture et développement cognitif chez le jeune enfant n’est plus à démontrer). C’est d’ailleurs pas pour rien que les changements de taille apparaissent très vite dans une population quand l’alimentation change : la génération en croissance est directement impactée. Ma fille est mieux nourrie que moi, elle grandit plus, comme la plupart de ses camarades de classe. Elle devrait faire ma taille pour ses 12 ans, si sa courbe se maintient.
Par contre, que ses enfants grandissent pendant une période moins faste et ils présenteront dès l’âge adulte une stature moindre que celle qu’ils étaient génétiquement programmés à atteindre.
Il y a toujours interaction imbriquée entre inné et acquis et le milieu a souvent le dernier mot.
Après, la sélection des femmes petites implique une taille moyenne des femmes inférieure à celle des hommes. Si on nourrit tout le monde mieux, tout le monde aura tendance à être plus grand, mais le différentiel sexué n’aura tendance à se réduire que si les femmes grandes peuvent s’apparier aussi facilement que les autres... et les hommes petits itou.
Reste aussi la question métabolique : la lignée des femmes petites réagit comment par rapport aux modifications d’alimentation dans l’environnement ? En stockant du gras ou en relançant la conquête verticale ? Est-elle plus résistante aux périodes de pénurie (moins de masse corporelle = moins de nutriments pour faire tourner la machine = moins de mortalité en cas de famine ?)
Donc deux choses qui se répondent mais qui ne sont pas identiques :
1. La sélection culturelle des femmes plus petites que les hommes sur des millénaires qui fait que ce trait est génétiquement dominant chez les femmes
2. La limitation de l’accès à la nourriture des petites filles qui renforce le trait 1 mais qui n’agit que d’un point de vue ontologique et est donc réversible (dans les deux sens) d’une génération à l’autre.
Après on pourrait s’amuser à créer des comparatifs de tailles moyennes des femmes selon la région du monde et se demander si les variations sont corrélées avec la force du modèle patriarcal à travers l’histoire des régions du monde comparées.