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  • #Eusko basque : quand utiliser une #monnaie_locale déclenche un réflexe coopératif

    Lancée en 2013, l’#Eusko_basque est la principale monnaie locale en Europe. Une étude menée à #Bayonne montre que son usage ne favorise pas seulement les #circuits_courts, mais il semble aussi rendre les utilisateurs… plus coopératifs.

    Alors que la guerre des monnaies fait rage, entre le dollar, l’euro ou même le yuan, la question des monnaies locales revient sur le devant de la scène. Les monnaies locales complémentaires, ou monnaies locales convertibles, sont des dispositifs monétaires mis en place à l’échelle d’un territoire pour favoriser l’#économie_locale. Échangeables à parité avec l’euro (1 eusko = 1 euro), mais utilisables uniquement au sein d’un réseau restreint d’acteurs – commerçants, associations, institutions –, elles visent à réorienter la consommation vers des circuits courts.

    Si leurs dynamiques ont largement nourri la réflexion théorique, les monnaies locales complémentaires font l’objet de bien moins d’analyses empiriques sur leurs #retombées concrètes. Elles n’en demeurent pas moins un phénomène significatif au sein des initiatives d’#innovation_sociale. Plus de 4 500 expériences de ce type ont été recensées dans la littérature au cours des trente dernières années.

    En France, l’Eusko, lancée en 2013 au Pays basque, est souvent citée comme un modèle. Avec plus de 5400 utilisateurs, 4,4 millions d’euskos en circulation et un volume de transactions de 6,5 millions d’euskos en 2024, il s’agit de la première monnaie locale d’Europe. Mais l’usage de ces monnaies peut-il avoir un effet sur les comportements individuels ? Notre étude menée à Bayonne montre que l’usage de l’Eusko ne favorise pas seulement les circuits courts, il semble aussi rendre les utilisateurs… plus coopératifs.
    Lab-in-the-field

    Pour explorer cette hypothèse, nous avons conçu une expérience de type « lab-in-the-field », c’est-à-dire un test comportemental inspiré des méthodes expérimentales classiques mais réalisé dans un cadre naturel. Ici, les cafés et librairies du centre-ville de #Bayonne.

    Nous avons recruté plus de 300 volontaires pour jouer à un jeu dit de « l’ultimatum », une expérience bien connue en économie comportementale. Le principe est simple : un joueur, le « proposeur », propose une partition d’une somme d’argent avec un autre joueur, le « répondant ». Ce dernier peut accepter ou rejeter l’offre. En cas de refus, aucun des deux ne gagne. Dans cette version de l’expérience, chaque participant prend sa décision avant de connaître celle de l’autre. Cette méthode permet d’évaluer les préférences de manière isolée, ainsi que les seuils d’acceptabilité de chacun.

    Mais cette fois, la nouveauté résidait notamment dans la monnaie utilisée pour jouer : certains participants jouaient avec des euros, d’autres avec des Euskos. Nous voulions savoir si la seule présence de cette monnaie locale, qui incarne un engagement collectif, pouvait influencer les choix des joueurs.

    Déclencheur de coopération

    Les résultats sont frappants. Les utilisateurs réguliers de l’Eusko se montrent significativement moins enclins à rejeter les offres lorsqu’ils jouent avec la monnaie locale plutôt qu’en euros. Autrement dit, face à une offre jugée imparfaite, ils choisissent plus souvent de l’accepter quand l’interaction se déroule en eusko. Ce comportement reflète une baisse de la réciprocité négative, c’est-à-dire une moindre tendance à « punir » une proposition perçue comme « injuste ».

    https://www.youtube.com/watch?v=65s6UKa9khI

    En revanche, un tel effet n’est observé chez les non-utilisateurs de l’Eusko, les échantillons ayant été randomisés. Nous en concluons que c’est bien l’usage régulier de la monnaie locale, et non une quelconque différence individuelle préalable, qui déclenche ce réflexe coopératif.

    #Valeurs communes

    Pourquoi une simple monnaie aurait-elle ce pouvoir ? Notre étude avance une interprétation théorique : l’Eusko active des intentions collectives déjà présentes chez ses utilisateurs. Autrement dit, en manipulant la monnaie, les participants se reconnectent à un engagement latent envers la solidarité locale. La monnaie devient un marqueur de valeurs communes, à la fois symboliques et morales, qui influe sur la manière dont les joueurs interprètent la situation.

    Ce mécanisme peut être éclairé par la théorie dite des « buts-cadres » ou goal-framing theory), selon laquelle notre comportement est façonné par des objectifs activés de manière contextuelle. Trois types de cadres coexistent : le cadre hédonique avec la recherche du plaisir/bien-être immédiat, le cadre de gain avec la recherche d’un intérêt personnel matériel à long terme et le cadre normatif avec l’adhésion à des règles et valeurs collectives.

    Dans ce contexte, l’Eusko ne crée pas de nouvelles motivations. Elle semble réactiver un cadre normatif préexistant chez les utilisateurs réguliers : un rapport au collectif, à la solidarité et à la coopération. En rendant ces objectifs saillants, la monnaie infléchit leur comportement de manière moins compétitive, plus conciliante.

