CQFD, mensuel de critique sociale

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  • Mais qu’est-ce qu’on va faire de... Lorànt Deutsch par William Blanc
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    Lunettes sur le nez, sweet à capuche, sourire sympathique, le p’tit gars Lorànt Deutsch affiche le style cool du type sorti du ruisseau, flâneur amoureux de Paris, ville à laquelle il dédicace son Métronome – L’Histoire de France au rythme du métro parisien (Éditions Michel Lafon, 2009). Encensé par les médias, ce bouquin s’est écoulé à un million cinq cent mille exemplaires, et va être adapté en documentaire pour France 5.
    Sauf que ce Métronome donne un drôle de tempo. Pour le comédien, « l’histoire de notre pays s’est arrêtée en 1793, à la mort de Louis XVI. Cet événement a marqué la fin de notre civilisation, on a coupé la tête à nos racines. » Et il va de soi que « sans religion et sans foi, on se prive de quelque chose dont on va avoir besoin dans les années à venir. Il faut réintroduire la religion en France, il faut un concordat. » Aussi ce catho royaliste nous offre-t-il dans son guide historique une vision bien à lui du passé.

    Chez Lorànt Deutsch, l’histoire est marquée par les grands hommes. Pour les grandes femmes, on repassera ! Seule sainte Geneviève trouve grâce à ses yeux pendant que les autres, les Lutéciennes puis les Parisiennes, font du shopping (page 41). Une vision somme toute classique, développée tout au long des XIXe et XXe siècles, quand l’histoire était écrite pour célébrer les chefs de guerres, les rois, les saints…

    Quant au peuple, « violent, sanglant » (4e de couverture), il ne pense qu’à grogner et se soulever. À Lorànt de lui réserver un traitement tout deutschien. Alors qu’il consacre huit pages à saint Denis, treize à sainte Geneviève, quinze à Pépin le Bref, la Commune de Paris et ses vingt mille morts sont résumés en un seul petit paragraphe ! En quelques lignes, il n’est pas question d’expliquer pourquoi le peuple parisien s’est soulevé en 1871. Tout au plus l’acteur évoque-t-il une « fureur populaire » venue d’on ne sait où, et des soldats rompant les rangs parce que « fatigués, démoralisés, déboussolés » (page 353). Mais il est vrai que le peuple a toujours été un peu bourrin : lorsque Geneviève, animée d’une « foi parfaite » (page 86), lance un appel contre les Huns – « l’envahisseur asiatique » (page 89) –, « les plus excités des Parisiens parlent […] de [la] jeter dans un puits, manière radicale de la faire taire » (page 87).

  • Des villes en jeu par Gilles Lucas
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    Courir, sauter, franchir des murs, utiliser les reliefs, les immeubles, les obstacles, le mobilier urbain, à l’instar des héros du film Yamakasi, cela s’appelle faire du parkour. Ceux qui pratiquent ce genre d’activité s’autodéfinissent comme des traceurs. CQFD a donné la parole à l’un d’entre eux.

  • Dans ta face par Juliette Volcler
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    Sardon, d’abord, c’est Vincent : rien à voir avec l’Internationale sardonique qui regroupait les bouffeurs de journalistes aux ordres et qui animait feus PLPL et le Plan B. Vincent Sardon, donc, petit-fils d’anarchiste espagnol et co-inventeur du fanzine Ego comme X. Rien à voir ? Quoique. Sardon a bien connu le petit milieu de la presse comme celui, tout aussi borné, de l’édition : il dessinait à Libé, il montrait ses BD à Angoulême. Et puis, ça l’a énervé. C’est comme ça qu’il est devenu tampographe, qu’il s’est mis, comme il l’explique lui-même, « à fabriquer des tampons par dizaines d’abord, puis par centaines, puis par milliers, au point d’habiter désormais un atelier puant le caoutchouc brûlé, le pneu, la chimie, le garage et le laboratoire ». Des tampons dans lesquels la Presse, l’Édition, l’Art et la Culture se font férocement ratiboiser les majuscules. Aujourd’hui, Sardon bosse pour Le Monde et a recommencé à faire des signatures dans les librairies, mais il s’est depuis armé d’une foule de tampons qui gueulent haut et fort ce qu’il pense de tout ça : « Le tampon est une forme d’imprimerie rapide, portative, qui se prête bien à reproduire des messages rentre-dedans. »

  • La tête dans le micro-ondes par Sebastien Navarro
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    Le populo est peut-être accro à son portable, mais qu’on lui plante une antenne relais au fond de son jardin, et le v’là qu’il s’inquiète et voit rouge. Quasi prêt à mener la fronde pour éviter de se manger un trop plein d’ondes.

