• Quelques outils pour penser le Front National | Enbata
    http://www.enbata.info/articles/quelques-outils-pour-penser-le-front-national
    (une assez bonne synthèse je trouve)

    Dans toutes les Pyrénées Atlantiques le vote d’#extrême-droite progresse. A Pau, lors des dernières municipales de 2014 il plafonnait à 6% : aujourd’hui le #FN obtient désormais près de 17%. Sur le canton Bayonne-2, alors que l’extrême-droite a puisé dans son électorat d’illustres inconnus, elle bat des records avec 18,46 %.

    Pour autant, le parti Lepéniste reste contenu dans les PA avec 11,3% des voix (contre 25% dans l’hexagone).

    En Pays Basque, ces scores restent bas dans les cantons à forte #identité : Montagne Basque ( 8,95%) et Pays De Bidache, Amikuze Et Ostibarre (11,57%). Idem dans le Béarn. Passons rapidement sur le fait que s’il y a des résultats électoraux, la parole raciste, intolérante pour ne pas dire bête s’est aussi largement libérée.

    La faiblesse relative de l’extrême-droite dépasse largement le contexte local. L’explication de ces résultats départementaux tient aussi à ce qu’Hervé Le Bras et Emmanuel Todd exposaient dans Le mystère français (2013), à savoir que même si la France s’homogénéise, le lieu de vie produit encore du politique : depuis l’après-guerre l’#électorat catholique a basculé progressivement à gauche dans les régions de l’ouest. Ainsi le FN plafonne à 9,86 % dans le Gers, 15,92% dans les Hautes-Pyrénées ou encore à 15,76% en Ariège (présentant pourtant le PIB par habitant le plus faible de métropole). Todd n’en est pas à son coup d’essai : dans l’ouvrage « l’invention de la France », il montre comment du nord au sud, de l’est à l’ouest, dans l’Hexagone les mœurs, les structures familiales et l’ancrage religieux varient aujourd’hui comme en 1850. En ce sens, la France est une construction artificielle où les défenseurs autoproclamés de l’identité nationale ne comprennent pas l’histoire de leur propre pays. Selon Todd, les structures familiales historiquement inégalitaires du Sud-Ouest expliquent le maintien d’une conscience forte du collectif, et donc une résistance aux thèses de l’extrême-droite.

    Autre élément indispensable pour comprendre la faiblesse relative du Lepénisme en #Pays_Basque, la question des #inégalités.


    Les travaux d’Hervé le Bras ont montré que les écarts de richesse expliquent en grande partie le vote FN http://le1hebdo.fr/numero/47/les-cartes-des-ingalits-et-du-vote-fn-se-superposent-808.html. Elles provoquent l’abstention ou le vote de rejet pour les plus pauvres ; le repli sur soi pour les plus riches. On le voit les inégalités sont moins marquées dans le Sud-Ouest, à l’exception du bassin de la Garonne. Il est clair que le climat océanique très pluvieux a contenu l’installation de riches retraités, contrairement à la côte d’Azur.

    En 2013, cette étude l’IFOP http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/07/face-nord-et-face-sud-les-deux-electorats-du-fn_3458468_823448.html a fait date. Elle démontre que le Front national a deux visages, deux électorats bien distincts dans le nord-est et le sud-est.

    Penser de manière globale le FN, uniquement sur le registre moral comme l’a fait le premier ministre Manuel Valls est une grave erreur.

    Dans le Sud-Est, tout particulièrement dans le Vaucluse, les Pyrénées-Orientales et la Corse, le vote d’extrême droite repose historiquement sur les français « Pieds-noirs » rapatriés d’#Algérie. La fondation du FN est en effet intimement liée à l’histoire de l’OAS. Jacques Bompard, premier maire de FN en 1995 à Orange, puis député-maire en 2012, était un militant de l’#OAS. Dans le sud-est, l’extrême-droite est dans le sillage du discours classique de Jean-Marie Le Pen : riches retraités, poujadistes, artisans et commerçants dénonçant « la pression fiscale ».

    Dans l’électorat « nordiste » les catégories populaires sont bien plus représentées et rêvent au contraire de taxer les plus #riches.