    Relocaliser l’économie

    Le changement de monnaie dans cette expérience n’a pas modifié le comportement des « proposeurs », qui ont dans l’ensemble proposé une répartition équitable. Sans doute en raison du caractère public de l’expérience et d’un biais de désirabilité sociale ? L’effet observé concerne uniquement les « répondants », ceux qui acceptent ou refusent une offre. Les résultats confirment une intuition partagée par de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire : les dispositifs alternatifs comme les monnaies locales ne sont pas neutres.

    L’Eusko, comme d’autres monnaies locales en France, a souvent été défendu pour sa capacité à relocaliser l’économie et à renforcer les circuits courts. Cette étude montre qu’elle pourrait aussi jouer un rôle plus subtil mais tout aussi important : renforcer les normes de coopération au sein d’une communauté engagée. Ces résultats relancent les débats sur le rôle des outils monétaires dans la transformation sociale. Ils suggèrent une voie prometteuse pour la recherche : analyser non seulement les effets économiques directs de ces innovations, mais aussi leur capacité à façonner les représentations mentales et les comportements collectifs.

    Si des dynamiques identitaires liées au contexte basque sont parfois évoquées pour expliquer le succès de l’Eusko, celui-ci semble toutefois davantage porté par un contexte socio-politique fertile façonné par des décennies de mobilisation territoriale et de construction de la #confiance.

    https://theconversation.com/eusko-basque-quand-utiliser-une-monnaie-locale-declenche-un-reflexe
    #Pays_Basque #économie #relocalisation

  • Incels : quand le masculinisme empêche les femmes de profiter pleinement des jeux en ligne

    De nombreux jeux en ligne, notamment League of Legends, sont devenus des terrains hostiles pour les joueuses. Sous l’influence croissante de la sous-culture incel, ces espaces numériques perpétuent insultes, stéréotypes et exclusions, réduisant considérablement les bénéfices que les femmes peuvent tirer de leur expérience de jeu.

    https://theconversation.com/incels-quand-le-masculinisme-empeche-les-femmes-de-profiter-pleinem

    #masculinisme

  • Which transport is the fairest of them all?
    https://theconversation.com/which-transport-is-the-fairest-of-them-all-24806

    2014

    How did you get to where you need to be today? Car, bike, public transport, or perhaps walking?

    #Transport is one of the biggest sources of greenhouse gas emissions, globally and in Australia. The latest IPCC report finds transport accounted for around 14% of global greenhouse gas emissions in 2010. The latest figures in Australia show transport contributed to 17% of Australia’s #greenhouse #gas #emissions in 2013.

    The good news is that by altering our behaviour, we can choose modes of transport that emit less greenhouse gases.

    #energy_efficiency #efficacité_énergétique

    • Bizarre idée de mettre les camions là-dedans : les camions ne transportent pas des gens mais des marchandises. Si on va par là, mettre les trains de marchandise, avec une seule personne qui déplace un train de plusieurs tonnes, ce qui donnerait l’impression que les trains de marchandise sont totalement inefficients.

  • Le soja est une bonne source de protéines, à condition d’en diminuer la teneur en isoflavones, des phyto-hormones dont la consommation peut interférer avec nos propres hormones.

    Soja : comment bien le préparer pour préserver sa santé
    https://theconversation.com/soja-comment-bien-le-preparer-pour-preserver-sa-sante-254663

    Le soja, comme la luzerne ou le trèfle, produit des isoflavones. Ces substances sont des phyto-estrogènes, autrement dit des molécules d’origine végétale dont la structure est proche de celle des estrogènes

    .

    En raison de leur similarité de structure, les phyto-estrogènes – et les isoflavones en particulier – présentent une activité estrogénique : ces molécules exercent des effets hormonaux féminins chez les animaux et les êtres humains qui les consomment régulièrement.

    Elles agissent comme des perturbateurs endocriniens, ce qui peut avoir des conséquences, en particulier chez les nourrissons, les enfants, les hommes [et plus encore les femmes, NdV] ou les personnes présentant des pathologies liées aux estrogènes.

    (...)

    Par ailleurs, il est important de souligner que les données INCA3 ont été collectées avant l’essor du végétarisme en France. Au cours des dix dernières années, de nombreux Français ont végétalisé leur alimentation. Le niveau de dépassement des doses sans effet par la population est donc sans doute aujourd’hui plus important qu’estimé.

    Et ce, notamment parce qu’un grand nombre de produits alimentaires contiennent du soja « caché ».

    (...)

    Dans cette étude, il est apparu que 12 % des femmes interrogées consommaient suffisamment d’isoflavones pour perturber leurs cycles. Or, à cette époque (novembre 2018), seulement 46 % des femmes déclaraient consommer du soja, contre 60 % aujourd’hui.

    (...)

    Pourtant, ce n’est pas parce que le soja est à la base de nombreux plats asiatiques que leurs consommateurs ingèrent de grandes quantités d’isoflavones. En effet, les pratiques culinaires traditionnelles asiatiques, qui sont toujours en usage au sein des familles, réduisent les teneurs en isoflavones dans le soja grâce à diverses étapes de préparation (rinçages, trempages et mijotages dans l’eau).


