l’effort louable de John Kerry

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  • Admirable tour de passe-passe du Monde (éditorial non signé) : on commence par « Israéliens et Palestiniens » – « qui n’ont jamais eu autant besoin de parvenir à un accord » –, pour tout de suite passer à « ils ». Sauf que ce « ils » ne concerne très clairement que les Israéliens : « isolés dans une région… », « chaos syrien », « Israël observe avec inquiétude… », « paix signée avec Sadate », « programme nucléaire iranien ». Et finalement, dans le dernier paragraphe, « ces deux menaces » (qui ne sont des « menaces » que pour Israël), « sans compter » le « programme nucléaire iranien » (qui n’est lui encore qu’une menace pour Israël) devraient « inciter Israéliens et Palestiniens »…
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/08/13/proche-orient-l-effort-louable-de-john-kerry_3460772_3232.html

    Aussi mince soit-elle, la promesse des discussions qui s’engagent n’est pourtant pas nulle. Pour une raison simple : Israéliens et Palestiniens n’ont, peut-être, jamais eu autant besoin de parvenir à un accord. En effet, ils sont chaque jour plus isolés dans une région emportée par le tourbillon des révolutions arabes et minée par des conflits autrement meurtriers, à commencer par la guerre entre chiites et sunnites.

    Le chaos syrien, dont nul ne sait désormais quand il s’apaisera, a chassé des dizaines de milliers de Palestiniens vers le Liban et la Jordanie, déjà débordés par cet afflux de réfugiés. Cette guerre civile a conduit, pour la première fois depuis 1973, à des tirs sur le plateau du Golan annexé par Israël, et l’usage en toute impunité d’armes chimiques telles que le sarin par le régime de Damas. Plus au sud, Israël observe avec inquiétude les convulsions de son voisin égyptien et la plongée dans l’anarchie de la péninsule du Sinaï, sans savoir si la paix signée en 1979 par Anouar El-Sadate y survivra.

    Ces deux menaces, sans compter celle d’une catastrophe de plus grande échelle encore avec le programme nucléaire iranien, devraient, à elles seules, inciter Israéliens et Palestiniens à un minimum de sagesse, en se dotant de voisins sûrs et de frontières stables. C’est le mérite de John Kerry de les en avoir, si peu que ce soit, convaincus. C’est désormais leur responsabilité de saisir cette chance.

    La logique très claire de cet éditorial devrait interdire d’y intégrer le partie « et Palestiniens ». Ça ne parle que des lubies israéliennes, et à aucun moment des intérêts ou préoccupations palestiniennes. Je te suggère cet exercice : là où le Monde écrit « Israéliens et Palestiniens », lis « les Israéliens » ; tu vas voir, ça devient beaucoup plus cohérent et tu te rends compte que le mot « Palestiniens » n’est là qu’une formule rhétorique d’une inélégance crasse.

    Le Monde est de ces gens horripilants qui parlent de toi en ta présence, mais en faisant comme si tu n’étais pas présent dans la pièce…