• Dis-moi quelles études tu fais, je te dirai combien tu gagnes… | Olivier Bouba-Olga
    http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2014/04/21/dis-moi-quelles-etudes-tu-fais-je-te-dirais-combien-tu-gagnes

    Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a publié les résultats de l’enquête à 30 mois des diplômés de 2010. D’où mon précédent post commentant un article de Challenge sur la comparaison Grandes Ecoles / Universités.

    Les tableaux du ministère étant assez indigestes, et comme je vous imagine avachis sur votre canapé, repus de chocolat et autre joyeuseté pascale, je vous livre quelques graphiques synthétisant les principaux résultats.

    Sur le taux d’insertion, d’abord, avec une distinction selon le niveau d’études (DUT, Licence professionnelle, Master) et le domaine d’étude (DEG = Droit, économie, gestion ; LLA = Lettres et Langues et Arts ; SHS = Sciences Humaines et Sociales ; STS = Sciences, Technologies, Santé), qui montre que les taux sont assez hétérogènes selon les niveaux et les domaines, mais globalement plutôt bons : 82% pour le score le plus faible.

    Comme je le dis souvent aux lycéens que j’accueille : les études dans l’enseignement supérieur protègent bien contre le risque de chômage, pas de différences très fortes sur ce point entre études courtes et études longues.

    Deuxième graphique, sur la part des cadres et professions intermédiaires dans l’ensemble des emplois occupés.

    Pour tous les domaines, cette part augmente avec le niveau d’étude. Les écarts sont assez faibles en STS, plutôt forts en DEG. Il faudrait des statistiques plus précises pour discriminer entre professions intermédiaires et cadres, voire cadres supérieurs, mais les données ne sont pas disponibles.

    Troisième graphique, sur le salaire net médian des emplois à temps plein par domaine et niveau d’étude.

    Là encore, la « hiérarchie » des niveaux de sortie est marquée. Le salaire net médian d’un DUT du domaine Droit, économie, gestion est de1390€, celui d’une licence professionnelle du même domaine est de 1 560€, pour un Master, c’est 2 000€. Différences non négligeables…

    On peut construire des graphiques plus précis par discipline. Je me limite à ce dernier indicateur, le salaire net médian pour les emplois à temps plein.

    Différences fortes selon la filière plus précise, entre moins de 1 500€ pour Archéologie/Ethnologie/Préhistoire ou Arts, d’un côté, et plus de 2 100€ pour mathématiques et Génie Civil. L’économie se situe plutôt bien, avec 2 000€, devancée seulement, dans le grand domaine DEG / SHS / LLA par les sciences de gestion de 60 euros mensuels.

    Je répète cependant ce que j’ai dit dans mon billet précédent : les différences observées ne sont pas seulement liées à la différence dans la qualité des formations, elles peuvent s’expliquer en partie, voire totalement, par les choix d’orientation des lycéens et leur niveau de base.

    #études
    #insertion
    #salaires
    #Université

  • Fallait-il sauver le soldat Heuliez ? | Olivier Bouba-Olga
    http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2013/10/14/fallait-il-sauver-le-soldat-heuliez

    Il n’aura échappé à personne que l’entreprise Heuliez fait l’objet de toutes les attentions du Conseil Régional de Poitou-Charentes depuis de nombreuses années et que régulièrement ce dossier fait la une des médias régionaux (ici par exemple tout récemment), bien sûr, mais aussi nationaux (là, fin septembre).
    En bon économiste soucieux de l’utilisation de l’argent public et de l’évaluation des politiques mises en oeuvre sur les territoires, on peut se demander si cette attention est légitime et surtout si les sommes engagées l’ont été à bon escient.
    A ce titre, je souhaite mettre en évidence un point particulier rarement évoqué dans les médias et dans le débat public : Heuliez est une entreprise localisée dans le Nord Deux-Sèvres, plus précisément dans le bocage Bressuirais. Quelle importance, me direz-vous ?
    L’importance est grande : venir au secours d’une grande entreprise située sur un territoire connaissant un taux de chômage important et où les possibilités de redéploiement des personnes perdant leur emploi sont faibles, c’est une chose ; procéder de même sur un territoire où le taux de chômage est faible et où les personnes perdant leur emploi en retrouve rapidement un autre, c’en est une autre. D’où la question : qu’en est-il du Bressuirais ?
    Pour y répondre, j’ai collecté les taux de chômage trimestriel, par zone d’emploi, de 2003 à 2013, pour différentes zones d’emploi de Poitou-Charentes. Pour faciliter l’analyse des chiffres, j’ai construit pour chaque zone un indicateur compris entre 0 et 100% qui permet de la situer dans l’ensemble national : si l’indice de la zone est compris entre 0 et 10%, c’est que la zone fait partie des 10% des zones d’emploi ayant le plus faible taux de chômage. Si son indice est compris entre 90% et 100%, la zone fait partie des 10% des zones ayant le plus fort taux de chômage.

    #chômage
    #Conseil-Régional de Poitou-Charentes
    #Heuliez
    #politique-publique
    #économie

  • De quoi cause Coase? | Olivier Bouba-Olga
    http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2013/09/03/de-quoi-cause-coase

    Ronald Coase s’est éteint à l’âge de 102 ans, preuve que l’économie conserve (je ne dis pas ça pour attirer des étudiants à la fac, mais quand même).
    Beaucoup voient en lui un économiste libéral, défenseur acharné du marché, suite principalement à son article de 1960 (« le problème du coût social ») dans lequel il montre que, pour résoudre les problèmes environnementaux (problèmes d’externalités négatives disent les économistes), l’intervention de l’Etat n’est pas nécessaire, le marché peut faire aussi bien. Stigler en a tiré ce que l’on appelle désormais le « théorème de Coase » mais Coase n’était que moyennement d’accord avec ce théorème éponyme. En 1988, il écrivait ainsi (dans The Firm, the Market and the Law) : « Le Problème du Coût Social » (…) a été abondamment cité et discuté dans la littérature économique. Mais son influence sur l’analyse économique a été moins bénéfique que je ne l’espérais. La discussion a été dans une large mesure consacrée aux sections III et IV de cet article et s’est focalisée sur le ce qu’on appelle le « théorème de Coase », négligeant les autres aspects de l’analyse ».
    En fait, Coase ne cherche pas à défendre mordicus le marché ou à le condamner. L’intérêt de son analyse est, au contraire, de sortir de ce type de débat, qui a longtemps structuré l’économie politique.

    #Ronald_Coase
    #Economie