• Maternelle : De faux bons résultats (Rémi Brissiaud)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/18092013Article635150858806829907.aspx

    Pour Rémi Brissiaud, spécialiste reconnu de l’enseignement des mathématiques au primaire, les bons résultats détectés à l’entrée en CP ne sont pas porteurs de bonnes nouvelles. L’apprentissage trop précoce du comptage se paye au prix fort dans la scolarité.
    […]
    Concernant les nombres, la récente étude la DEPP montre qu’entre 1997 et 2011, les élèves rentrant au CP ont progressé dans deux taches : écrire la suite des nombres dans l’ordre et reconnaître parmi plusieurs propositions d’écritures chiffrées, celle d’un nombre prononcé. Elle ne montre que ça et il n’est pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.
    […]
    Avant 1986, sous l’ère piagétienne de notre école, ni le comptage, ni la lecture, ni l’écriture des nombres n’étaient enseignés à l’école maternelle. En revanche, depuis 1986, le temps consacré à ces apprentissages est de plus en plus long. Or, une autre étude de la DEPP (Roche, 2008) a mis en évidence qu’après le tournant de 1986, en une douzaine d’années, les performances en calcul des élèves de CM2 se sont effondrées. En fin d’école primaire, les élèves ayant appris avec les divers programmes publiés depuis 1986, calculent beaucoup moins bien que ceux ayant appris avec les programmes de 1970 (ceux de l’ère piagétienne). Il s’agit d’un phénomène bien étrange : en commençant leurs apprentissages numériques bien plus précocement, les élèves d’après 1986 calculent très mal en fin d’école primaire.

    Cependant, les pédagogues exerçant vers le milieu du siècle dernier nous avaient alertés : un apprentissage précoce du comptage et de la lecture-écriture des nombres conduit effectivement à des progrès à court terme dans chacun des savoir-faire exercés mais, pour beaucoup d’enfants, cela se fait au prix de l’entrée dans une mécanique sans signification dont ils ne sortiront qu’avec beaucoup de difficulté.

    #éducation #école_maternelle #mathématiques #évaluation

  • Rémi Brissiaud : #Maternelle : De faux bons résultats
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/18092013Article635150858806829907.aspx

    Rémi Brissiaud : Maternelle : De faux bons résultats

    Pour Rémi Brissiaud, spécialiste reconnu de l’enseignement des mathématiques au primaire, les bons résultats détectés à l’entrée en CP ne sont pas porteurs de bonnes nouvelles. L’apprentissage trop précoce du comptage se paye au prix fort dans la scolarité.

  • Devoirs : A quoi ça sert ? (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/05092013Article635139620694419927.aspx

    « Fais tes devoirs ». La phrase rythme le vécu des familles de 12 millions d’élèves qui, dès l’école primaire quittent l’école pour la retrouver à la maison. Pourtant les devoirs à la maison sont interdits pour l’enseignement primaire depuis... 1956. Leur utilité est contestée. Pire encore leur nocivité est affirmée. Alors pourquoi ça dure ?

    Combien d’heures ? […] 68% des élèves consacrent plus d’une heure par jour aux devoirs à la maison. […] On a pu estimer entre 6 et 11 heures hebdomadaires le temps passé aux devoirs en 6ème et de 10 à 20 heures en lycée. […] En France, plus une classe sera jugée faible plus les enfants emporteront de travail à faire.

    Quelle utilité ? Ce qui est certain c’est que les devoirs n’améliorent pas l’appétance pour l’école. […] En France, Patrick Rayou, […] estime qu’il « ne semble pas que les devoirs soient utiles aux élèves qui ont le plus besoin de compléter des apprentissages qui n’ont pas été convenablement mis en place pendant les séquences de cours... Le report à la périphérie de la classe des moments dans lesquels les élèves sont censés être actifs peut se révéler très discriminant ». […]

    Alors pourquoi ça dure ? Le travail de P. Rayou montrait également que nombre d’ enseignants ne sont plus convaincus de l’utilité des devoirs à la maison. Mais ils craignent le regard des parents et d’être perçu comme peu sérieux s’ils ne donnent pas un fort volume de devoirs. […]En France, où les parents sont tenus aux portes de l’École, le devoir est devenu le lien le plus important entre école et famille.

