Pense-bête

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  • La Nuit Debout par tous les bouts — Des usages du dissensus scriptural
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6844

    Ce petit diaporama du mois écoulé n’obéit à aucun ordre chronologique, il se voudrait flânerie polysémique parmi les murs et les trottoirs en (g)rêve général. Sur la place de la République ou les campus des facs en ébullition partielle (Tolbiac et Paris 8 Saint-Denis), rien d’homogène ni de consensuel, ça va dans plusieurs sens. Pris de cours, les observateurs médiatiques ressorte leurs vieilles binocles manichéistes : d’un côté les gentils idéalistes, de l’autre les méchants iconoclastes. Et pourtant, entre les jardiniers de l’arbre à palabres – souvent empêtrés dans un formalisme démocratique et une commissionite aiguë à l’image des pires modes de gouvernance actuels – et les insurgés du passage à l’acte – souvent obnubilés par l’éphémère coup d’éclat de la geste émeutière qui n’est pas sans effet de miroir (...)

  • Inscriptions murales et purification graphique — Les arts involontaires du nettoyage urbain
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6810

    La fin des années 60 a vu émerger un nouveau type de graffiti, à la bombe de peinture. Cet usage détourné d’aérosols voués aux carrosseries automobiles a révolutionné les écritures murales à partir du printemps 68 et permis l’essor des tags et autres maxi- calligraphies tout au long des seventies jusqu’à aujourd’hui. À moins que l’inventivité n’ait entre-temps changé de bord. Car c’est désormais la lutte anti-graffiti qui, au nom de la salubrité publique et de la civilité urbaine, bénéficie d’une inventivité technologique sans temps mort ni entraves. Source : Pense-bête

  • 30 novembre 2015 « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6773

    Chacun dans son rôle : les Daèchiens dans leur communiqué au triomphalisme rhétorique ; les Autorités françaises dans leur bellicisme cocardier tout aussi rhétorique. Je ne les renvoie pas dos à dos pour m’en laver les mains, ce serait d’un schématisme douteux. Si je parle de « politique du pire » au pluriel, c’est que malgré la confusion cérébrale ambiante (y compris la mienne), il me reste une ritournelle de base : ni avec les identitaires du Califat, ni avec ceux de la Francité de souche. Ni avec les néo-Salafistes d’Orient ni avec les post-fascistes d’Occident.
    Si guerre il y a, elle a déjà deux fronts et je fais partie des otages désarmés qui sont désormais pris en étau, entre le marteau et l’enclume. Nul doute que nous serons bientôt sommés d’opter – faute d’une alternative critique massive occupant l’espace laissé vacant par la défunte gauche – pour un moindre mal néo-réactionnaire face à la montée du « péril migratoire ». Ça nous pend au nez, ce sempiternel chantage démocratique, à force de choisir le moins pire ; et il y a fort à parier qu’un national-populiste, bien-français-sang-pour-sang-pur-porc, finisse par être élu pour combattre la « cinquième colonne » des ensauvagés djihadistes qui nous mineraient de l’intérieur. Et il sera trop tard alors pour s’apercevoir et déplorer que ces frères ennemis de la purification ethnique ou confessionnelle, se réclamant de deux histoires impériales a priori antagoniques, ne font que se toiser, se déclarer la guerre et se singer en miroir.

    #13novembre

  • Du Bataclan au Kurdistan, les victimes n’ont pas de frontière, en dépit de l’État d’urgence et de son repli identitaire
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6773

    Les jeunes Français ou Belges qui ont indifféremment visé tous ceux qui festoyaient non loin de la place de la République appartenaient à la même génération que la plupart de leurs cibles. Et rétrospectivement, le bilan parmi cette classe d’âge aurait pu s’alourdir si, aux abords du Stade de France, les trois bombes humaines avaient attendu la fin du match pour s’exploser au milieu des ados supporters issus des quartiers alentour. Source : Pense-bête

  • Rêverie d’un chômeur solitaire soumis aux aléas de l’Acronymat
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6756

    Perdu dans un dédale éclairé aux néons, un couloir après l’autre, je frappais à chaque porte sans succès, pressé de répondre au Dernier Avertissement Comminatoire (DAC) du Service des Déclarations Frauduleuses (SDF) qui menaçait d’interrompre leur versement mensuel – en l’espèce ma seule ressource d’existence – et, pire encore, d’exiger le remboursement d’un Trop Perçu Abusif (TPA) par un « divorcé inactif en fin de droits », alias moi-même, si je ne fournissais pas sans délais les preuves tangibles que cette Inaptitude à s’Auto-Entreprendre (IAE) n’était point le fruit d’une Mauvaise Volonté Patente (MVP) ou d’un Complément de Revenu Illicite (CRI) dont j’aurais camouflé l’origine, avec le risque infamant d’être incriminé sous le motif d’un Cumul de Bénéfices Indus (CBI). Source : (...)

