• Chouette article sur la XVIIe chambre du TGI de Paris (presse et libertés publiques), ses ténors, ses abonnés, ses débats qui durent des heures pour de bonnes ou de petites raisons.

    « Emilie et Léo, écrit le juge, sont deux intrépides aventuriers de la médiatisation télévisée ayant illustré les meilleures heures du programme de télé-réalité intitulé par antiphrase Secret Story, où il n’y a ni secret ni histoire, mais où le téléspectateur finit par s’attacher aux créatures qu’il contemple, comme l’entomologiste à l’insecte, l’émission ne cessant que lorsque l’ennui l’emporte, ce qui advient inéluctablement, comme une audience qui baisse. Alors, sevrés du programme télé qui s’achève, les aficionados se ruent sur les gazettes, sûrs qu’elles sauront entretenir aussi durablement que possible le feuilleton du rien, passion toujours inassouvie des sociétés contemporaines. Les cobayes, trop heureux de voir quelques flashes qui crépitent encore, et désormais adeptes de l’exposition de soi, courent de l’une à l’autre, comme un canard sans tête, accordant interviews ou posant pour des photos. »

    http://abonnes.lemonde.fr/le-magazine/article/2013/11/29/17e-chambre-un-tribunal-tres-mediatique_3521728_1616923.html

    #justice #presse #télévision

    • Pas mal de perles :)

      Il est loin le temps où Me Leclerc ferraillait contre un procureur acharné à obtenir la condamnation, voire la mort, du journal Libération en poursuivant pour « incitation à la débauche » les petites annonces provocantes et salaces qui, dans les années 1970, faisaient le succès du tout jeune quotidien. Face à des juges figés dans l’indignation, l’avocat avait alors pris un malin plaisir à lire et relire quelques-uns des textes les plus crus en lançant : « Ce qui vous gêne, Messieurs, ce n’est pas d’attirer l’attention sur la débauche, c’est qu’on parle de cul ! Vous ne pouvez pas continuer à rendre vos jugements enfermés dans vos salles d’audience, sans savoir que le monde change. Mais comme il est difficile à la vie d’arriver jusqu’à vous ! »

  • « Silicon Amman », plaque tournante des nouvelles technologies au Moyen-Orient
    http://abonnes.lemonde.fr/le-magazine/article/2013/08/23/silicon-amman_3464758_1616923.html
    Pour @gonzo

    Pour un peu, on se croirait dans l’une de ces start-up stars de la côte Ouest des Etats-Unis. Toboggan en guise d’escalier, table de ping-pong au sous-sol, citations aux murs, mobilier rétro design, jeunes en jean et baskets... Chez Oasis 500, tous les codes sont scrupuleusement respectés, sans oublier les poufs. Ils trônent un peu partout dans les « espaces rencontres », les coins « réflexion », les salles « relaxation »... Comme une preuve ultime de geekitude. Sauf que 12 000 kilomètres séparent la Silicon Valley de la Silicon Wadi ("vallée" en arabe). C’est ainsi qu’a été officieusement baptisée Amman, la capitale de la Jordanie, « plaque tournante des nouvelles technologies au Moyen-Orient », s’enthousiasme Usama Fayyad, 48 ans, le président exécutif de l’incubateur Oasis 500 (aide à la création d’entreprises), créé il y a trois ans. Boule à zéro, carrure de basketteur et débit mitraillette, l’homme est une pointure du Web mondialement reconnue, notamment pour avoir été vice-président de Yahoo !. Cela fait maintenant cinq ans que ce docteur en informatique, diplômé de l’université du Michigan, a regagné sa patrie d’origine, convaincu de son potentiel.

    Très - trop- brève évocation des liens potentiels entre Silicon Wadi et Tel Aviv :

    La Jordanie, terre d’accueil virtuelle des réfugiés du Web ? Pas si sûr. Question politique, Wael Attili fait désormais profil bas : « Nous avons été accusés de rouler pour les francs-maçons, d’être téléguidés par le Mossad [les services secrets israéliens], d’être payés par les Américains... La nouvelle génération comprend ce que nous faisons, mais l’ancienne se sent vite insultée par notre ton sarcastique. »

    Et la question de la liberté d’expression

    Depuis septembre 2012, un décret royal, approuvant les amendements à la loi sur la presse votée par le Parlement, impose aux publications en ligne d’obtenir un permis gouvernemental et donne également le droit aux pouvoirs publics de censurer certains contenus et de poursuivre les journalistes. Le département de la presse et de la publication a précisé que cette décision ne visait pas « à restreindre les libertés » mais à « organiser le travail de ces sites ». Reste que sur une échelle de 1 (grande liberté) à 7 (aucune liberté), l’organisation Freedom House, basée à Washington, a donné la note de 5,5 à la Jordanie et le statut « not free » (pas libre). Face à la grogne, le gouvernement fait la sourde oreille. Début juillet, il annonçait avoir bloqué 254 sites locaux d’information tandis que 111 autres obtenaient leur « licence ». Difficile de miser sur le Web tout en entravant la liberté d’expression. Le roi Abdallah ii va devoir choisir, l’avenir de la Silicon Wadi en dépend.

    #Jordanie
    #internet
    #censure