    En ce sens le discours du FN variable selon les contextes, et donc contradictoire dans son projet concret, rappelle toujours plus ce qu’Antonio Gramsci décrivait comme les mécanismes insidieux d’hégémonie politique du #fascisme.

    Que l’on voit localement lorsque le candidat FN Jean-Michel Iratchet se prononce en faveur de la langue basque https://youtu.be/mtxnvCNeTtw?t=1h39m34s

     : même stratégie fondée sur le #mensonge et la #manipulation.

    Le rôle central de la #consommation

    Autre auteur indispensable à lire, Bernard Stiegler. En 2013, dans Pharmacologie du Front National http://arsindustrialis.org/pharmacologie-du-front-national-0, Stiegler a relancé le débat en montrant que les idées dans lesquelles se reconnaissent les électeurs Lepénistes n’ont pas été produites par le Front National : ce sont celles que l’ultralibéralisme a engendrées. Selon lui, le #consumérisme aura été un dispositif de modification des conditions de l’individuation psychique et collective, c’est à dire une perte du sentiment d’exister. « La défaite idéologique de la pensée de la gauche aura consisté à abandonner toute capacité à critiquer la #société_de_consommation et à ne pas voir comment le consumérisme est devenu, en quelque sorte par intégration fonctionnelle, une machine de guerre idéologique, permettant de contrôler les représentations » explique-t-il. Avec ce logiciel, on comprend pourquoi le #Vaucluse concentre à la fois les plus grands centre commerciaux d’Europe et un électorat séduit à 37,4% par le parti de Marine Le Pen. Les centres villes y ont été délaissés au profit d’un mode individualiste où domine la vie pavillonnaire (Lire aussi Le cauchemar pavillonnaire http://www.lechappee.org/le-cauchemar-pavillonnaire ).

    Au Pays Basque ce sont les communes de zones péri-urbaines qui ont voté le plus FN aux dernières européennes : Mouguerre (20,53%), Urt (22,28%)…, définies par un mode de vie à dominance pavillonnaire. (Le dimanche à Lahonce, ce sont des dizaines de tondeuses individuelles qui tournent). Selon Stiegler, « notre responsabilité aujourd’hui, n’est pas de mettre à l’index les électeurs du Front National, ni les français qui partageraient ces idées : l’enjeu, c’est le passage d’un modèle industriel consumériste caduc, producteur d’incapacité, à un modèle industriel contributif, porteur de nouvelles solvabilités et fondé sur recapacitation généralisée ».

    En effet, le devenir de l’extrême droite n’est pas un accident de parcours ou un avatar des calculs politiciens ; c’est le résultat ultime de la contre-révolution Tatchérienne. La logique du #bouc_émissaire aura été fonctionnellement indispensable, comme inversion de causalité, à l’acceptation des dégâts de l’ultralibéralisme en France.

    Manuel Valls peut accabler publiquement le Front national, le Parti socialiste a fait le jeu de l’extrême-droite lorsqu’il s’est montré incapable de critiquer la société de consommation, de réduire les inégalités et la ségrégation sociale.

    Ravage de la #droite_décomplexée

    Il faut lire aussi le Mythe National http://www.franceculture.fr/oeuvre-le-mythe-national-l-histoire-de-france-revisit%C3%A9e-de-suzann, de Suzanne Citron, ouvrage de référence réédité récemment. Citron y déconstruit cette histoire de France idéalisée, notamment l’idée de nation, véritable emblème passe-partout qui a été enseignée sous des habillages bien différents selon les époques (Vichy, guerre d’Algérie…).

