• J’ai tendance à me méfier de toutes les pilules... mais là, les réactions que celle-ci, le #Lybrido suscitent sont vraiment croquignolettes... Quand on vous dit que la #sexualité_féminine fait peur à de trop nombreux hommes, ce n’est pas une vue de l’esprit !

    Zut, le « viagra » féminin serait trop efficace | Slate.fr
    http://www.slate.fr/life/73191/viagra-feminin-trop-efficace-lybrido

    C’est ce qu’explique le journaliste spécialiste du désir féminin Daniel Bergner dans les colonnes du New York Times :

    « Plusieurs consultants dans le domaine m’ont confié que les laboratoires pharmaceutiques s’inquiétaient de leurs résultats, qui seraient trop bons. Et surtout, que la Food and Drug Administration (FDA) risquait de le rejeter, craignant que les femmes débordent de libido et deviennent des infidèles frénétiques, bouleversant l’ordre de la société. »

    Autrement dit, les femmes avec un plus gros appétit sexuel pourraient potentiellement être responsables du désordre du monde. La boîte de Pandore n’arrive pas à la cheville de la boîte de Viagra féminin pour les consultants pharmaceutiques.

    Concernant le rejet, le risque est bien là. En 2004, un comité d’experts de la FDA avait jugé à l’unanimité qu’il ne fallait pas commercialiser une telle substance. Ils se sont prononcés sur un cas précis : l’Intrinsa. Il s’agit d’un médicament hormonal à destination des femmes qui ont subi une ablation des ovaires ou une ménopause induite. En France, il est possible de se le procurer, mais aux Etats-Unis pour l’instant, la FDA n’a encore approuvé aucun médicament de ce type.

    Femmes qui aiment le sexe = chaos mondial

    Daniel Bergner compare cette potentielle avancée avec celle de la pilule contraceptive dans les années 1960 :

    « Ça n’a pas seulement influencé la vie sexuelle des femmes, mais tout le reste. De leur statut social à leur pouvoir d’achat. Qu’est-ce que ça signifie si les femmes peuvent désormais contrôler, avec un simple ordonnance, le besoin le plus primitif ? »

    Gare aux nymphos

    Les entreprises pharmaceutiques cherchent donc à diminuer l’effet du Lybrido, histoire de « lester le désir de ces femmes folles de sexe, vous savez, celles qui font ça 20 fois par jour », ironise la journaliste du San Francisco Gate.

    En 2016, la marque Emotional Brain a prévu d’envahir le marché avec ce médicament. En attendant, priorité à la précaution. C’est ce que défend le directeur de la recherche, Anrew Goldstein :

    « Il y a eu énormément de discussions autour de ce sujet... [Il y avait] le besoin de montrer que vous ne transformez les femmes en nymphomanes. Il y a un biais à l’encontre –une peur de créer la femme sexuellement agressive. »

    Depuis longtemps les frigides ont la vie dure, et maintenant, les hommes auraient peur des nymphos et des « femmes sexuellement agressives », quoi qu’il se cache derrière ce concept. Dans tous les cas, la sexualité des femmes est apparemment à réguler…

    Et si on n’en voulait pas ?

    En fait, les femmes ont tout de même toutes les raisons du monde de se méfier du Viagra. Sa version masculine ne leur a pas fait que du bien. Sur le blog Women Issues du site About.com, la journaliste Linda Lowen développe plusieurs problèmes soulevés par la pilule bleue, en s’appuyant sur le livre d’une anthropologue américaine : The Rise of Viagra : How the Little Blue Pill Changed Sex in America.

    Elle explique le principal problème : le Viagra est destiné aux hommes vieillissants, généralement mariés à des femmes qui traversent la ménopause. Et à la ménopause, la libido des femmes baisse naturellement. Pendant que celle des hommes sous Viagra bondit... Comme un léger désaccord.

    Découvert par pur hasard, le Viagra pour homme ne joue que sur le plan physique (il booste la circulation du sang). Mais en s’attaquant aux femmes, les laboratoires savaient qu’il fallait s’attaquer à plusieurs front, dont un, primordial : le mental. Sur son site, le Time développe le fonctionnement de la pilule bleue pour femme. Il s’agit d’une combinaison de sildénafil (le Viagra), de testostérone et de buspirone, un médicament qui réduit temporairement la sérotonine, et donc l’anxiété.

    Tous ces efforts pourraient même être vains, si l’on considère que chez la femme, le manque de désir n’est pas le seul facteur dans la baisse de libido. Il ne faut pas oublier :

    Le niveau d’intimité avec le partenaire, qui met ou non la femme en confiance
    Le moment de la relation, si c’est le début ou plutôt la fin
    Les changements majeurs comme la maternité ou la ménopause
    Les maladies chroniques type diabète, sclérose ou dépression
    Et sont-ils de toute façon souhaitables ? Certaines féministes pensent que pour vendre leurs pilules, les laboratoires rendront pathologiques des pertes de désir normales, explique le Time, et feront ressentir aux femmes le besoin de prendre une pilule pour satisfaire leur partenaire alors qu’une baisse de désir pourrait venir du stress ou d’autres problèmes.

    Les précédents

    En 2009, la multinationale pharmaceutique allemande lançait un large essai pour évaluer l’effet d’une nouvelle molécule, la flibansérine, qui stimulerait la sexualité et le désir féminins. Tout était prévu, le médicament devait s’appeler Ectris et il faisait parler de lui... Avant de laisser tomber toutes les femmes en mal de libido : le test a été un échec, le produit n’a jamais été commercialisé.

    On en vient à ne plus savoir de quoi s’indigner :

    Option 1 : Pourquoi les femmes ne sont pas sur un pied d’égalité avec les hommes grâce à leur propre Viagra ?
    Option 2 : De quel droit ces hommes décident-ils que les femmes ne peuvent pas aussi booster leur libido ?
    Option 3 : Marre de cette dictature de la performance sexuelle !
    Option 4 : tout à la fois.