Syrie : les rebelles ont tué 150 soldats du régime à Khan al-Assal

/syrie-les-rebelles-ont-tue-150-soldats-

  • Un exemple assez frappant de la différence absolue entre ce que racontent les médias occidentaux et ces affreuses « rumeurs » – dont on ne doit pas parler – que connaissent tous les Arabes : le massacre de Khan al-Assal.

    Il y a cinq jours, les médias occidentaux relayaient la prise de Khan al-Assal par les « rebelles » syriens, au travers d’une dépêche de l’AFP. En se basant sur une source unique (l’Observatoire syrien des droits de l’homme), on nous « apprenait » que 150 soldats et « supplétifs loyalistes » de l’armée syrienne (curieusement, on ne dit plus « shabiha ») avaient été tués : 100 durant les combats, et 50 exécutés après-coup.
    http://www.liberation.fr/monde/2013/07/26/syrie-les-rebelles-ont-tue-150-soldats-du-regime-a-khan-al-assal_921056

    Mais dans le monde arabe (et donc certains médias occidentaux nettement borderline), on évoque immédiatement un massacre de soldats et de civils. Certes les régime syrien livre sa propre lecture des événements – mais il serait bien naïf de croire que cette lecture reste limitée au régime.

    Ce qui donne par exemple dans Mediarama :
    http://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/07/mediarama-391.pdf

    Khan al-Assal constitue un enjeu important, car c’est là où les rebelles ont lancé, en février dernier, une attaque au gaz sarin qui a fait une trentaine de mort. Leur assaut contre la ville a coïncidé avec un accord conclu entre l’Etat syrien et des experts des Nations unies sur les modalités de l’enquête internationale sur l’utilisation des armes chimiques dans le conflit syrien.

    Dans ce contexte, l’ambassadeur syrien en Russie, Riyad Haddad, a déclaré que le massacre de Khan al-Assal a été perpétré afin de dissimuler l’utilisation d’armes chimiques par les rebelles. « L’objectif principal de ce carnage perpétré par le groupe terroriste Ansar al-Khilafah était d’éliminer tous ceux qui avaient été témoins de l’utilisation d’armes chimiques dans cette région », a-t-il dit.

    Aujourd’hui, la Coalition nationale syrienne dénonce le crime et annonce l’ouverture d’une commission d’enquête – tout en maintenant la version initiale (militaires et supplémtifs, pas de civils, et seulement un tiers exécutés après coup) :
    http://en-maktoob.news.yahoo.com/syrian-opposition-condemns-rebel-execution-captives-120733667

    The opposition Syrian National Coalition on Sunday condemned the reported “collective execution” by rebels of soldier prisoners in the north and said it had created a commission of inquiry.

    At least 150 Syrian regime forces died in fighting with rebels for control of Khan al-Assal, a key town in the northern Aleppo province, the Syrian Observatory for Human Rights said on Friday.

    Donc, en 3 temps :
    – l’ASL revendique les exécutions,
    – les communiqué de l’OSDH les attribue en revanche à Al Qaeda,
    – cinq jours plus tard, la coalition dénonce le crime.

    Ce qui est remarquable, c’est que les médias occidentaux se contentent de la version de l’OSDH, alors que de nombreuses « rumeurs » circulent dans l’opinion arabe, sur fond d’accusations d’armes chimiques…

    Car là encore, la différence totale entre les « rumeurs arabes » et les médias occidentaux mainstream a été remarquable :
    http://seenthis.net/messages/134052
    – l’OSDH et le Telegraph indiquaient assez clairement qu’il s’agissait d’une attaque chimique « artisanale » menée par un groupe rebelle,
    – les médias occidentaux mainstream se sont assez unanimement alignés sur l’accusation contre le régime.

    À nouveau, mon problème avec cela n’est pas vraiment l’aspect très « orienté » dans le rapport des faits, mais bien plus profondément l’occultation totale de ce qu’une très large partie de l’opinion arabe (syrienne, libanaise…) pense et croit savoir. Même si l’on considère que cette opinion repose sur des fadaises, je pense vital de présenter (voire de dénoncer si l’on veut) cette opinion publique arabe. Sinon on fabrique une Moyen Orient totalement virtuel, dans lequel nous serions légitimes (en tant qu’occidentaux) à intervenir, au motif que les populations locales penseraient unanimement comme les communiqués de Laurent Fabius et le bureau de presse de Saad Hariri.