    Parmi les causes du FN en France, il faut rappeler la stratégie de la « droite décomplexée » de Nicolas Sarkozy, Eric Besson, Brice Hortefeux et Thierry Mariani…Ils ont véritablement banalisée un discours stigmatisant et xénophobe. Et comme les gens préfèrent l’original à la copie, l’électorat a basculé dans le camp du FN. Dans le Vaucluse, l’adhésion de la droite populaire à une stratégie du bouc émissaire a été précoce : le vote UMP s’y est ensuite écroulé. Thierry Mariani après avoir ouvert les vannes, a déserté le département pour la circonscription des français établis à l’étranger. En 1986, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin avait été le premier à s’allier au FN lors des régionales. Le Sud-est est devenu un laboratoire : le flottement de l’UMP à l’extrême droite est tel, que plus aucune alliance ne provoque l’indignation. Dernières connivences en date, l’élection du président (UMP) de l’agglomération d’Avignon avec les voix du FN, n’a provoqué aucune réaction publique. A l’inverse, dans le Sud-Ouest, le #Modem est profondément enraciné et n’a jamais cédé à la stratégie de bouc émissaire pensée par la « droite décomplexée » sarkozienne. Dès le soir du premier tour des départementales, sans ambiguïté, Jean-Jacques Lasserre, leader du Modem et président de l’assemblée départementale de 2001 à 2008 appelait à ne « pas soutenir l’extrême-droite » sur le canton Nive-Adour.

    Autre leurre serait de laisser le pouvoir au FN pour enfin le délégitimer : les prises de pouvoir successives de l’extrême-droite dans le Sud-Est, bien que caractérisées par les affaires, le grotesque et les conflits d’intérêts, n’ont pas remobilisé l’électorat. Bien au contraire, une casse méthodique du milieu associatif a entretenu une profonde apathie politique, tué la citoyenneté et la contre-culture.

    Avec tout ça, on voit que réduire le vote FN au #chômage relève de la paresse d’esprit.

    Vote frontiste désormais plus fort chez les jeunes

    Enfin, il reste la spécificité basque. « Ici on sort des réseaux traditionnels de militance. C’est une expérimentation sociale remarquable » m’expliquait au sujet d’#Alternatiba Geneviève Azam, économiste et membre du conseil scientifique d’#ATTAC. En France, la gauche française n’est plus capable de fédérer une colère légitime contre les inégalités et les dérives du capitalisme. Une gestion bureaucratique des structures est venue remplacer une #radicalité qu’incarnait par exemple le mouvement #Act-Up. Dans la bouche d’une petite caste médiatique et universitaire non représentative des classes populaires, il est juste question de mener la « bataille des idées ».

    De son coté, le Parti Socialiste n’est plus qu’une machinerie électorale : aujourd’hui, les 2/3 des affiliés sont des élus, le tiers restant couvre les attachés parlementaires et les permanents du parti. Or « comment forme-t-on les gens à la politique ? Par la participation active aux affaires de la Cité » martelait le philosphe Cornélius Castoriadis.

    Ici, le mouvement basque, au sens large (festivals musicaux, la chambre d’Agriculture #EHLG, les bars militants, la lutte contre la #spéculation foncière ou la mobilisation contre la #LGV …) a été capable de capter une jeunesse désireuse d’action et de radicalité.

    Dimanche, la gauche basque d’EHBai s’est ainsi hissé au second tour dans cinq cantons, même à Saint-Jean-de-Luz réputé conservateur.

    Malheureusement, à contrario dans beaucoup de villes de l’hexagone, le désir d’agir à été accaparé par le Bloc Identitaire, groupe d’extrême-droite très efficace dans sa communication et ses happening (Occupation très médiatisée de la mosquée de Poitiers en 2012). Contrairement à une idée reçue, le vote FN est désormais plus fort chez les 25-34 ans et les 45-59 ans, que chez les seniors, plus fidèles à l’UMP.

    En conclusion, il faut cependant se garder de penser le Pays Basque comme un territoire bucolique, où le racisme et le rejet de l’autre n’existerait pas. La croyance dans une #histoire idéalisée n’est pas propre au nationalisme français. Cette idée qui veut que les « basques étaient présents avant les autres », brandie par certains comme seul argument de légitimation politique, évoque avec force les délires d’Eric Zemmour, convaincu que « les français sont présents depuis 1000 ans » sur ce territoire. On entend aussi parfois qu’il ne faut pas critiquer la culture basque car « elle est minoritaire et que toutes ses initiatives sont positives ». Ceux qui tiennent ces propos détruisent ce qu’ils croient défendre.

    La première identité politique est ce que l’on fait, pas ce que l’on prétend être ou rejeter. Une société humaine se légitime aussi par son projet collectif, la prise en compte de sa #diversité, des pratiques fondées sur le respect des droits individuels, jamais sur une vision fantasmée du passé et de ce que l’on croit être.