  • Petit florilège d’affichisme mural, à rebours de la grisaille automnale
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6702

    Depuis que les esthètes pubards & autres créatifs dégriffés tiennent le haut de l’affiche, notre vie quotidienne a pris des allures de biennale d’art conceptuelle low-cost. Impossible d’y réchapper, puisqu’on est tous conviés d’office à parcourir leur musée de la récupération arty. Du matin au soir, nous voilà devenus citoyens-visiteurs de l’accrochage propagandiste de leur force de vente sur papier glacé : natures mortes marchandes, mots d’ordre citoyens et signes de piste culturels. Sitôt sorti de chez soi, on entre dans leur viseur, ciblé en plein dans le mille par leurs encarts XXL en surplomb ou leurs icôneries vitrifiées. Source : (...)

  • Le Street Art dans tous ses états — Graffiti des 46 dernières années… extraits d’une collecte illimitée
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6607

    Les graffiti du printemps 68 ont beau avoir été réifiés en pur folklore patrimonial, le phénomène n’a cessé de proliférer – des seventies à l’immédiat aujourd’hui –, n’en déplaise à ceux qui préfèrent traiter les tags au Kärcher sous prétexte de vandalisme barbaresque. Alors, pour donner à voir la permanence clandestine de ces inscriptions murales sur quatre décennies et demi, on a traqué des bouts de phrases à la craie, au marqueur ou à la bombe in situ dans la rue, mais aussi parmi livres, revues et les rares sites consacrés au Street art prenant en compte la dimension textuelle, malgré l’indifférence manifestée par les pros du Graff pour l’expression textuelle, à rebours du carriérisme de ces milieux arty, obnubilés par le technicolorisme XXL à l’aérosol et la fixette narcissique du blaze territorial. (...)

  • L’insolvable locataire de la rue de Chantilly
    interné par la police & délogé par un huissier - Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6510

    À la mi-mai 2012, l’animateur de radio Jérôme V. – rescapé vingt ans durant d’une kyrielle de CDD sur la bande FM et d’une ultime rupture de contrat en CDI jetable – s’est retrouvé incapable de payer le loyer de son studio en rez-de-chaussée du 1 de la rue de Chantilly (Paris IXe). En attendant l’issue du procès au Prud’homme contre son dernier employeur, il décidait alors de rompre le cercle vicieux de la survie : annonçant par voie d’affiche sur sa porte qu’il ne payerait plus son loyer tant qu’il n’aurait pas retrouvé un revenu décent.

    Lundi dernier, alors que Jérôme V. s’était une nouvelle fois rendu au commissariat de la rue Chauchat (Paris IXe) pour signaler les menaces de riverains hostiles, on lui a fait comprendre qu’il était surtout une menace pour lui-même, bref que son attitude suicidaire nécessitait une mise en observation à l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture. Il y a passé 48 heures à l’isolement. Et jeudi 18 juin au matin, retrouvant sa précaire liberté, il a vite déchanté, une fois retourné chez lui : façade nettoyée et porte close.

    Entre-temps, l’huissier mandé par le syndic n’avait pas chômé, profitant de la mise à l’écart du contrevenant pour faire place nette et changer les serrures. Et au terme de cette expulsion médico-légale, une vague promesse de relogement très provisoire en hôtel meublé. Comme pour ses infortunés semblables, les réfugiés de la Chapelle, invisibilisés manu militari. Aux dernières nouvelles, ce SMS envoyé par Jérôme à ses rares soutiens, comme une bouteille à la mer…

    #logement #expulsions

  • Grève des loyers, un journal mural (suite) — L’insolvable locataire de la rue de Chantilly interné par la #police & délogé par un huissier. « Pense-bête - Archyves
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6510

    Lundi dernier, alors que Jérôme V. s’était une nouvelle fois rendu au commissariat de la rue Chauchat (Paris IXe) pour signaler les menaces de riverains hostiles, on lui a fait comprendre qu’il était surtout une menace pour lui-même, bref que son attitude suicidaire nécessitait une mise en observation à l’infirmerie psychiatrique de la Préfecture. Il y a passé 48 heures à l’isolement. Et jeudi 18 juin au matin, retrouvant sa précaire liberté, il a vite déchanté, une fois retourné chez lui : façade nettoyée et porte close.