    En Occident, l’industrialisation des procédés de fabrication des produits à base de soja n’inclut pas ces étapes, ce qui explique que l’exposition aux isoflavones estrogéniques soit un phénomène nouveau.

    (...)

    Pour tendre vers ces valeurs, plusieurs mesures peuvent être envisagées. Les décideurs devraient inciter les industriels à revoir les procédés de transformation du soja en ajoutant des étapes de traitement à l’eau pour réduire les teneurs en isoflavones. La mention du taux d’isoflavones devrait être appliquée sur les aliments, d’autant plus qu’une méthode de dosage des isoflavones est désormais accréditée, ce qui n’était pas le cas auparavant.

    De leur côté, les consommateurs doivent également être vigilants, et éviter d’en donner aux enfants (un steak de soja suffit à dépasser les doses journalières jugées sans danger). Les femmes enceintes et allaitantes doivent aussi éviter d’en consommer, de même que les personnes concernées par des antécédents de cancers du sein (personnels ou familiaux) ou par une hypothyroïdie.

    Enfin, lorsqu’un plat à base de soja est préparé à la maison, mieux vaut s’inspirer des méthodes asiatiques traditionnelles pour en diminuer la teneur en isoflavones.

  • Les femmes vivent plus longtemps mais en moins bonne santé : un projet de recherche tente de comprendre ce paradoxe
    https://theconversation.com/les-femmes-vivent-plus-longtemps-mais-en-moins-bonne-sante-un-proje

    Un projet de recherche tente d’expliquer le paradoxe mortalité-morbidité en mettant en perspective des populations présentant des organisations sociales différentes mais partageant un environnement écologique et économique similaire.

    Alors que les hommes sont plus à risque pour les maladies cardiovasculaires, les femmes ont une incidence plus élevée de maladies inflammatoires ainsi que pour les dépressions. Ce raisonnement ne s’applique pas à l’individu – imaginairement isolé et maître de sa destinée – mais se déploie à l’échelle des populations humaines.

    Le programme EpiGender « influence des normes de genre sur les marqueurs épigénétiques de santé » est une des toutes premières recherches à évaluer par enquête interdisciplinaire l’influence d’une pratique sociale (règle de filiation associée à des règles de résidence) sur la santé des femmes et des hommes en utilisant des marqueurs épigénétiques de santé. L’objectif vise à mettre en lumière les facteurs socioculturels qui influencent la santé humaine suivant le sexe en reliant trois domaines d’investigation scientifiques : les perspectives anthropologiques sur les normes de genre, la science du stress et l’épigénétique sociale.

    #santé #genre #organisation_sociale #épigénétique

  • Méfiez-vous (aussi) des hommes parfaits : réflexion sur les stratégies des agresseurs
    https://theconversation.com/mefiez-vous-aussi-des-hommes-parfaits-reflexion-sur-les-strategies-

    S’engager pour les droits des femmes, des enfants ou d’autres groupes opprimés est une autre variante de la stratégie de l’homme insoupçonnable, qui fait florès depuis #MeToo. Harvey Weinstein avait lui-même soutenu publiquement des films féministes et promu des réalisatrices.

    Lors de la vague féministe Ni Una Menos (« Pas une de moins ») en Amérique latine, un homme avait fait le buzz en défilant torse nu lors d’une manifestation à Santiago, au Chili, avec une pancarte « Je suis à moitié nu entouré du sexe opposé… Je me sens protégé, pas intimidé. Je veux la même chose pour elles ». Les posts de son ex-compagne le dénonçant pour violences conjugales et paternelles avaient fait nettement moins de bruit.

    Toujours dans le cadre de Ni Una Menos, en Argentine, un homme avait aussi battu le pavé aux côtés de sa compagne avant de l’assassiner de 30 coups de couteaux deux ans plus tard.

    Loin d’être victimes de pulsions inexplicables, ces hommes agissent au contraire de manière rationnelle et stratégique : s’ils s’adonnent aussi largement à ce double jeu, c’est parce qu’il est éminemment rentable pour eux, affirme ainsi Lundy Bancroft.

  • Sanctions : un contournement coûteux pour la Russie

    Les sanctions promulguées à l’encontre de la Russie depuis février 2022 sont souvent contournées. Pour autant, elles n’ont pas été inefficaces car la Russie est contrainte de payer bien plus cher pour ses importations, notamment celles de biens utilisés sur le champ de bataille.

