Le Liban tremble sous les secousses du conflit syrien - Libération
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Au lendemain de l’attentat de tripoli, Jean-Pierre Perrin dans Libération développe une analyse exactement symétrique de celle citée par Scarlett Haddad dans l’OJ (cf.▻http://seenthis.net/messages/167411 @nidal ), qui est également celle du Hezbollah (▻http://seenthis.net/messages/167384 @nidal itou), sauf que l’on retrouve, en grand manitou de la violence interconfessionnelle, la Syrie de Bachar en lieu et place de Bandar.
La colère a ensuite saisi une partie des habitants des quartiers touchés, qui ont accusé le régime syrien et le Hezbollah d’être derrière la double attaque. « Nous sommes au début d’une tempête, nous devons en être conscients et essayer de protéger la nation. Cette tempête est devenue un immense et grave danger », a déclaré de son côté Ashraf Rifi, l’ancien chef des Forces de sécurité libanaises (FSI, l’équivalent de la gendarmerie), dont la maison à Tripoli a été ravagée par le second attentat.
Si la double explosion permet de détourner l’attention internationale, elle apparaît aussi comme « une réponse du berger à la bergère », pour reprendre l’expression d’un politologue franco-libanais, étant survenue huit jours après l’attentat de Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Le lendemain, le chef suprême du parti de Dieu, Hassan Nasrallah, avait accusé les partis sunnites radicaux d’être impliqués et s’était déclaré prêt à aller combattre personnellement en Syrie les extrémistes musulmans. L’attentat apparaît dès lors comme une riposte. Une sorte d’équilibre par la terreur.
Haine. Mais rien n’est jamais simple à Tripoli. Selon une source sécuritaire libanaise, le périmètre de Roueiss, où la voiture piégée a explosé, était au cœur de la forteresse ultrasécurisée du Hezbollah, le complexe Sayyed al-Chouhada, l’endroit même où Nasrallah a prononcé la plupart de ses discours. Et quand on sait à quel point la sécurité est obsessionnelle pour le Hezbollah, confronté à des menaces israéliennes permanentes, et les mesures draconiennes qu’il prend, on se demande comment les groupuscules sunnites jihadistes qui, au Liban, ne représentent une force ni organisée ni importante, ont pu mener à bien une opération aussi complexe. D’où l’hypothèse que l’attentat, revendiqué par un groupe sunnite inconnu, les Brigades d’Aicha, a pu être commandité par Damas, même s’il a frappé le fief de son allié. La raison : aggraver la haine entre sunnites (largement acquis à la rébellion syrienne) et chiites (favorables au régime alaouite, une secte issue du chiisme), et faire déborder ainsi la guerre syrienne au Liban. C’est un des objectifs déclarés d’Al-Assad, et il l’a plusieurs fois répété. C’est donc la stratégie du pire que le régime syrien entend développer au pays du Cèdre. La crainte concerne à présent le secteur chrétien du Liban qui pourrait être à son tour frappé par des attentats. Pour précipiter encore un peu plus le pays dans la guerre.