    Entre-temps, l’#huissier mandé par le syndic n’avait pas chômé, profitant de la mise à l’écart du contrevenant pour faire place nette et changer les serrures. Et au terme de cette expulsion médico-légale, une vague promesse de relogement très provisoire en hôtel meublé. Comme pour ses infortunés semblables, les réfugiés de la Chapelle, invisibilisés manu militari. Aux dernières nouvelles, ce SMS envoyé par Jérôme à ses rares soutiens, comme une bouteille à la mer…

    #logement #loyer #psychiatrisation #expulsion

    • Une cagnotte de solidarité pour un bénéficiaire du Droit au logement mis à la rue par l’Etat, via @paris
      https://paris-luttes.info/sauver-un-dalo-mis-a-la-rue-par-l-3627

      Durant 1123 jours, il a tenu le journal de ses démarches pour retrouver ses droits... Mais voilà... Le mercredi 17 juin 2015, il a finalement été expulsé, en son absence, de son logement !
      Après quelques jours d’hébergement par le #115, il est aujourd’hui sur le trottoir ! Il pourrait ne pas y rester, car il a trouvé en province une petite maison à louer. Seulement voila, pour y emménager, il faut des sous. Rapidement. Pour retirer les meubles placés en garde-meubles par l’huissier, payer un mois de loyer et la caution, louer un petit camion, réparer sa voiture...

      Bref, au final pas tant que ça, environ 2000 euros, mais c’est pour FIN JUILLET 2015 !!!

      Alors voila, quand l’État expulse un #DALO, seule la solidarité demeure peut éviter à Jérôme de devenir [rester, ndc] un sdf...Si vous souhaitez l’aider, vous pouvez participer à la #collecte et/ou la faire circuler auprès de vos contacts.
      Pour le reste, dès qu’il aura une connexion digne de ce nom, Jérôme vous dira lui-même, j’en suis sûre ce que chacun peut faire.

      Soutenons Jérôme pour que son histoire et son combat, ne sombrent pas dans les oubliettes jusqu’à ce qu’il devienne un sans-abri de plus. Soutenons-le pour réparer, grâce à la solidarité spontanée, au plus vite les « erreurs » commises par l’administration.

      Merci pour lui !

      P.-S.
      Grâce à la cagnotte en cours, la voiture de Jérôme est désormais réparée. Il a visité aujourd’hui la petite maison dénichée dans l’Indre : les propriétaires demandent un mois de caution qui sera payé demain. Reste à régler 1 mois de loyer (350 €), le garde meuble (environ 700 euros à ce jour + 20 € par jour), le déménagement (environ 300 € camion et essence) et les divers abonnements aux fournitures d’énergie ainsi que quelques menus frais d’aménagement (environ 200 €).
      Il ne manque à ce jour que 975 € !

      #expulsion #solidarité #exil

  • L’escroquerie à l’endettement — spams & mirage du prêt étudiant. « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6479

    D’ordinaire remplie d’arnaques pyramidales sous pseudo, chaînes de la bonne (in)fortune ou ventes de viagra XXL, ma boîte mail croule depuis un mois sous les spams proposant un douteux #crédit revolving pour pigeons estudiantins endettés jusqu’au cou… enfin, jusqu’au coup de bluff spéculatif suivant. Pour preuve, le tas de courriers indésirables ci-dessous.

