Lettre à un jeune prof
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Nous travaillons avec des personnes, les élèves, qui sont absolument nos égaux en droit, comme le dit si bien la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Cela veut dire qu’un enseignant a certes des responsabilités à leur égard, mais n’a aucun pouvoir sur eux. La fameuse « autorité », dont on va te rebattre les oreilles, n’a rien à voir avec le fait d’exiger de l’obéissance, au besoin par la peur. Le « maitre » n’est pas le directeur de conscience des enfants.
Ta vraie tâche, c’est de faire en sorte que tes élèves adhèrent au projet d’apprentissage, mais tu n’as pas à les y forcer (c’est impossible !). Je te rappelle au passage que le respect (autre tarte à la crème dont on va te rassasier) est mutuel — ou n’est pas — et que ce sont les adultes qui doivent « commencer » pour donner l’exemple : les élèves te respecteront, si tu les respectes.
Cela signifie aussi que tu n’as aucunement à les juger, avec cette psychologie moralisatrice de comptoir que révèlent tant d’appréciations de carnets trimestriels. Evaluer n’est pas juger, c’est mesurer. Et ce que tu as à mesurer, ce sont les progrès que tu as provoqués chez tes élèves. Or, cette mesure-là ne peut être traduite par des chiffres. Pourquoi ? Si tu veux le comprendre, tu as intérêt à te rapprocher de tous ceux qui demandent la suppression des notes chiffrées en classe(1). Sache que, pour apprendre il faut tâtonner et se tromper, car l’erreur est instructive si on la dédramatise et si l’on travaille à partir du raisonnement qui l’a provoquée. Alors elle devient provisoire : c’est même un tremplin pour le progrès. La note qui sanctionne la « faute » interdit l’apprentissage. Elle trompe les parents autant que pour les élèves : sous une fallacieuse couverture de scientificité, qui la rend particulièrement dangereuses, elle est largement subjective, dépendante de la rumeur. De la pure pifométrie !