« La ’diplomatie de punition’ évoque une déviation par rapport à la norme »

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  • Bertand Badie dans Le Monde : « La ’diplomatie de punition’ évoque une déviation par rapport à la norme »
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/09/04/la-diplomatie-de-punition-evoque-une-deviation-par-rapport-a-la-norm

    le vrai problème est celui de l’opération elle-même, c’est-à-dire sa légalité, sa légitimité et son efficacité. Sur cela, on entend que de vagues propos embarrassés.

    A la base de la prévention, il y a la persuasion et la négociation : il est étonnant de constater que dès l’origine du drame syrien, la diplomatie n’ait eu en tête que le recours à la force ou à la stigmatisation sans jamais réellement créer les conditions d’une négociation entre les partenaires.

    Et une sévère critique de la diplomatie hexagonale (cf. mes interrogations il y a quelques jours : http://seenthis.net/messages/172305)

    j’ai émis l’hypothèse que le nuage du néoconservatisme avait quitté les Etats-Unis et franchi l’Atlantique pour se stabiliser au-dessus de l’Europe.
    Le phénomène semble paradoxalement remarquable quand on considère la France, celle des deux dernières années du mandat de Jacques Chirac, celle de Nicolas Sarkozy et celle, aujourd’hui, de François Hollande. Comme si néogaullisme, libéralisme et social-démocratie se rejoignaient dans une expression en même temps rhétorique et politique, reprenant parfois jusqu’aux termes et aux réflexes d’un néoconservatisme inventé aux Etats-Unis, au tournant du siècle.
    Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Je crois qu’avec la première décennie du XXIe siècle, la diplomatie française a perdu ses repères. En tant qu’un des plus forts soutiens du multilatéralisme, elle a souffert de l’avilissement de celui-ci durant la présidence Bush. Leader de la politique étrangère européenne jusqu’en 2004, elle a ressenti l’élargissement de l’union vers l’Est comme une perte grave d’influence qui, effectivement aujourd’hui, la prive de son leadership d’hier.
    Le brouillage qui est intervenu dans sa politique arabe et sa politique africaine l’a incontestablement affaibli. Le néoconservatisme est significativement un courant de pensée qui peut autant s’abreuver dans les idéologies de droite que dans celles de gauche, ou plus exactement du centre gauche. Mettant trop facilement en exergue l’exaltation du droit en faveur de causes présentées comme justes, il offre une ligne facile aux diplomaties qui ont perdu de leur identité. Il accomplit sur la scène mondiale une fonction qui ressemble à celle du populisme sur le plan national. Peut-être est-ce là un aspect de la crise que subit notre politique étrangère depuis une petite dizaine d’années.