    Histoire de brouiller les pistes, ces spams démultiplient leur « objet » sous de subtiles variantes : Are You Struggling with StudentLoanDebt ?, Are You Unable to Pay Your StudentLoans ?, Can You Reduce StudentLoans ?, Find out How You Can Reduce your StudentLoan Payments, Get Help with StudentLoans Now…Dans un but unique, trouver les naïfs qui contacteront ce numéro de téléphone miracle pour leur offrir un crédit revolving étalé dans le temps et renouvelable, bref une vraie-fausse solution à taux usuraire. Mais comment se plaindre de cette escroquerie en bout de chaîne, puisqu’elle n’est que l’aboutissement logique d’un principe initial : l’endettement forcé qui ont ont déjà pris en traitre des millions de jeunes adultes scolarisés sur l’ensemble du continent américain (du Chili au Canada). Quelques éléments comptables pour prendre la mesure du problème : aux États-Unis, ils sont aujourd’hui 40 millions à avoir souscrit un prêt #étudiant qui s’élève à 30 000 dollars en moyenne.

    Et comme, depuis un quart de siècle, les frais de scolarité y ont augmenté de 440% (sur le dos des contractants), la bulle spéculative du crédit étudiant made in USA atteint les 1160 milliards de dollars. D’où les faillites personnelles en masse pour ceux qui osent rater leurs examens, changer de filière ou ne pas bosser 365 jours par an le reste de leur vie, insolvabilité qui se cumule avec le poids de l’endettement lié aux frais de santé.

    À l’heure où les commissaires du Marché européen tentent d’imposer aux retraités grecs, ces insolvables dépensiers, le passage du minimum vieillesse à 320 euros, sous le seuil de pauvreté donc, on comprend que, que d’un bout à l’autre de la planète, le régime de la #dette nous conditionne… de vie à trépas, de la fac à la maison de retraite, et bientôt de la GPA aux soins palliatifs.

  • Après le meurtre policier de Freddie Gray à Baltimore – l’iconographie sélective des médias français en technicolor
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6441

    Suite au passage à tabac de Freddie Gray dans une fourgonnette de police, jusqu’à sa mort dite « accidentelle », le 12 avril dernier, les obsèques ont donné lieu à une violente émeute, suivie de nombreuses manifestations, sur place et dans diverses villes des Etats-Unis. Un bon marronnier pour les médias français : Obama au prise avec la « fracture racial ». Du Figaro au Monde en passant par 20 minutes ou l’Obs, l’expression fait fureur dans les titrailles de couverture : « fracture racial ». Avec sa variante mimétique en une de Libération : Source : Pense-bête

  • Le pseudo-complot sataniste des Illuminati — Deux siècles d’irrésistible mondialisation d’une mystification à la con (1797-2015). « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6278

    À l’origine de cette #légende, un #fait établi : l’Ordre des #Illuminati a bien été fondé en 1776 dans le duché de Bavière (à dominante catholique alors que l’Allemagne du Nord était luthérienne) par l’ancien élève des Jésuites & juriste à la Faculté d’Ingolstadt Adam Weishaupt (1748-1830). En soi, le phénomène n’a rien d’original. Depuis le début du XVIII siècle, à travers toutes les villes d’Europe, des universitaires, scientifiques, philosophes ou notables, épris d’un rationalisme « éclairé » et d’une quête éthico-spirituelle hétérodoxe, créent des sociétés et confréries plus ou moins secrètes pour propager leurs idées sans subir les interdits professionnels et autres emprisonnements arbitraires à la demande du clergé. Leur clandestinité répond d’abord à la brutalité répressive d’un ordre moral théocratique, même si chez certaines Loges de la franc-maçonnerie cette dissimulation obligée s’accompagne d’un goût ésotérique pour les rituels d’initiation, d’un cloisonnement pyramidal et de signes de reconnaissance symboliques.(...)

    C’est juste après les attentats du #11 _septembre_2001, que toutes les légendes démoniaques touchant à l’emprise mondiale d’une seule et même société secrète trouvent leur synthèse dans le méta-complot Illuminati. Côté évangélistes d’ultra-droite, via la caisse de résonance du Net ou des télés privées, leur propagande prend une ampleur considérable, s’appuyant entre autres sur les signes de connivences qu’échangeraient ces maîtres du monde ainsi que les images subliminales obscènes introduites jusque dans les dessins animés de Disney.