    #urbain_diffus #banlieue_totale #périphéries #déménagement_du_territoire #gpii #éditocrates #catholicisme_zombie

  • Réflexion sur le sketch à la mode que constitue le débat dépenses publiques/recettes fiscales, consécutive à une question de @wiki1000 ici http://seenthis.net/messages/167866

    Sur la question de la dépense publique, nos filtres idéologiques jouent énormément.
    Le bon sens néolibéral nous martèle que la dépense publique c’est le mal absolu, c’est le fardeau de la paresse et l’incompétence des fonctionnaires qui vient parasiter l’efficacité économique du secteur privé.
    Dans le même temps, les missions remplies par les dépenses publiques sont comme qui dirait... un grand tabou !

    Quand je vois donc l’usage éhonté de raccourcis idéologiques de la part de quelqu’un qu’on paye une fortune pour consacrer sa compétence à la mise en oeuvre d’une politique européenne censée incarner l’intérêt général, je m’étrangle http://seenthis.net/messages/167866. Surtout que ma conviction profonde, c’est que les néolibéraux ont bâti une doctrine très efficace pour organiser le monde autour de leur pulsion favorite : gagner des sous et ne pas payer d’impôts..

    Revenons en détail sur la dépense publique donc, et les automatismes que le discours dominant déclenche dans nos jugements sur le rôle de l’Etat, présenté comme un fardeau, comparé à une entreprise moribonde.
    Certains parlent même de la « compétitivité » de l’Etat, le mot est lâché, #lol ! .
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/26/relancer-la-croissance-et-l-emploi-en-france-oui-c-est-possible_3466574_8234
    Fort bien, cela me rend service. Ils se caricaturent, moi qui ai à coeur de dénoncer cette dérive où certains citoyens plus puissants que d’autres se permettent de considérer les Etats comme de banales entreprises privées lucratives, desquelles ils seraient les actionnaires
    http://opinionsopiniez.hautetfort.com/archive/2012/12/20/l-etat-chahute-par-ses-actionnaires.html
    Il semble que leur statut de gros contribuables leur monte au cerveau et les conduisent à s’auto-considérer en gros « contributeurs » et en « créanciers ». Bref ils s’auto-proclament « actionnaires » des états et vont leur réclamer un « dégraissage », pour améliorer la compétitivité, la rentabilité de l’Etat, sans même évoquer la questions des missions de l’Etat.

    Voilà comment l’actionnaire capitaliste a supplanté le citoyen ordinaire dans la conduite réelles des affaires du pays. On peut s’amuser à parler encore de démocratie, pour le fun, ce n’est que du folklore. On élit des représentants. Pas pour nous représenter nous, mais pour représenter l’Etat, comme un PDG représente son entreprise... Missionné pour rassurer ses effectifs, ses clients et ses actionnaires. Un communiquant, quoi (http://seenthis.net/messages/146287)

    Un autre effet de la confusion engendrée par notre aveuglement idéologique, c’est par exemple cette personne qui considère que tout ce qui est brassé par le public ne peut pas être considéré comme richesse (et devrait donc être déduit du PIB), vu que cela échappe aux capitalistes. Confondre « richesse » et « profit », voilà qui en dit long sur notre déformation culturelle http://seenthis.net/messages/161287

    Donc certes, on peut sortir la courbe de Laffer http://seenthis.net/messages/163060, et raisonner sur des effets d’aubaines à plus ou moins long terme des baisses d’impôt, il y a là aussi un parti pris idéologique et subjectif.. http://seenthis.net/messages/160388
    Moi qui fonctionne sans avoir besoin de spéculer à l’insu de mon prochain, qui interagis avec mes pairs sans chercher en permanence à tirer un profit à leurs dépens, je ne vois pas les prélèvements fiscaux comme une insupportable spoliation, dans la mesure où selon moi la première et la plus lourde des spoliations, c’est la propriété privée spéculative, celle qui va au delà de notre sphère vitale. Toute accroissement de la propriété privée sur l’espace public visant à offrir aux propriétaire des privilèges aux dépens de ses pairs est pour moi un phénomène socialement et humainement plus grave, que la soit disante oppression qui touche les pauvres citoyens contraints à l’exil économiques, comme de poignants demandeurs d’asile fiscal (re-#lol)

