Lettre ouverte à Franck Ferrand, ou comment De Gaulle a disparu des programmes d’histoire

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  • Lettre ouverte à Franck #Ferrand. On remarquera qu’il suit Max #Gallo jusque dans la coiffure.
    #zemmourhistory #rentedesituation_reac

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    C’est donc une pointure médiatique tout autant qu’un homme versé dans l’histoire qui s’assied le 5 septembre, au micro de Thomas Sotto pour éclairer l’auditeur d’Europe 1 sur les tout récents programmes d’histoire-géo des classes de 3e, de Tle L/ES et de 1re et Tle pro. On peut s’attendre, à ce moment, à ce qu’il ait vérifié ses sources et qu’il rétablisse quelques contre-vérités assenées depuis deux jours dans les médias, au nombre desquelles, par exemple, la « réduction à peau de chagrin » du XXe siècle en 3e d’après RTL – dans un programme dédié au monde depuis 1914, c’est en effet quelque peu problématique. D’ailleurs, F. Ferrand a visiblement les allègements de programmes sous les yeux lorsqu’il s’exprime.

    Mais alors, que se passe-t-il donc ? A-t-il oublié ses lentilles de contact ? Ou subitement perdu sa capacité de lire ? Quand on vous dit que les profs des écoles ne font plus leur boulot ! Voilà un mystère digne de L’ombre d’un doute. Quoiqu’il en soit, F. Ferrand accumule les bourdes et les absurdités :

    « On ne parlerait plus de De Gaulle dans le chapitre ‘2e guerre Mondiale’ mais en fin d’année dans un chapitre Ve République », lance Thomas Sotto, « Mouais, c’est pas bien, ça », opine F. Ferrand, qui ne se prive pas de donner des explications inconnues de tous sur l’importance de la 2de Guerre Mondiale dans la carrière de De Gaulle, secondé par un Thomas Sotto visiblement fier d’avoir appris dans sa leçon de terminale que « l’Homme de 58 n’existerait pas sans celui de 40 ». Petit problème néanmoins, De Gaulle apparaît bien dans le chapitre sur la Seconde Guerre Mondiale après les allègements de programmes : « Pétain et de Gaulle illustrent les deux attitudes devant la défaite militaire. On présente les conditions de l’armistice et on explique le renversement de la République. ». Il semble évident également – au moins pour tout professeur d’histoire-géographie normalement constitué – que son nom sera également évoqué lorsque le cours traitera du point suivant : « En liaison avec la France libre, la Résistance intérieure lutte contre l’occupant et porte les valeurs de la République. »
    Pour ceux qui préfèrent une version plus synthétique et plus imagée © haldetrude :

    Allez, une petite erreur, ce n’est pas un drame, me direz-vous. F. Ferrand s’est trompé sous le coup de l’inquiétude. Il faut dire que son ton est particulièrement alarmé quand il poursuit : « Mais, vous savez, la dimension explicative disparaît très souvent de ces programmes. […] Pour la 3e, on enlève tout le capitalisme et l’histoire des systèmes capitalistes ». C’est-à-dire un chapitre de 1 à 2 heures qui reprenait les notions vues en classe de 4e sur le capitalisme et le libéralisme. « On supprime le chapitre consacré à la construction européenne ». Pas de chance, il ne disparaît pas, mais il est déplacé vers la partie consacrée à la Guerre Froide.

    Bon, il a sans doute eu une mauvaise version des allègements de 3e. Voyons ceux de terminale, alors : « Et même chose en terminale, […] on enlève surtout la réflexion sur la mondialisation ! ». Oh, mais, au fait… quel est le titre général du programme de géographie en Terminale L/ES, déjà ? Pardon, vous êtes bien sûr ? « Mondialisation et dynamiques géographiques des territoires ». Aux dernières nouvelles, il n’est pas question d’en ôter le terme mondialisation. Rien ne disparaît dans cette optique : ce qu’évoque en fait F. Ferrand, c’est le déplacement du chapitre « La mondialisation en débat », chapitre très court et redondant, à l’intérieur d’un autre plus long, dans le même thème. « Acteurs, processus et débats » de la mondialisation sont désormais traités ensemble : une manière d’éviter les redites, de gagner là encore une heure ou deux, et d’être plus cohérent. Le professeur ne sera pas contraint d’évoquer le problème des frontières de manière séparée à celui des territoires, et il pourra mettre dans le même sac des « acteurs de la mondialisation » les grandes firmes transnationales et les ONG. Immense changement, vous en conviendrez.