    Côté scène Hip Hop, on observe une prolifération d’une obnubilation similaire en rumeurs incontrôlables. La plus prégnante concerne le rappeur 2Pac (fils d’une militant des #Black_Panthers) qui aurait été assassiné en septembre 1996 par les sbires de ladite Loge satanique pour avoir projeté d’intituler son album Killuminati. Au milieu des années 2000, une mutation s’opère. Ce sont désormais des stars du Rap ou R&B qui sont accusées, via interviews ou réseaux sociaux, d’être les marionnettes manipulées par leurs maîtres restées dans l’ombre (autrement dit, des Noirs ayant vendus leur âme à l’élite « judéo-maçonnique » blanche, mais sans prendre ni le risque ni la peine de le dire, comprend qui peut…). A tel point que le mouvement des Five Percenters est lui-même suspecté d’être une confrérie à la solde de ses frères ennemies. Parmi les cibles privilégiées de ces règlements de compte en cascades : Jay-Z, Beyoncé ou Rihana, ceux-ci n’hésitant pas à mimer exprès certaines gestuelles sataniques pour faire le buzz… Comme si les bobards ad hominem n’étaient plus ici que le prétexte à mettre en scène leur rivalité et agrémenter leur showbizness d’un storytelling fort rentable. On objectera qu’il ne s’agit plus là que d’un storytelling ludique où les Illuminati jouent le rôle d’Anti-Héros de pacotille, à l’image de leur frères ennemis les Super-Heros des Comics Marvel.

    Il n’empêche, que des millions de jeunes groupies du monde entier se familiarisent avec cette forme de #scepticisme-là – une méfiance envers le discours dominant des médias aussitôt retournée en hypothèse complotiste –, fait froid dans le dos. Ces racontars juvéniles ont beau, la plupart du temps, être déconnectés de leur background idéologique d’origine, – une Secte « judéo-maçonnique » à l’emprise mondialisée –, cette coquille presque vide produit son effet dévastateur : le dévoiement de toute conscience politique, remettant en cause l’ordre social, la propagande de tel ou tel Pouvoir institué, par l’esprit a-critique d’une fixette paranoïaque.

    D’autant que la jonction entre les argumentaires de #conspirationnistes de l’#extrême-droite évangéliste et les dérivatifs Killuminati de la contre-culture Hip Hop est toujours possible. En puisant, par exemple, à la source des mêmes best-sellers, ceux de Dan Brown, de Anges et Démons (2000) à Da Vinci Code (2003), surfant sur l’ambigu fil du rasoir de l’authentique révélation documentée et de la pure fiction, pour brouiller les pistes et diffuser de pernicieuses contre-vérités historiques.

    Autre cas de jonction, plus alarmant encore, quand le scénariste animateur-radio Alex Jones, figure de proue du mouvement Tea Party et climato-sceptique accusant l’État fédéral de planifier un eugénisme à l’échelle planétaire, reçoit dans son émission-vidéo PrisonPlanet.com, diffusée sur le Web, le rappeur KRS-One, lui suggérant que le président Obama et lui aussi une « puppet of the New World Order », alias les Illuminati, thèse reprise par le Professor Griff de Public Ennemy ou par le chanteur américano-péruvien du groupe Immortal Technique. Jusqu’à ce que, par retour de flamme du délire paranoïde, ce même Axel Jones soit dénoncé sur la Toile comme un « #juif_caché » et « agent provocateur » manipulé par les Illuminati.

    Et la scène française n’a pas été épargnée par cette résurgence du message idéologique anti-« judéo-maçonnique » dans le phrasé a priori émancipateur dudit « rap conscient ». Il n’y a qu’à voir le véritable délire antisémite de la chanson « Illuminazi 666 », produite en 2008 par un ancien membre du groupe Assassin, sous son nouveau blaze, Rock’n squat, alias Mathias Cassel, frère de l’acteur et pote de Mathieu Kassovitz :

    « Ils sont tous impliqués dans ces sociétés secrètes / John Kerry, George Bush, Tony Blair, Elysabeth / Grande Patronne du trafic d’opium / Illuminazi 6.6.6., le mensonge démasqué dans mon mix, mix ,mix / Y a pas de guerres que des bénéfices, les bankers, les cartels 6.6.6. / Skulls & Bones pratiquent des rites sataniques / Vénèrent Jabulon le nom de diable pour les juifs, / Magog est le nom de George Bush dans leurs rites / c’est le nom de l’armée de Satan, aïe aïe y a un hic ! »

    Ce cas demeure sans doute assez isolé, mais le virus dormant de la rumeur peut aussi profiter à d’autres cinglés.