    L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a conduit les pays occidentaux à imposer à Moscou un ensemble de sanctions. L’Union européenne (UE) a ainsi restreint ses exportations vers la Russie pour plus de 2 000 produits sur les 4 646 exportés avant la guerre. Ces sanctions touchent des biens de consommation finale, des produits intermédiaires et des équipements avancés. Parmi ces derniers, 20 % sont des biens à double usage, ayant des applications à la fois civiles et militaires, comme les hélicoptères ou les équipements de communication radio.

    https://theconversation.com/sanctions-un-contournement-couteux-pour-la-russie-254492

    #international #russie

  • L’US Army selon Trump : purge idéologique, désengagement stratégique
    https://theconversation.com/lus-army-selon-trump-purge-ideologique-desengagement-strategique-25

    Cent jours après son retour au pouvoir, Donald Trump a entamé une reconfiguration brutale et idéologique de l’appareil militaire des États-Unis. Loin d’un simple ajustement stratégique, c’est une transformation profonde de la défense nationale qui est à l’œuvre : coupes budgétaires massives, marginalisation de figures clés du Pentagone, recentrage des priorités sur des zones jugées politiquement rentables et retour assumé à une armée plus « loyale » que compétente.

    Cette stratégie s’accompagne de scandales internes, de dérives autoritaires et d’un affaiblissement du moral des troupes. Le bilan des cent premiers jours touche bien au-delà de la sphère militaire : il pose une question centrale sur l’avenir de l’armée dans un État de droit fragilisé. L’opinion publique reste divisée entre ceux qui voient dans ces mesures un assainissement nécessaire et ceux qui dénoncent la dénaturation d’une institution républicaine.

    l’US Army, une « institution républicaine » ? Par contre, au vu des nouvelles réorientations de l’ancienne #doctrine_Monroe, pour l’Occident global, les craintes sont bien réelles.

  • Violences sexuelles, scandale de Bétharram : ce que révèlent les archives de l’Église
    https://theconversation.com/violences-sexuelles-scandale-de-betharram-ce-que-revelent-les-archi

    Avec le scandale de Notre-Dame de Bétharram, la question des violences sexuelles au sein de l’Église et des établissements d’enseignement catholiques est à nouveau au cœur de l’actualité. Le rapport Sauvé (2021) estimait à 330 000 le nombre de victimes depuis les années 1950 (un tiers des abus auraient été commis dans les établissements scolaires). L’Église, qui a multiplié les dispositifs et communications depuis les années 2000, agit-elle efficacement contre ces crimes ? L’État et la justice civile ont-ils changé de posture face à une institution religieuse très autonome qui a longtemps dissimulé ces violences ? Quid du cas particulier de Bétharram et de François Bayrou ? Entretien avec Thomas Boullu, historien du droit, qui a enquêté au sein des diocèses et des communautés afin de comprendre l’évolution du phénomène.

    The Conversation : Comment avez-vous mené votre enquête historique sur les violences sexuelles commises par des prêtres, dans le cadre du rapport Sauvé finalisé en octobre 2021 ?

    Thomas Boullu : La commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), dirigée par Jean-Marc Sauvé, a proposé à plusieurs équipes de chercheurs d’enquêter sur les abus sexuels sur mineurs et sur les personnes vulnérables au sein de l’Église catholique depuis les années 1950. Une équipe a proposé une méthode d’analyse quantitative aboutissant à une estimation de 330 000 victimes. L’équipe à laquelle j’appartenais a fait un travail historique et qualitatif fondé sur l’étude d’archives.

    Pendant deux ans, avec Philippe Portier, Anne Lancien et Paul Airiau, nous avons fouillé 30 archives diocésaines et 14 archives de congrégations de communautés et d’associations de fidèles pour essayer de comprendre ce qui explique la grande occurrence de ces violences sexuelles. Nous avons également utilisé les signalements faits par l’intermédiaire d’une cellule d’appel. Au total, nous avons identifié 1 789 individus auteurs condamnés ou accusés de violences sexuelles.

    Sur place, lors de nos visites, l’accueil n’était pas toujours le même. Il était parfois très bon et la collaboration sincère. Dans d’autres cas, on nous a refusé tout accès, comme à Bayonne, dont dépend Notre-Dame de Bétharram. Il est également arrivé que les évêques nous accueillent, mais taisent volontairement l’existence de certaines archives compromettantes. Dans les congrégations et les communautés, l’expérience était toujours particulière. Certaines donnent le sentiment de vivre un peu hors du monde, comme chez les frères de Saint-Jean où mon arrivée coïncidait avec un jour de silence pour l’ensemble des frères. Ce qui n’est pas toujours pratique lorsqu’on enquête…

    T. C. : Qu’a fait l’Église pour agir contre les violences sexuelles depuis le rapport Sauvé, il y a plus de trois ans ?

    T. B. : La principale réforme est celle de la mise en place de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) pour les victimes. Cette dernière permet notamment de pallier l’impossibilité pour les victimes de se présenter devant la justice des hommes lorsque les faits sont prescrits ou lorsque l’auteur est décédé.

    Au-delà de cette instance, la plupart des diocèses se sont engagés auprès de la justice en concluant des protocoles avec les parquets. Ces accords précisent que l’évêque s’engage à dénoncer ceux des prêtres placés sous son autorité qui sont suspectés d’avoir commis des violences sexuelles. Cette pratique avait commencé avant notre enquête, mais il y a eu une généralisation. Ces accords sont des accords particuliers entre l’Église et l’État. Comme si la dénonciation n’allait pas de soi. Ces protocoles – dont la valeur juridique peut largement être interrogée – sont assez surprenants et semblent, parfois, être un stigmate d’un ancien monde où l’Église fonctionnait à l’écart de la société civile.