    #éducation #école #devoirs_à_la_maison

  • Pédagogie différenciée : 10 conseils + 1 ! (Sylvain Grandserre, Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2013/09/09092013Article635143083792793702.aspx

    1/ Dans une classe, l’hétérogénéité est la règle ! L’homogénéité étant l’exception, il faut cesser d’être surpris de ne pas pouvoir faire avancer tout le monde de la même manière même si les programmes en donnent l’illusion.

    2/ La différence entre élèves est normale ! Qu’il s’agisse d’écarts de vitesse, d’autonomie, de motivation, d’intérêt, de compréhension, on ne peut plus être « indifférents aux différences » mais devons inclure cette approche dans le fonctionnement habituel de la classe.

    3/ Dans aucune classe, le travail n’est accompli en même temps avec la même efficacité. Il est donc nécessaire d’anticiper sur ces différences d’autant plus qu’un travail inadapté et l’attente sont des facteurs inducteurs de désordre. C’est donc à tout moment qu’un élève doit pouvoir trouver un travail intéressant à faire.

    4/ La différenciation n’est pas un problème, c’est une solution ! Ça peut sembler difficile, surtout pour une pratique que l’on n’a le plus souvent ni vue ni vécue. Mais il est encore bien plus difficile de s’en tenir à la coercition. La souplesse pédagogique est la vraie rigueur, la rigidité étant signe de laxisme.

    5/ Tous les élèves ont besoin de différenciation ! Dans un système scolaire où trop d’élèves s’ennuient, il faut aussi penser la pédagogie différenciée à destination des meilleurs élèves.

    6/ La différenciation n’est pas le différentialisme ! Il ne s’agit pas d’enfermer un élève mais de lui permettre de s’en sortir. C’est justement le moyen d’échapper au déterminisme et à la reproduction sociale.

    7/ L’individualisation s’équilibre avec une pédagogie coopérative. La différenciation ne consiste pas à personnaliser en permanence le travail de l’élève mais à l’adapter au bon moment. La coopération entre élèves garantit l’échange, l’entraide, la communication, le tutorat, la vie de classe.

    8/ Pour différencier le travail des élèves, on doit actionner tous les leviers d’une classe :
    – Le temps (en donner plus ou moins)
    – La difficulté (graduer le travail autour d’une même notion avec des exercices différents)
    – Les outils (autoriser ou pas le dictionnaire, le cahier de leçons, les anciens exercices, les affichages…)
    – La quantité (plus ou moins de travail à faire en un même temps)
    – Les aides (avec ou sans celles de l’adulte ou des camarades)
    – L’autonomie (un travail aux étapes indiquées ou pas)
    – L’organisation (temps de travail collectif et individuel)

    9/ Inverser l’idée qu’on se fait du travail collectif en classe : non pas une tâche que ne finissent jamais les derniers mais un travail que tout le monde réalise, la différenciation intervenant pour ceux qui ont réussi le plus vite au travers d’activités en autonomie :
    – Approfondir par un autre exercice
    – Écrire un texte libre qu’on présentera à la classe
    – Effectuer des recherches pour un exposé à venir
    – Mémoriser sa poésie, une chanson, une leçon, son texte de théâtre (selon projet)
    – Fabriquer un exercice ou un jeu en lien avec le travail collectif
    – Mettre à jour sa correspondance (lettre, invention de jeux, mise au propre)
    – Lire en silence (notamment pour préparer une présentation d’ouvrage à la classe)
    – Préparer une lecture pour une autre classe (notamment maternelle)
    – Faire des jeux d’entraînement sur l’ordinateur
    – Rédiger son courrier pour les boîtes aux lettres de la classe (propositions, problèmes, félicitations…)
    – Illustrer sa poésie, sa correspondance, avancer dans le projet d’arts visuels
    – Créer une construction géométrique pour la classe (mesurer, tracer, utiliser les outils)
    – Avancer dans son plan de travail notamment dans les fichiers de lecture ou de maths
    – Faire des jeux : sudoku, mots mêlés, mots croisés, charades…
    – Aller aider les autres qui le demandent et sans faire à leur place
    […]

    10/ Quand un enfant dit « j’ai tout fait ! », ne pas lui dire d’ouvrir la fenêtre ;-) mais lui demander ce qu’il aimerait faire maintenant. On sera parfois surpris des bonnes idées que peuvent avoir les élèves pour occuper leur temps intelligemment.

