• Compte rendu d’une étude consacrée au phénomène prostitutionnel
    dans l’espace catalan transfrontalier
    http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/cr-delf/12-13/c1213013.pdf

    J’en viens aux incidences du phénomène prostitutionnel sur l’imaginaire et la sexualité des jeunes ainsi que sur les rapports sociaux de genre. Il apparaît que la #prostitution entretient un clivage et une #hiérarchie entre les hommes et les femmes. Chez les jeunes hommes, elle nourrit l’idéal d’une virilité hétérosexuelle triomphante. Elle entérine l’idée naturaliste de pulsion sexuelle propre aux hommes et celle de solidarité masculine et participe à la cohésion de la #classe des hommes, étant entendu que les femmes ne peuvent pénétrer dans les clubs – il faut entendre « les #femmes non prostituées ». Cette #exclusion des femmes, à l’heure où elles ont accès à des sports et des métiers traditionnellement masculins, renforce l’idée que les clubs sont les derniers bastions réservés aux hommes.

    Cette image de la classe des hommes est tellement forte qu’elle minimise leur appartenance à une classe sociale. Tous les hommes en font partie, qu’ils soient homme politique, sportif, chômeur, chef d’entreprise.
    Plus largement, les clubs renforcent la distinction et l’#inégalité sexuelle entre les hommes et les femmes. Les hommes mettent en avant leurs besoins, voire leurs pulsions sexuelles, alors qu’aucune des jeunes femmes que nous avons entendues n’a parlé de désir,
    encore moins de besoin sexuel.

    J’en viens aux incidences du phénomène prostitutionnel sur les femmes. Celui-ci engendre la « souffrance d’être femme », rarement prise en compte dans les études réalisées sur la prostitution et qui se traduit par un sentiment contradictoire. Plus la figure de la prostituée est présente dans le paysage culturel, plus les jeunes femmes ressentent le besoin, voire l’injonction de s’en distinguer. Beaucoup font en sorte de ne pas ressembler aux prostituées dont parlent tant les garçons en étant plus vertueuses, plus pures, plus vierges.
    Certaines développent un sentiment d’infériorité qui les pousse à la performance sexuelle normative car elles ont l’impression, en comparaison avec les prostituées, de ne pas être à la hauteur sur le plan sexuel. D’autres ont tendance à déprécier leur propre corps par rapport à celui des prostituées qui, aux dires des garçons, sont belles comme des actrices de films pornos. D’autres enfin nous ont confié qu’elles subissaient et parfois anticipaient une forme de chantage sexuel que leur compagnon ou leur mari exerce sur elles, en les menaçant d’aller à la Jonquera si elles refusent de satisfaire leur désir.

    Cette fatalité trouve son prolongement dans l’impuissance que ressentent les jeunes femmes face au risque d’infections sexuellement transmissibles.

    • La Jonquera ! misère de misère ! J’habitais à une heure de la frontière, près de cette fameuse Jonquera, le paradis des petits et grands connards consuméristes, le puceau qu’on y traine, la vie de garçon qu’on y enterre, les 50 ans qu’on y fête, la paye qu’on va y craquer, la coke et la baise pas cher … à toutes les étapes de la vie, une idée de la fête et de la solidarité masculine complètement erronée et perverse.
      Et surtout, surtout, les entendre s’en vanter ensuite, tout comme des voyages en Thaïlande ou ils ont baisé des gamines, augmenté leur statut social, sans scrupules, sans arrière pensée aucune, parce qu’en plus « elles aiment ça ».
      C’est une des raisons qui m’a vraiment dégouté de rester.
      Jusqu’à Barcelone les espagnols ne supportent plus l’attitude vulgaire et colonisatrice des français venus « faire la fête » pour pas cher.

    • Oui, j’ai un peu dérivé ( : mais on comprend bien dans l’extrait que tu donnes la construction qui influe sur la représentation que les femmes se font d’elles mêmes.