Miguel Benasayag : « Contre-pouvoir et décroissance »

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  • La question de la captation du pouvoir et de la captation du sens dans l’alternative

    #Patrick_Viveret http://www.reporterre.net/spip.php?article3262

    Mener la bataille contre le #capitalisme financier est une bataille de plus en plus urgente et nécessaire, mais en n’oubliant jamais qu’il y a ces autres formes de captation [captation de pouvoir et captation de sens] qui se soutiennent mutuellement. Et du même coup l’alternative aux logiques de guerre secrétées par ces logiques de captation, c’est aussi de construire des mouvement civiques, sociaux, démocratiques qui sont capables en leur propre sein de lutter contre leur tendance à la captation. Le drame du mouvement communiste est qu’il a été lucide sur la captation de richesse mais aveugle sur la captation de pouvoir, de la même façon que le drame de la révolution iranienne a été la captation de sens avec les ayatollahs. Donc il y a un mouvement d’auto-transformation, d’auto-réforme à construire du côté des alters pour qu’eux-mêmes ne rééditent pas le fait que les anciens dominés se transforment en dominants quand ils ont réussi à gagner au moins partiellement la partie.

    #Miguel_Benasayag http://www.perspectives-gorziennes.fr/index.php?post/2011/07/29/Miguel-Benasayag-%3A-%C2%AB-Contre-pouvoir-et-d%C3%A9croissance-%C2%BB/544

    Dans ce contexte de perte générale des repères ont surgi et se sont développées un peu partout dans le monde, et plus particulièrement en Amérique latine et indienne, de nouvelles formes d’engagement et de lutte, de nouvelles radicalités. Indiens et paysans « sans terre », mais aussi mouvements européens des « sans », communautés expérimentales fondées sur le troc, #zapatisme mexicain, etc., tout un ensemble d’expériences pratiques de sociabilité, de créations collectives et de résistance émergeait en inventant de nouvelles modalités de l’agir social, de nouveau sujets sociaux et historiques – de nouveaux modes de protagonismes, si l’on veut bien me passer l’emploi de ce néologisme latino-américain.
    L’exemple concret et le référent presque unique de ces nouveaux mouvements est sans doute le mouvement #féministe international, mouvement multiple, « rhizomatique » et horizontal, qui tout en demandant aux pouvoirs de valider ses revendications, a su changer le monde sans se préoccuper des questions gestionnaires, par la puissance de sa base.
    Ainsi, les différents mouvements indiens ont-ils pu s’imposer à nouveau sur le devant de la scène, grâce à leur organisation « diffuse et horizontale » du pouvoir. Cependant, et c’est déjà un premier pas dans la compréhension de l’articulation qui nous intéresse, ces mouvements avaient, dès l’origine, intégré à leur propre questionnement sur l’organisation du pouvoir une réflexion sur le mode de développement et de croissance caractéristique du pouvoir centralisé.
    [...]
    Pour ceux qui affirment que les changements sociaux ne peuvent venir que du #pouvoir central, il y a toujours un besoin de hiérarchiser les « justices ». Par exemple : la prise du pouvoir d’abord, puis les femmes, enfin l’écologie. Or, nous connaissons l’issue de cette petite histoire. C’est celle d’En attendant Godot. La radicalité des nouveaux mouvements tient dans le fait qu’il n’y a pas de place pour une telle hiérarchie des « maîtres libérateurs », qui connaîtraient depuis leur fauteuil du comité central les conditions du bonheur du petit peuple.
    Les pratiques de #contre-pouvoir sont multiples et empiriques, elles rivalisent et s’émulent entre elles. Elles sont en conflit permanent, mais un conflit qui se situe en deçà de l’idéologie. Les idéologies sont toujours ce que l’on nomme, en épistémologie, des simulacres, c’est-à-dire des façons d’agir où la conclusion précède l’expérience.