    Arrêtons-nous là, sous peine de surestimer le nombre des adeptes identitaires, d’où qu’ils viennent, de cette idéologie du soupçon ciblé (ou de sombrer comme P.-A. Taguieff dans le délire néo-complotiste contre le péril « gauchisto-islamiste »).
    Reste que la vigilance est plus que jamais nécessaire – comme le dossier « Complot partout, révolution nulle part », du journal CQFD de décembre 2014 le soulignait – face à la contamination de la pensée critique contemporaine par les pires #contrefaçons_du_discours_contestataires. Un dernier coup d’œil du côté du Street Art suffit à montrer comment la dénonciation orwellienne d’un Big Brother totalitaire d’hier & de demain peut virer, à son insu ou pas, du côté d’une imagerie ésotérico-fascisante.

  • Ne laissons pas la rue à Vichy pirate et au CAC 40. Marche contre les violence et l’impunité policière policières à Montreuil.

    Après les centaines d’arrestations de l’automne, les manifs interdites et les condamnations qui ont suivi la mort de Rémi Fraisse, après la messe oecuménique du 11 janvier, ses surenchères patriotiques, ses embrassades et applaudissements à la #police, ses doutes irrépressibles aussi, ce serait pas mal de relayer les infos sur les mobilisations contre les violences policières (à Toulouse et Nantes du 16 au 21 février ...) et sur la marche organisée à Montreuil, ce samedi à 14h30, départ du lycée Jean Jaurès, au début de la rue Dombasle, M° Mairie de Montreuil.


    http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=7576

    Mémoires du présent, flashback contre flashball — « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=2609

    A Montreuil, on a aussi vu fleurir des affiches appelant à « désarmer la police ». Programme minimum qui nous renvoie 40 ans en arrière, début mars #1971, quand le quinzomadaire #TOUT proposait déjà de leur renvoyer la balle, aux flics, sous ce mot d’ordre désarmant de simplicité : « Surveillons la police ! »

    Quelques semaines pluts tôt, le 9 février, lors du #manifestation non-autorisée du Secours Rouge, place Clichy, un certain Richard Deshayes, membre du groupe VLR, et co-fondateur du Front de Libération de la Jeunesse, s’était pris un tir tendu de « lance-patate » [fusil propulseur de grenades lacrymogènes] en plein visage. Lui aussi allait y perdre un œil.(...)

    Et la phrase fétiche de Richard de recouvrir à la bombe les murs :
    Nous ne sommes pas contre les vieux,
    nous sommes contre ce qui les a fait vieillir !

    Avec une guitare et un fusil, en lieu et place de la faucille et du marteau.

    #impunité_policière #archive #icono #tracts #journaux

  • Communistes révolutionnaires contre Illuminati
    http://www.parismatch.com/Actu/Insolite/Les-communistes-revolutionnaires-s-attaquent-aux-Illuminati-692916
    C’est pas exactement courant de signaler un article de Paris Match. Mais celui-ci vaut le détour : la recension d’une brochure anti-conspis.

    Garap, un groupe communiste révolutionnaire propose un guide d’auto-défense intellectuelle contre la théorie du complot illuminati, politisé mais efficace.

    La brochure développe six arguments simples et percutants capables de retourner comme une crêpe n’importe quelle classe d’ados nourris aux délires du rappeur Rockin Squat (voir sa vidéo ci-dessus : "Le pouvoir secret") et aux divagations de Dieudonné. La démonstration aboutit à cette conclusion imparable : les théories du complot sont avant tout des écoles de la résignation : « Ceux qui défendent de telles théories ne proposent aucune stratégie, aucun plan, aucune issue prévue ou souhaitée pour les millions d’opprimés sur la planète. Si l’ennemi est tout-puissant et que la majorité est dupe de sa puissance, alors on ne peut rien entreprendre contre lui. Tout ce que les complotistes peuvent faire – et ce qu’ils font – c’est de continuer à parler inlassablement de conspiration tout en plaignant les personnes qui se font sempiternellement laver le cerveau à leur insu. »

    Et ce témoignage inquiétant d’un prof, tiré d’un article de Slate :

    De son côté, Guilhem Cassagnes a corrigé des copies du bac histoire 2012 en série ES, où une étude de documents portait sur le 11-Septembre. Et en a tiré cette statistique inquiétante : sur les 120 copies qu’il a corrigées, environ 80 mêlaient théories du complot et Illuminati. « Il n’y avait pas d’Histoire », se souvient-il, laconique. Aucune analyse historique des faits, rien que de la paraphrase des documents, « et l’analyse historique, c’était que le 11-Septembre était un mensonge des Illuminati ».