    Outre ces protocoles, des cellules d’écoute des victimes sont présentes presque partout maintenant dans les diocèses. Elles associent parfois des juristes, des procureurs, des psychologues, représentants d’associations et des membres de l’administration diocésaine. Mais, là encore, cela est piloté par l’Église qui se présente, au regard de ses paroissiens, comme apte à réagir en mettant en place des institutions nouvelles.

    Dans sa relation avec les tribunaux laïques (il existe des tribunaux canoniques), comme pour les cellules d’écoute, l’Église reste en partie pensée comme une « société parfaite », capable de gérer ces questions toute seule.

    Dans l’ensemble, depuis les années 1950, un nombre important d’instances sur les problématiques sexuelles sont mises en place par l’Église, bien avant la commission Sauvé. Cette dernière réagit, comme elle le fait depuis des siècles, en traitant le problème en interne par la mise en place d’institutions, de politiques, de sanctions, de déplacements. La logique des sanctions prises par l’Église emprunte beaucoup au droit canonique et à son évolution. Il faut rappeler que si l’État limite la juridiction de l’Église à partir du XIVe siècle, cette dernière dispose au cours du Moyen Âge d’une vaste compétence en droit pénal. Contrairement au droit laïque, essentiellement répressif, le droit pénal canonique met en avant la repentance, le pardon, la réinsertion, le salut de l’âme.

    Le prêtre fautif peut être amené à faire le jeûne, ou « tenir prison », c’est-à-dire se retirer dans une abbaye ou dans une trappe pour méditer sur ses fautes. On peut également faire l’objet d’un déplacement ou être placé dans des cliniques – réservées aux « prêtres dans la brume ». Ces dernières se multiplient à compter des années 1950 pour soigner les clercs souffrant d’alcoolisme, de maladies psychiatriques ou des auteurs d’agressions sexuelles.

    Dans le diocèse de Bayonne, le même que celui de Bétharram, une clinique particulière s’installe à Cambo-les-Bains, entre 1956 et 1962. Elle sera ensuite déplacée à Bruges, près de Bordeaux.

    Si sauver l’âme de l’auteur est impossible, reste la sanction ultime : l’excommunication, mais elle est rare.

    T. C. : L’Église, qui possède une culture de sanctions propre, se soumet-elle désormais à la justice civile ?

    T. B. : L’Église peine à se départir de son propre mode de fonctionnement qui a régi sa politique pendant plusieurs siècles, mais il faut toutefois noter une récente évolution et un rapprochement avec la justice des hommes.

    L’Église se transforme du fait de plusieurs dynamiques profondes qui la dépassent, notamment en raison d’une évolution des mentalités collectives vis-à-vis des violences sexuelles. Au XVIIIe ou au XIXe siècles, ce n’est pas l’agresseur sexuel qu’on craint en premier. La société a davantage peur du voleur de nuit qui rôde et qui s’introduit dans les maisons et égorge ses habitants. La figure du criminel « pédophile » comme image du mal absolu est relativement récente. Les écrits de Tony Duvert ou de Gabriel Matzneff sont encore tolérés dans les années 1970-1980. Avec l’affaire Dutroux de 1996, le monde occidental connaît toutefois une nette évolution qui pénètre aussi l’Église : les paroissiens comme les prélats acceptent de plus en plus mal ces infractions.

    La deuxième raison qui fait évoluer l’institution, c’est la question de la gestion des risques. En 2001, on a la première condamnation d’un évêque – l’évêque de Bayeux, Monseigneur Pican. Elle donne lieu à de très nombreux courriers au sein de l’épiscopat entre les prêtres eux-mêmes, au sein de la Conférence des évêques de France et même avec le Vatican. Ces courriers montrent bien qu’il y a une inquiétude. Le monde de l’Église se rend compte qu’il s’expose à des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à la prison.

    En conséquence, les évêques commencent à consulter des avocats qui leur expliquent que les anciennes pratiques ne sont plus acceptables et les exposent à des condamnations. Une lettre rédigée par un avocat retrouvée dans les archives conseille, par exemple, aux évêques de supprimer les documents compromettants et de changer leur mode de gouvernance.

    À partir de 2001, des réunions se tiennent au 106, rue du Bac, à Paris. Elles seront fréquentes et réunissent des évêques, des théologiens et des juristes réputés proches de l’Église. Des documents compromettants y circulent. Ce « groupe du 106 » envisage une communication plus large pour lutter contre ces abus, sans que la justice pénale ne s’en mêle. En 2001, une brochure est distribuée dans l’intégralité des paroisses pour lutter contre la pédophilie. C’est une première initiative qui traduit une évolution.

