Et voilà qu’on a besoin de Brave Patrie pour démonter la « synthèse de renseignement » française sur la Syrie : Rentrée littéraire : la Synthèse nationale de renseignement déclassifié déçoit. Pour les amis qui ne connaissent pas : Brave Patrie c’est comme The Onion, c’est plutôt pour rire. D’où ce paradoxe : Brave Patrie c’est beaucoup plus drôle que Le Monde, mais nettement moins risible.
▻http://bravepatrie.com/culture-medias/rentree-litteraire-la-synthese,860
Las, il semblerait que les auteurs de la Synthèse se soient laissé aveugler par les possibilités techniques du medium au détriment de la forme, ce qui nuit à la thèse avancée.
Le résultat est un texte lourd parsemé de fautes d’orthographe et aux relations de causalité mal définies pour qui n’adhère pas, en débutant la lecture de l’ouvrage, au prédicat de base de l’auteur.
Le lecteur distrait aura par exemple du mal à comprendre le sens du paragraphe suivant, censé constituer le sommet de la trame narrative, sans le replacer dans le méta-contexte géopolitique immédiat :
« Au demeurant, il est clair, à l’étude des points d’application de l’attaque, que nul autre que le régime ne pouvait s’en prendre ainsi à des positions stratégiques pour l’opposition. »
(Il faut en effet bien connaître l’esprit tortueux des Syriens pour comprendre que l’opposition elle-même n’a aucun intérêt à prendre les positions qu’elle considère comme étant stratégiques.)
Plutôt qu’une renaissance du roman d’espionnage à la française, nous assistons ainsi à une pâle resucée des nouvelles d’anticipation qui avaient valu un certain succès à Tony Blair ou George W. Bush il y a une dizaine d’années, mais qui ont mal vieilli.
Ce survol bâclé des faits est d’autant plus dommageable que le méchant est extrêmement crédible et que la France, de par son implantation historique dans la région, pouvait se permettre de fournir une œuvre bien plus riche. Il en résulte un âcre arrière-goût de probable, alors que la littérature réelle doit convaincre.