    Présentation de la brochure, traduite d’un texte anglais :
    http://garap.org/communiques/communique35.php
    http://1.1.1.2/bmi/garap.org/images/communiques/garap-illuminati-cover.jpg

  • Victimes et profiteurs collatéraux
    du massacre ciblé de Charlie Hebdo —
    Quelques réflexions sur les événements en cours.], 12 janvier 2005 « Pense-bête
    http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6238

    Pour ma part, je veux bien rire aux larmes ou pleurer les morts, mais pas en n’importe quelle #compagnie. C’est pourquoi, j’ai manifesté hier, sans porter de sticker, ni d’affichette #JeSuisCharlie, mais en brandissant sur un modeste écriteau de carton ce programme minimum : « CONTRE TOUS LES FASCISMES, DJIHADISTE OU LEPÉNISTE. » Qui m’a d’ailleurs valu les sourires amicaux de beaucoup et une légère désapprobation entrevue dans le regard de certains. Désolé donc, mais il sera difficile (et dangereux) de nous contenter longtemps de ce #degré_zéro_de_l’énonciation (#JeSuisCharlie) qui, il faut bien nous l’avouer, est à l’image d’une #dépolitisation alarmante des consciences. Derrière l’unanimisme émotionnel, chacun devra bientôt se rappeler que nos propres fanatiques identitaires sont là, en embuscade, à la périphérie mentale du Front National, prêts à tout pour surfer sur cette vague d’indignation, et qu’il est urgent de s’en dissocier dans la rue et dans les têtes.

    • 22 septembre 2012, Misère et décadence de l’esprit satirique,
      Charlie Hebdo et son fonds de commerce — De l’autodérision subversive à sa monomanie caricaturale. Pense-bête
      http://www.archyves.net/html/Blog/?p=3551

      En schématisant, on pourrait dire que cette feuille de choux se payait la gueule des « beaufs » tout en assumant sa part de beaufitude. Non pas sous la forme d’un exutoire phobique, mais d’un défouloir auto-sarcastique, qui permettait d’exagérer les pires préjugés (y compris racistes ou sexistes) qui peuvent traverser la tête de chacun d’entre nous, tout en en faisant la critique radicale. Le ressort paradoxal de cette caricature-là n’épargnait personne, mais en commençant toujours par soi, c’est-à-dire par le rapport ambivalent qu’entretient le comique avec les travers qu’il dénonce chez autrui. Il englobait ses contradictions intérieures au sein même de sa charge assassine.(...)

      Et cette semaine, Charlie remet le couvert, en nous jouant la même comédie de la « liberté d’expression ». Pourtant, ils auraient pu tirer quelques leçons du feuilleton précédent, mais non. Le scénario se rejoue à l’identique, six ans plus tard, un deuxième numéro spécial Mahomet (cul à l’air, toujours), dans le sillage, cette fois, d’une vidéo étazunienne conçue par des #évangélistes d’#extrême-droite. Et là, les collaborateurs de Charlie auront beau prendre leurs airs de vierges effarouchées, ça ne prend plus. Qu’ils se fassent leur coup de pub, mais pas au nom de l’émancipation des peuples. Leur mauvaise foi anticléricale a bon dos, ça sent le remake à plein nez, et le #cynisme_boutiquier.
      Le printemps arabe est pourtant passé par là, ouvrant d’autres issues à la subversion des conservatismes tyranniques et des traditions obscurantistes de l’autre côté de la méditerranée. Rien à foutre chez Charlie, tous dans le même sac. Et d’agiter encore le chiffon vert de l’islam, sans s’inquiéter des retours de flammes, ou pire encore, en espérant que cette prophétie catastrophiste aura des vertus auto-réalisatrices : la preuve que les barbus salafistes sont à nos portes, c’est qu’ils priaient sur la place de la Concorde samedi dernier, même s’ils n’étaient que 180. Encore un petite provoc, et ils seront dix fois plus.