    T. C. : L’Église a-t-elle couvert des crimes sexuels avec la tolérance de la justice ou d’institutions civiles ?

    T. B. : Jusque dans les années 1960-1970, de nombreux procureurs acceptent de ne pas engager des poursuites contre un prêtre, voire de ne pas les arrêter, afin de permettre l’extraction du suspect. Les courriers entre les procureurs et les évêques, retrouvés dans les archives, montrent que ces derniers s’engageaient à retirer leur prêtre dans une logique de gestion interne et afin d’interrompre le trouble à l’ordre public. La plupart de ces lettres datent des années 1950.

    Par la suite, ces pratiques tendent à reculer. Dans les années 1970, puis encore davantage dans les années 1980, les affaires sont plus difficiles à étouffer pour ces procureurs. La magistrature d’influence catholique recule au profit de nouveaux juges laïcs ou athées. J’ai pu découvrir des archives récentes où les procureurs sollicitent des entretiens avec les évêques pour faire le point comme ils s’adresseraient à des autorités au sein de leur territoire.

    Dans ces écrits, il n’y a plus de place pour la dissimulation, mais pour une collaboration au service de la justice civile. C’est ainsi que ces protocoles parquet/diocèse doivent être compris. Des relations particulières entre les procureurs et les évêques peuvent subsister, mais la justice civile domine celle de l’Église. Concrètement, les prêtres et les évêques doivent donc dénoncer les leurs lorsqu’ils ont eu vent d’une agression sexuelle.

    T. C. : Qu’avez-vous découvert dans vos archives concernant les relations entre médias et institution religieuse ?

    T. B. : Pour que l’Église fonctionne en « société parfaite », elle a longtemps eu besoin de relais. Ces relais se trouvaient dans la magistrature, dans le monde politique et, globalement, dans la plupart des milieux influents. Nos archives nous montrent l’existence de ces relais dans les médias des années 1950, 1960 et 1970.

    Des années 1950 aux années 1970, on trouve des lettres de responsables de journaux qui s’adressent à leurs évêques en leur disant : « Cher ami, Monseigneur, j’ai l’information sur notre territoire de plusieurs agressions sexuelles. Bien entendu, je ne ferai pas de papiers, mais, attention, le bruit pourrait s’ébruiter. »

    Dans l’autre sens, nous avons trouvé des archives d’évêques qui écrivent au journal local sur le mode « Cher ami, le prêtre X est passé en jugement. Nous vous serions gré de ne pas rédiger d’articles sur ce sujet afin qu’un scandale n’éclabousse pas davantage notre institution ». Et les journaux – dans une logique de bonne collaboration au sein du territoire – acceptent les doléances de l’évêque et ne publient aucune information sur le sujet.

    Désormais, l’Église ne bénéficie plus de ces relais. Les médias publient beaucoup sur le sujet des violences sexuelles et n’épargnent plus l’Église.

    T. C. : Qu’en est-il des violences sexuelles dans les établissements scolaires à la suite du scandale de Bétharram ? François Bayrou est soupçonné d’avoir protégé cette institution…

    T. B. : François Bayrou assume une certaine proximité avec des courants catholiques conservateurs ou faisant l’objet de nombreuses critiques. Il reconnaît en particulier être proche de la communauté des Béatitudes, fondée dans les années 1970 au lendemain du concile Vatican II et qui fait l’objet de très nombreuses plaintes pour phénomène sectaire et pour diverses agressions sexuelles.

    Je crois que la question de Bétharram – entendue sous un angle politique – dépasse la simple question de la responsabilité de François Bayrou en matière de non-dénonciation. Elle pose également la question de la pertinence pour un premier ministre d’être proche de cette communauté. Cette dernière procédait à des séances de guérisons collectives et traverse des scandales de manière presque ininterrompue depuis sa fondation. De manière plus large, c’est aussi la question de la frontière entre la foi d’un homme politique et ses actions pour le bien de la nation qui est posée.

    T. C. : Dans le rapport Sauvé, un tiers des violences sexuelles dénombrées a lieu dans des établissements catholiques. Élisabeth Borne a déclaré qu’il y aurait un plus grand nombre de contrôles désormais, ils étaient extrêmement faibles jusqu’à présent…

    T. B. : Notre étude pointe du doigt les violences sexuelles commises dans les établissements scolaires catholiques. Les violences perpétrées dans les années 1950-1960 ou 1970 sont légion. Elles sont souvent commises en milieu scolaire ou dans le cadre du « petit séminaire » qui, éventuellement, prépare ensuite à une carrière ecclésiale. Dans bon nombre de ces institutions, les enfants dorment alors sur place. Il y a des dortoirs avec des individus chargés de les surveiller, de la promiscuité.

    Ce sont les FEC, les Frères des Écoles chrétiennes, qui arrivent en tête des congrégations en termes du nombre d’agresseurs sexuels. D’autres congrégations suivent, comme les Frères maristes ou les Frères de l’instruction de Ploërmel. Si on ajoute les jésuites – qui assurent également des missions d’enseignement –, il y a une nette prévalence de ces institutions par rapport aux autres.

