Svetlana Alexievitch et les voix inoubliables du petit peuple soviétique | Théâtre et Balagan

/dans-la-fin-de-lhomme-rouge-svetlana-al

  • La fin de l’homme rouge
    #Svetlana_Alexievitch et les voix inoubliables du petit peuple soviétique | Théâtre et Balagan | Rue89 Les blogs
    http://blogs.rue89.com/balagan/2013/09/03/dans-la-fin-de-lhomme-rouge-svetlana-alexievitch-orchestre-des-voix-ino
    Voilà qui devrait intéresser quelques seenviens

    Autant de traversées faites de voix inoubliables. Svetlana Alexievitch écoute, enregistre, orchestre ces voix en les feuilletant, faisant affleurer la poésie ardente qu’elles recèlent, le bonheur dans le malheur que l’auteure traque en elles. Elle cerne les pans de vie simples et cependant insensés que portent ces voix, faisant de ses personnages des héros au rebours de l’héroïsme officiel vanté par « le parti » et les autorités soviétiques. Elle en fait des trésors. Comme si ceux et surtout celles qui lui parlent avaient attendu sa venue pour dégorger leur vie dans des monologues que l’on dirait sans fin, trouvant en Svetlana, au-delà de la qualité de son écoute, une intense compréhension. Elle aussi sait. Elle aussi a vécu tout ça. Elle aussi est un homme rouge.

    « Il me semble que je connais cet homme, je le connais même très bien, nous avons vécu côte à côté pendant de nombreuses années. Lui - C’est moi »,

    écrit l’auteure (admirablement traduite par Sophie Benech) dans sa préface qui peut se lire comme un prologue. Si plusieurs de ses livres ont été à la source de nombreux spectacles, parfois inoubliables (« Les cercueils de zinc » par Didier-Georges Gabily), il ne fait aucun doute que cela sera le cas avec « La fin de l’homme rouge », ouvrage qui apparaît comme le bouquet final et le point d’orgue des précédents.

    L’#homo_sovieticus insoluble dans l’oubli

    Mais l’homo sovieticus est insoluble dans l’oubli. L’une des forces de ce livre c’est, sans jamais ou presque parler du présent (le nom de Poutine passe en coup de vent), de s’y projeter, par boomerang. A travers les voix témoins, « La fin de l’homme rouge » aide à comprendre les années Poutine qui s’appuient sur ce passé qui n’en finit pas de ne pas passer et qui même, à bien des égards, reviennent s’y vautrer dans un macabre théâtre d’ombres. L’homme rouge est mort mais il vit encore.

    #livre