    La dépense publique, pourtant, avec un peu de recul, ça peut se voir autrement, même si ça demande un effort (exemple : http://seenthis.net/messages/162372)

    Enfin je suis cadre-dirigeant d’une petite entreprise, je manage des gens et je suis content de pousser mon équipe au cul pour ne pas se satisfaire de l’efficacité (système qui fait le job) et viser l’efficience (système qui fait le job à moindre coût humain, matériel, écologique..). J’ai la conviction que c’est une voie nécessaire pour la satisfaction de tous (travailleurs et administrateurs). Aussi je suis favorable à tout ce qui peut aider la fonction publique à gagner en performance et pertinence d’action.

    Mais comprenez mon courroux quand un mec débarque au JDD pour nous expliquer qu’il ne faut pas augmenter les impôts et qu’il vaut mieux dégraisser l’Etat. En substance, il vient juste nous dire qu’il faut satisfaire les gros contribuables actionnaires et non les citoyens-contribuables modestes. Et qui nous dit que chacun doit combler le trou de la dette, non pas à hauteur de ses ressources comme la Constitution nous y invite, mais en creusant tous de la même façon quoiqu’il arrive, même si on n’a pas les mêmes outils...

    #idéologie

    • Quand vous parlez de coût, c’est déjà biaisé, c’est comme le mot « dépenses publiques ». Il ne s’agit pas d’un coût de fonctionnement de l’Etat, mais de ce que l’Etat gère chaque année pour le compte de la collectivité.
      D’ailleurs quand des patrons écrivent ça, c’est limite malhonnête

      La dépense publique est, en effet, insoutenable, non seulement par son niveau (57% de la richesse nationale en 2012), mais aussi par sa dérive (4 points de produit intérieur brut – PIB – supplémentaires en cinq ans, aggravation absolument inédite dans notre histoire économique).

      http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/26/relancer-la-croissance-et-l-emploi-en-france-oui-c-est-possible_3466574_8234
      Cela ne veut pas dire que l’Etat consomme ou engloutit 57% de la richesse créée chaque année, cela veut dire que sur 100€ de richesses créées annuellement par l’activité économique de la France (secteur public inclues), l’Etat gère l’affectation de 57€, et 43€ est géré par le reste des acteurs économiques. L’Etat ne devient pas « propriétaire » de cet argent, il n’en a pas la jouissance, il en a la charge. Alors bien sûr on peut débattre de son bon emploi, de l’efficacité de l’action de l’Etat, et regretter que la proportion gérée par les pouvoirs publics soit supérieur à la proportion disponible pour l’initiative privée, là encore c’est votre idéologie qui fera pencher la balance.. Mais parler d’un niveau « insoutenable » comme s’il s’agissait d’une ponction injuste, ce n’est pas honnête..

      Cet autre point de vue ci-après est particulièrement instructif, malgré l’usage ridicule et outrancier du terme « communiste » du titre pour les besoins de la provocation sans doute, le reste est heureusement plus subtil, quoiqu’idéologiquement très impregné j’y reviendrai. http://www.lepoint.fr/invites-du-point/patrick-artus/artus-la-france-dernier-pays-communiste-28-08-2013-1718740_1448.php

      Ensuite vous écrivez

      les personnes imposées au delà du seuil qu’elles estiment
      nécessaire pour pouvoir se rémunérer peuvent décider de ne plus produire, ce qui diminue l’impôt global perçu en proportion

      Il est possible que des citoyens fonctionnent comme ça et calquent leur activité économique sur l’aspect incitatif/dissuasif de la fiscalité, mais je propose qu’on arrête de s’intéresser à eux pour marginaliser leur attitude assez infantile. C’est la crise, y a des chômeurs qui souffrent et des retraités à soutenir, une dette présentée comme abyssale à résorber, alors le mec qui se permet de « décider de ne plus produire » par simple calcul personnel doit il mériter les égards du législateur ?

