Tom Gabel « Anna Is A Stool Pigeon »

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  • Comment survivre et résister dans les quartiers de haute sécurité
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    Pour moi, la chose la plus importante qui m’a permis de survivre à mes nombreux passages en #isolement a été le refus de renoncer au #pouvoir ! Je veux dire : toujours garder à l’esprit à quoi sert l’isolement – c’est-à-dire se souvenir de ce que l’État essayer de faire en me mettant là, et donc d’utiliser mes capacités de compréhension pour résister à leurs plans. Cela veut dire notamment :
    1- Me faire un programme quotidien, plutôt que de laisser les gardes décider de mes journées.
    2- Avoir des emplois du temps différents et les utiliser alternativement, afin d’éviter que les jours se ressemblent ; savoir quel jour on est et la date exacte.
    3- Utiliser les signes extérieurs, comme les changements de luminosité, les changements de service, les bruits venant de l’extérieur de ma cellule, pour garder une idée du temps. Les premières semaines, j’avais noté tous les bruits ou les occurrences objectives, puis après je demandais aux gardes l’heure qu’il était.
    4- Développer plusieurs formes d’exercice pour différents jours et différents états de forme physique. Une des techniques de contrôle utilisées dans les détentions où j’ai été est d’enlever ou de retarder le temps d’exercice. Puisque l’exercice était une façon très importante pour moi de contrôler ma colère afin que je ne devienne pas énervée ou stressée, c’était crucial pour moi de ne pas les laisser faire ça. J’ai appris le yoga et j’ai fait de la musculation, et je courrais quand j’avais la possibilité d’aller dans la cour.
    5- Développer des activités créatives qui me permettent d’admirer ma propre créativité humaine – par exemple dessiner, écrire, fabriquer des choses avec de la récup’, etc. ça m’a aidé de me rappeler que ma place dans l’univers est celle d’un être humain sensible, aimant et créatif, et non d’un animal encagé. (c’est pour cela que de très nombreux prisonniers arrivent à faire des dessins incroyables avec des stylos billes !)
    6- Apprendre quelque chose – entreprendre d’étudier quelque chose et faire marcher son cerveau afin qu’à chaque transfert je puisse constater que j’ai progressé plutôt que l’inverse.
    7- Écrire des lettres – trouver des correspondant-e-s si besoin ; avoir une communication active avec l’extérieur.
    8- Pour moi, en tant que créature politique, il était essentiel d’être abonnée à un grand journal (j’ai ensuite réussi à le partager clandestinement avec une autre prisonnière). J’avais la chance d’avoir des ami-e-s qui me l’envoyaient. Je me demande si la Campagne pour arrêter les quartiers d’isolement ne pourrait pas réunir assez d’argent pour payer des abonnements à des hebdomadaires – Time ou Newsweek, ou à un quotidien ou à un hebdomadaire correct – pour les personnes à l’isolement ? Dans les prisons pour femmes et dans la plupart des quartiers d’isolement, l’accès aux médias est réduit.
    9- J’ai combattu pour chaque parcelle de ce que j’étais supposée avoir « droit à » selon les lois. C’est dur de ne pas être pleine de colère et de frustration quand on se bat ainsi, c’est pour ça qu’il m’arrivait d’écrire une lettre enragée à un gardien ou à quelqu’un d’autre, où je disais tout ce que je voulais, puis de la déchirer. C’était assez thérapeutique.