    À partir des années 1970, avec un net mouvement de laïcisation et le recul de l’enseignement catholique, les violences sexuelles au sein de ces institutions tendent à diminuer. Ces congrégations enseignantes ont une activité très résiduelle voire nulle aujourd’hui. Les collèges et les lycées privés actuels ne sont guère comparables avec les anciennes institutions et les agressions y sont assurément moins nombreuses.

    T. C. : Les violences contemporaines sont plutôt situées dans les diocèses désormais ?

    T. B. : Absolument. Si les violences sexuelles au sein des établissements scolaires catholiques continuent à exister, la plupart des agressions ont surtout lieu dans les diocèses, au cœur des paroisses désormais.

    Cette évolution se mesure d’ailleurs si l’on observe le profil des victimes et des agresseurs. Dans les années 1950-1960 ou 1970, la victime type identifiée par les archives est un garçon placé auprès des congrégations enseignantes et qui, en moyenne, a entre 7 et 10 ans. Désormais, le profil premier des personnes abusées, ce sont des jeunes filles de 13, 14, 15 ans. Des paroissiennes qui sont au contact du curé et qui ont des liens privilégiés avec lui.

    Cas typique : les parents de la victime sont amis avec le curé, fréquemment invité à manger ou à dormir à la maison. Dans d’autres cas, les parents ne s’occupent pas de l’enfant, et le prêtre se considère comme responsable de son éducation. Un rapport de domination s’installe, susceptible de dériver vers une agression.

    Le troisième modèle, fréquemment rencontré, est celui mieux connu des centres de vacances ou du scoutisme. C’est le cas dans l’affaire Preynat qui a dérivé sur l’affaire du cardinal Barbarin que les journaux ont largement relayé et dont le scandale est à l’origine de la formation de la commission Sauvé.

    T. C. : Quid des violences sexuelles dans les « communautés nouvelles » ?

    T. B. : Les communautés nouvelles naissent au cours des années 1970. Elles s’inscrivent dans un mouvement désigné sous le terme de renouveau charismatique qui suppose un rapport particulier avec la grâce et une relation repensée avec Jésus-Christ. J’ai cité les Béatitudes, mais on peut également évoquer le Chemin neuf ou les Puits de Jacob. De manière générale, les années 1970 donnent lieu à la création de nombreuses nouvelles structures ou communautés qui – même si elles se détachent parfois du mouvement charismatique – vont être sévèrement touchées par la question des violences sexuelles.

    Dans nombre de ces structures, on note la fréquence de grappes d’agresseurs sexuels. Ces foyers sont souvent à l’écart des villes, dans des endroits un peu reclus, où l’on vit en totale synergie et communauté. À compter des années 1970, les archives montrent que de nombreuses agressions ont lieu dans ces nouvelles communautés. Par exemple, 40 individus ont ainsi été identifiés dans la communauté des Frères de Saint-Jean. En outre, les agresseurs de ces communautés sont davantage multirécidivistes que dans les congrégations enseignantes.

    T. C. : Quelle est la sociologie des auteurs de violences sexuelles dans l’Église ?

    T. B. : Comme pour les victimes, il y a une évolution du profil des auteurs au cours du siècle. Dans les années 2020, le prêtre agresseur a 58 ans en moyenne alors qu’il n’a que 38 ans en moyenne dans les années 1950. Cette évolution s’explique principalement par le vieillissement progressif de la population cléricale en France. Les jeunes sont également moins concernés actuellement en raison de la qualité de la formation au grand séminaire qui évolue entre les années 1950 et 2020. Sans être absolument centrale, la problématique de la sexualité est un peu mieux appréhendée – ce qui pourrait expliquer le recul des agresseurs jeunes dans nos statistiques.

  • Violences sexuelles, scandale de Bétharram : ce que révèlent les archives de l’Église

    Avec le scandale de Notre-Dame de Bétharram, la question des violences sexuelles au sein de l’Église et des établissements d’enseignement catholiques est à nouveau au cœur de l’actualité. Le rapport Sauvé (2021) estimait à 330 000 le nombre de victimes depuis les années 1950 (un tiers des abus auraient été commis dans les établissements scolaires). L’Église, qui a multiplié les dispositifs et communications depuis les années 2000, agit-elle efficacement contre ces crimes ? L’État et la justice civile ont-ils changé de posture face à une institution religieuse très autonome qui a longtemps dissimulé ces violences ? Quid du cas particulier de Bétharram et de François Bayrou ? Entretien avec Thomas Boullu, historien du droit, qui a enquêté au sein des diocèses et des communautés afin de comprendre l’évolution du phénomène.

    https://theconversation.com/violences-sexuelles-scandale-de-betharram-ce-que-revelent-les-archi

    #eglise

  • « Fort Knox numérique » : le pari risqué du bitcoin en réserve stratégique des États-Unis
    https://theconversation.com/fort-knox-numerique-le-pari-risque-du-bitcoin-en-reserve-strategiqu

    Le plan de Donald Trump d’ajouter le bitcoin au bilan de la Réserve fédérale est sans précédent. Audace visionnaire ou pari risqué ? Côté audace : Trump. Côté prudence : la Réserve fédérale des États-Unis.

