• ÉGYPTE : Arrêtons de diaboliser les Frères musulmans, The Guardian/Courrier international
    http://www.courrierinternational.com/article/2013/08/17/arretons-de-diaboliser-les-freres-musulmans?page=all

    Parmi ceux qui appellent de leurs vœux un retour à l’ère qui a précédé la révolution du 25 janvier 2011 et la chute d’Hosni Moubarak [le 11 février 2011], il n’y a pas que le haut commandement militaire, le ministère de l’Intérieur, les services de sécurité et la police. Il y aussi, et c’est un point crucial, la justice et les médias d’Etat. Ces différentes coteries ont activement œuvré, en coordination, pour entraver le bon fonctionnement de l’Etat .

    A cela s’est ajoutée une pernicieuse campagne de calomnie et de diabolisation du parti au pouvoir, les Frères musulmans . Les campagnes de propagande les dénonçant ont toujours fait partie du paysage sous les dictatures égyptiennes, de Nasser à Moubarak, soucieuses d’affaiblir cette organisation qui était la principale menace pesant sur le régime. Mais l’opposition laïque et progressiste, qui s’est révélée incapable de séduire une frange assez large de l’électorat, a préféré ruer dans les brancards plutôt que de s’impliquer vraiment dans le processus politique, d’accepter les résultats et de faire campagne en vue des prochaines élections.

    L’armée et cette opposition à Morsi étaient donc vouées à former une alliance de circonstance, avec au moins l’assentiment tacite des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, pour renverser par des moyens anticonstitutionnels le gouvernement élu. La rue serait donc la solution, puisque le processus électoral n’avait débouché sur le résultat désiré. Cela s’est fait grâce à une campagne millimétrée qui, si elle a bien bénéficié d’un authentique soutien populaire, a été orchestrée par le ministère de l’Intérieur et l’armée .

    (...) Pour certains, toute l’ironie de la situation réside dans le fait que c’est le camp islamiste qui défend la légitimité des urnes et un régime civil.

    Durant l’année que le gouvernement élu a passée au pouvoir, certains ont affirmé que les urnes ne suffisaient pas et que Morsi n’était pas assez rassembleur, mais il n’en reste pas moins que l’isoloir est un élément essentiel du processus démocratique. Sur le plan politique, ce qui a fait défaut à l’Egypte pendant cette expérience de démocratie, c’est une opposition respectueuse des principes électoraux. Au lieu de cela, l’opposition qui s’est rassemblée sous la tutelle du Front du salut national a décidé de soutenir un coup d’Etat militaire.

    Sur le sujet : « Les élections, l’Egypte et la démocratie », par @alaingresh http://blog.mondediplo.net/2013-07-08-Les-elections-l-Egypte-et-la-democratie

    « L’argument revient en boucle, à propos de l’Egypte : les élections ne signifient pas la démocratie. Cela est tout à fait vrai, et en France nous en savons quelque chose. Le 29 mai 2005, par une majorité de près de 55 % des voix, le peuple français a rejeté le traité instaurant une Constitution pour l’Europe. Malgré ce choix clair, le traité a finalement été imposé. En mai 2012, à la suite d’une longue campagne présidentielle, le peuple français a élu François Hollande à la fonction suprême ; résultat, sa politique est à l’exact opposé de ses promesses et de son programme.

    Ainsi donc, les élections ne signifient pas la démocratie. Mais peut-on imaginer une démocratie sans élections, une démocratie qui piétine les élections ?

    On invoque souvent le fait, pour l’Egypte, que le peuple se serait exprimé dans la rue et que le président Mohammed Morsi aurait perdu sa légitimité. (...) Les responsabilités de Morsi sont écrasantes dans la crise actuelle. Mais l’argument de la perte de légitimité est dangereux, comme celui qui invoque les risques pour la stabilité du pays. (...) Mettre à bas les règles constitutionnelles, quelles que soient les raisons avancées, est toujours périlleux. »

    A lire dans le @mdiplo actuellement en kiosque : « En Egypte, la révolution à l’ombre des militaires » (Alain Gresh) http://www.monde-diplomatique.fr/2013/08/GRESH/49563

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