    +1/ Bonus de mise en garde : la pédagogie différenciée demande à l’enseignant une remise en cause de l’approche traditionnelle d’enseignement. Elle peut être source de travail supplémentaire pour sa mise en place. Elle réclame un certain niveau de maîtrise et d’expertise. Pourtant, le plus difficile peut être à venir ! En effet, la prise en compte des difficultés de l’élève peut être rejetée par les parents qui peuvent vivre cette adaptation comme une discrimination. Certains préfèrent que leur enfant soit en échec en faisant comme tout le monde plutôt que de le voir réussir un travail à part et adapté. Il en est de même parfois pour les élèves. Autant dire que cette pratique s’accompagnera nécessairement d’une bonne communication avec les parents, les élèves, les collègues, mais aussi d’un climat de classe apaisé, confiant et bienveillant.

    #éducation #école #pédagogie #différenciation #bienveillance

    • Les recommandations des pédagogues se transforment le plus souvent sur le terrain en injonctions hiérarchiques qui ne laissent aucune place à l’échange entre enseignants. Echanges qui, dans ce cadre, me paraissent indispensables car la solution miracle n’existe pas. Je me suis usé pendant toute ma carrière à tenter de mettre en place LA méthode qui me conviendrait. Je n’ai trouvé que peu de réponses satisfaisantes et comme toute méthode en matière de relations humaines, elle a trouvé ses limites, liées à des contraintes purement matérielles, exigüité des locaux, ressources limitées de l’école entre autres.

    • Il y a cette fameuse blague :

      « La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! » (Albert Einstein)
      J’ai toujours pensé que la pédagogie était à l’intersection de la théorie et de la pratique…

      Du côté de la hiérarchie, il est certain qu’il n’y a rien à attendre, voire même que leur seule compétence est de transformer avec constance l’or en plomb et de récompenser la médiocrité ordinaire…

      Néanmoins, c’est tellement mieux d’essayer… avec les quelques marges de manœuvre qui nous restent, même si j’entends qu’à l’heure des comptes, la déception peut être au rendez-vous. Quant à Sylvain Grandserre, c’est mieux qu’un pédagogue, c’est un pédagogue-en-classe et sa synthèse est une belle feuille de route à garder en tête quand tout semble prendre l’eau.

      Et puis cette année, je n’ai pas envie de me laisser aller à la morosité. J’ai un beau projet de réalisation de très-courts-métrages en tutorat lycéens pro - CP. J’ai hâte de voir ce que ça va donner :)

  • Une charte de la laïcité, oui… mais pour qui ? (Le Café Pédagogique)
    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/09/09092013Article635143083812606210.aspx

    Il est vrai que souvent, la problématique de refus d’accès à la piscine est justifiée par des choix liés à la religion. La charte aurait dans ce cas là un intérêt évident. Mais les explications peuvent aussi être plus communes. Sans rentrer dans de longues explications, quel adolescent n’a pas un rapport à son corps problématique ? […] Par contre, il convient de noter que les problèmes liés à la natation sont souvent très loin des problèmes religieux et de laïcité. En effet, quel sens peut trouver un élève dans le fait d’apprendre à nager, alors qu’il n’a quasiment aucune chance de voir la mer un jour dans sa vie, ou de payer l’accès à une piscine publique ? Il me semble que la véritable problématique est plutôt celle de la cohérence entre l’offre culturelle accessible pour les habitants des quartiers populaires et la culture scolaire.

    […]

    Par contre, ce qui est frappant c’est le décalage entre la culture que l’on souhaite enseigner, la culture scolaire et les possibilité d’accéder à cette culture en dehors de l’école. […] Evoquer la laïcité et la nécessité de l’accès à une culture commune de haut niveau, c’est bien. Mais il est nécessaire que cette préoccupation de l’école soit également prise en compte dans la politique sociale du pays. Cette charte ne peut avoir qu’un impact limité en l’état actuel des choses. Les problématiques ici sont principalement des problématiques sociales, territoriales.

    #éducation #laïcité #inégalités #EPS