      Vous écrivez aussi

      – le cout des missions communes ne peut excéder durablement la valeur de l’impôt perçu, les sommes empruntées quand cela se produit entrainant un cout supplémentaire.

      Pour info, ce sont les coûts financiers que l’Etat doit assumer depuis 1973 suite à l’interdiction (hallucinante) de se financer auprès de sa propre banque centrale qui ont fait gonfler cette dette, l’Etat devant consacrer ce que lui rapporte l’impôt sur le revenu pour rembourser les intérêts de la dette aux investisseurs privés ! Et je ne parle même pas de l’évasion fiscale..
      http://opinionsopiniez.hautetfort.com/archive/2012/10/31/des-camemberts-pour-clouer-le-bec-des-corbeaux-de-l-aust

      Je comprends tout à fait le courroux qu’entraine une criminalité non réprimée et j’y souscris,

      De quelle criminalité parlez-vous ? je ne crois pas avoir évoqué cela ici.

      Enfin pour ce qui est du gouvernement, je ne prendrai pas sa défense, puisque comme ses prédécesseurs ils ne sont là que pour mettre en musique les mesures énoncées par Bruxelles, seule varie l’enrobage communicationnel.
      D’ailleurs Hollande sermonne Moscovici comme Sarkozy avait incendié Borloo et NKM lorsqu’ils avaient parlé de « taxes » environnement au lieu de parler de « fiscalité » écologique.. (dommage je retrouve pas de dépêche..)

    • 1)

      Ne serait ce pas bien mieux ainsi, si la dépense publique pouvait être nulle ?

      Oui, bien sûr.
      Mais relisez ce que j’ai écrit.
      Ce qu’on reproche à l’Etat, ce n’est pas tant la pertinence ou non de la dépense, mais le fait que ce soit l’Etat qui gère cette dépense. Cela fait 10 ans que la droite était au pouvoir avant le PS. Si des dépenses publiques étaient injustifiées, pourquoi persistent-elles encore ? 10 ans que l’on impose la rigueur, les économies de bout de chandelles et précarité des embauches à tous les ministères.

      Si les dépenses publiques ont augmenté de 4% du PIB en 5 ans, outre les fantaisies sarkozystes, et le généreux renflouement des banques, je pense que c’est essentiellement le fait de la hausse du chômage, qui transfère les revenus privés par les circuits de financement public (les entreprises créatrices de richesses paient moins de salariés directs, et plus de chômeurs via les prélévements de l’Etat). Mais si on peut me démontrer une autre hypothèse, je l’accepterai.

      N’êtes vous pas d’accord avec moi que les dépenses assurées par la collectivité sont relativement « incompressibles », et que lorsqu’on demande la baisse des dépenses publiques, on demande en fait leur privatisation ? C’est tout bénef pour les capitalistes : moins de prélèvements, moins d’impots, et des nouveaux marchés juteux pour investir l’argent qu’ils ne versent plus au fisc... La privatisation des missions de l’Etat, ce sont des missions de service public qui ne sont plus garanties pour les plus pauvres, et du profit pour ceux qui se sont substitués à l’Etat. Bref, juste un classique schéma d’accroissement d’inégalités et hétérogénéité sociale, un retour vers le passé..

      2) le spectre de la fuite des « talents » ne me fait pas peur. Il y en a plein d’autres encore inexploités en France, parmi les 4 millions de chômeurs. Ceux qui veulent absolument s’enrichir au delà d’un salaire décent ordinaire peuvent partir à la City ou aux US, on se débrouillera sans eux.

      3) merci de ne pas utiliser ce genre d’argument (Chouard=Dupont Aignan = Le Pen = anti-Rothshild = antisémite). Vous avez lu le billet de Captain Economic ? Où avez-vous lu qu’il démontre quoi que ce soit ?
      Bien sûr que la loi de Rothshild n’est pas responsable de la soudaine hausse de l’endettement des Etats, consécutive aux chocs pétroliers de 1973 et de la crise qui s’en est suivi. C’est d’ailleurs pour pour la limiter après coup qu’elle a été votée. Non pas à cause d’un risque lié au taux d’endettement, mais uniquement parce que l’inflation qui en découle rendait le coût du pétrole encore plus exorbitant. 1973, c’est avant tout la fin du pétrole « gratuit » pour les pays occidentaux...