    En mars 2025, Trump signe un décret exécutif (« executive order ») établissant une réserve stratégique de bitcoins. Il vise à reconnaître officiellement le bitcoin comme un actif de réserve. Il prévoit aussi d’inclure dans cette réserve d’autres cryptoactifs : l’éther, le XRP, le solana et le cardano. Ce qui avait alors fait grimper leur valeur sur les marchés. Concrètement, la banque centrale des États-Unis – la Réserve fédérale (communément nommée la Fed) – pourra utiliser la cryptomonnaie pour prêter à des banques ou pour intervenir sur le marché des changes.

    Cette réserve sera initialement financée par les bitcoins que le gouvernement américain possède déjà, principalement issus de saisies judiciaires dans des affaires de cybercriminalité ou de blanchiment d’argent. Par exemple, en novembre 2021, le ministère de la justice a annoncé la saisie de plus de 50 676 bitcoins liés à des activités illégales sur le marché du Darknet, Silk Road. Plutôt que de les revendre, ces actifs sont conservés dans une logique de placement à long terme. Le décret de Trump demande également aux agences concernées d’explorer des moyens « budgétairement neutres » pour acquérir du bitcoin, c’est-à-dire sans coûts nouveaux pour les contribuables.

    En positionnant le bitcoin comme de « l’or numérique », l’administration Trump présente cette mesure comme une innovation audacieuse. Ce pari suscite un scepticisme important de la part des banquiers centraux et des régulateurs. Ces derniers alertent sur les obstacles juridiques et les risques pour la stabilité financière. Dans cet article, nous examinons le pari de Trump sur le bitcoin, ainsi que la réponse des institutions américaines, des régulateurs et des autorités financières mondiales, pour en évaluer la faisabilité et les implications.

    #Bitcoin #Monnaie_numérique #Fed #Trump

  • « Make Religion Great Again » : la place de la religion dans l’État trumpien

    Le 7 février dernier, Donald Trump a créé au sein de la Maison Blanche un « bureau de la foi », chargé de renforcer la place de la religion aux États-Unis. Que signifie la création de cette nouvelle instance, et que dit-elle de l’administration Trump 2 ?

    https://theconversation.com/make-religion-great-again-la-place-de-la-religion-dans-letat-trumpi

    #international #usa #religion

  • Les armes chimiques utilisées par la France pendant la guerre d’Algérie : une histoire occultée

    Le récent film documentaire de Claire Billet Algérie, sections armes spéciales, disponible sur la plateforme France TV, vient jeter une lumière crue sur l’utilisation massive de gaz asphyxiants par la France durant la guerre d’Algérie – des faits largement méconnus qui, du fait de l’amnistie générale incorporée dans les accords d’Évian, ne peuvent être jugés. L’historien Christophe Lafaye, dont les travaux se trouvent à l’origine du documentaire, revient ici en détail sur ces années de guerre chimique.

    https://theconversation.com/les-armes-chimiques-utilisees-par-la-france-pendant-la-guerre-dalge

    #france #algerie #clonisation

  • Aux États-Unis, Trump à l’assaut de l’éducation, entre censure, coupes budgétaires et répression

    Aux États-Unis, voilà quelques années que les programmes scolaires et les universités sont régulièrement pris pour cible par les militants ultraconservateurs. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, cet assaut contre l’éducation prend une ampleur inédite et se décline au niveau fédéral comme dans les districts scolaires.

    https://theconversation.com/aux-etats-unis-trump-a-lassaut-de-leducation-entre-censure-coupes-b

    #international #usa

  • La destruction des données scientifiques aux États-Unis : un non-sens intellectuel, éthique mais aussi économique

    Dans un monde où l’information est devenue à la fois omniprésente et suspecte, la destruction délibérée de bases de données scientifiques évoque de sombres souvenirs historiques. Elle représente une menace sérieuse pour l’avenir de la connaissance partagée, le progrès scientifique global et, plus fondamentalement, la richesse des nations.

    https://theconversation.com/la-destruction-des-donnees-scientifiques-aux-etats-unis-un-non-sens

    #international #usa

  • Pourquoi les déchets plastiques ne se dégradent-ils jamais vraiment ?
    https://theconversation.com/pourquoi-les-dechets-plastiques-ne-se-degradent-ils-jamais-vraiment

    Nos travaux en cours montrent que ce phénomène va bien au-delà de la simple fragmentation. En laboratoire, nous avons observé que le polyéthylène, exposé aux UV et aux forces mécaniques de l’eau, produit des microplastiques et nanoplastiques à un rythme accéléré. Et une libération importante d’additifs chimiques. Après quelques mois d’exposition, des substances telles que le dioxyde de titane migrent hors du polymère et contaminent l’eau.

    Pis, notre étude montre que la photodégradation du polyéthylène produit des gaz à effet de serre, notamment du méthane, CH4 et du dioxyde de carbone, CO2 (de l’ordre de 300 grammes par kilogramme de polyéthylène d’après nos expériences). En d’autres termes, le plastique ne se contente donc pas de polluer : il contribue aussi au changement climatique.

    300g de CO2/kg de plastique (sans combustion) c’est énorme.