      Cette « privatisation de la finance d’Etat » censée contraindre les dirigeants à l’orthodoxie budgétaire ne les a non seulement pas fait progresser, mais en plus elle a aggravé la situation. On ne peut pas balayer qu’une nouvelle dépense inventée de toute pièce dans le budget de l’Etat n’a pas trop aidé au désendettement de celui ici depuis 30 ans. Regardez attentivement les chiffres : on est en crise mais malgré cela 15% du budget de l’Etat est une dépense « immatérielle », une subvention directe versée aux épargnants (particuliers et surtout institutionnels) qui ont courageusement placé leur argent dans un placement sans risque, absolument garanti... Mais on préfère taper sur la gabegie et la paresse des fonctionnaires.

  • Le Conseil d’Etat pourrait abandonner ses « considérant »
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/05/le-conseil-d-etat-pourrait-abandonner-ses-considerant_3457457_823448.html

    Le Conseil d’Etat pourrait abandonner ses « considérant »

    Un article du Monde d’hier rappelle (avec une photo particulièrement inspirée du VP ) à notre bon souvenir les travaux de la commission de réflexion sur la rédaction des arrêts et les 18 propositions que Philippe Martin a faite au Vice-Président Jean-Marc Sauvé.

    On trouve la présentation du rapport sur le site du Conseil d’Etat http://www.conseil-etat.fr/node.php?articleid=2642

    Le rapport lui-même est disponible en ligne http://www.conseil-etat.fr/media/document/rapport_redaction_decisions_juradm_2012.pdf (voir notamment pages 38 et suivantes)

    On en trouve un commentaire détaillé sur un blog en Juin 2012 « Justice administrative – Vers une réforme de la rédaction des jugements ? »
    http://www.blogactualite.org/2012/06/justice-administrative-vers-une-reforme.html
    Citant Semaine Juridique - éditions Administrations et collectivités territoriales, 28 Mai 2012, n°21, pages 2-4

    Cette réflexion est ancienne et on pourra relire avec attention le discours du VP à l’occasion de la célébration des vingt ans du Tribunal de première instance des Communautés européennes, Luxembourg le 25 septembre 2009 http://www.conseil-etat.fr/fr/discours-et-interventions/les-criteres-de-la-qualite-de-la-justice.html (notamment le 5/)

    Toujours est-il que, comme le signale Le Monde, les premières décisions sont parues :

    Par exemple sur Legifrance http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?idTexte=CETATEXT000027724695

    Sur Juricaf, par la requête http://www.juricaf.org/recherche/%22CONSIDERANT+CE+QUI+SUIT+%22/facet_pays%3AFrance on constate que 5 décisions ont été ainsi rendues le 17 juillet, et 6 nouvelles le 25 juillet, toutes par la 10e sous section.

    Idem sur Legimobile : http://legimobile.fr/search?q=%22CONSIDERANT+CE+QUI+SUIT+%22&corpus=fr%2Fjp%2Fa%2Fce

  • De fraîche date
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/08/04/un-nouveau-derapage-de-bruno-gollnisch-fait-bondir-le-ps_3457273_823448.html

    Dans une vidéo postée sur son blog, le député d’extrême droite non-inscrit au Parlement européen s’en prend au député de Seine-et-Marne, « un Français de relativement fraîche date » qui lui fait « penser à ces gens que vous invitez chez vous et qui, une fois qu’ils y ont pris pied, veulent y faire venir un petit peu tout le monde ».

    On est bien dans la tradition…

    Je laisse de côté, pour le moment, les mesures très nombreuses que nous avons prises ou qui sont déjà envisagées pour rouvrir à la France- meurtrie les portes de l’avenir : épuration de nos administrations, parmi lesquelles se sont glissés trop de Français de fraîche date ,…

    Philippe Pétain, Message du 13 août 1940
    http://www.marechal-petain.com/appel6.htm

    Mon père, né en France d’une mère française et d’un père étranger, et donc « français de fraîche date » n’a pu, en 1941, faire des études supérieures que du fait de la bienveillance du directeur de l’école qui n’a pas trop regardé ses antécédents.