    Ça bouillonne dans les têtes des habitants du village de Villeneuve de la Raho (Pyrénées-Orientales), dont les vingt-cinq antennes relais ont bénéficié dernièrement d’une importante exposition médiatique. « Tout a commencé en 1998, quand le maire nous a informés que le château d’eau allait abriter des antennes relais. À l’époque, peu de personnes étaient informées du danger des antennes. C’est grâce au travail du scientifique Roger Santini que j’ai commencé à me renseigner sur les champs électromagnétiques », explique Maryse, riveraine du château d’eau. Tout comme ses voisins, elle est rapidement victime d’insomnies, de maux de tête et doit souvent quitter son logement principal pour se mettre au vert. « À partir des années 2000, on observe une importante recrudescence de pathologies lourdes dans le quartier, poursuit Maryse. Je me suis procuré un plan cadastral et j’ai noté pour chaque maison la maladie correspondante : cancers, AVC, Alzheimer. Aucun foyer n’était épargné. Une telle concentration est quand même anormale ! » De l’anormalité au scandale sanitaire, il n’y a qu’un pas. Paulette, qui habite aussi à proximité, reprend : « Il y a le problème de l’école située au pied du château d’eau. Sur deux cent vingt élèves, trois ont un cancer. Statistiquement, ce n’est pas normal ! Les chiffres sont trop élevés. La réponse de la mairie a été de construire un bloc sanitaire à l’école pour les enfants malades ! »

  • "Tenon" bon par Mademoiselle
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    Samedi 31 mars dernier, devant l’hôpital Tenon à Paris, des anti-IVG revêtus de robes rouges psalmodient des prières en latin et brandissent des crucifix ou des images de fœtus. Sur le trottoir d’en face, des passants attroupés regardent le groupe d’illuminés se livrer à leurs étranges rituels. Une habitante du quartier se plaint : « Ils sont là tout le temps, on n’en peut plus ! » Le petit marché du quartier est régulièrement étouffé par les cars de CRS qui bouclent les rues, par peur des affrontements. Une femme, révoltée, nous explique que la police ne s’est pas déplacée lorsqu’elle l’a appelée pour signaler une agression sur une jeune femme. Le motif ? Impossible de dépêcher des policiers sur place, tous les effectifs sont occupés à assurer la sécurité... des anti-IVG. Et ce samedi, elle est particulièrement bien assurée ! Après la manifestation, la police les escorte même jusqu’à leur station de métro. Le dispositif policier réjouit les anti-choix, comme on peut le lire sur le site de l’organisation SOS Tout-petits qui a appelé au rassemblement : « Pour la première fois depuis l’été, nous n’avons pratiquement pas été dérangés par les contre-manifestants. »

  • Illuminer la nuit ! Enhardir les esprits ! par Noël Godin
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    J’ai devant moi deux livres se flattant d’appeler au dépassement du capitalisme et de la logique productiviste. Survolons-les cauteleusement. Pris en main par les éditions Utopia, le premier d’entre eux, Laboratoire pour un socialisme au XXIe siècle, ne m’a, d’emblée, rien dit qui vaille. Vu que son auteure, la sociologue chilienne Marta Harnecker, dirigea jusqu’au coup d’État contre Allende le mollasson journal de l’Unité populaire Chile Hoy, qu’elle s’affiche comme une disciple de l’amphigourique Althusser et qu’actuellement elle conseille politiquement le gouvernement du Venezuela. Allons y voir de plus près.

  • À Barbès, un rêve part en fumée par Mickael Correia
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    Ahmed et Medhi, clandestins tunisiens, racontent leur histoire de vendeurs de clopes à la sauvette. Entre envie de « faire son trou à Paris » et rêves brûlés se dessine l’impasse d’une vie faite de galères quotidiennes, sur fond de chasse aux pauvres… Bienvenue à Barbès !

    « Marlboro, Legend ! Marlboro, Legend ! », scandent sur un bout de trottoir Ahmed et Medhi. Sous la carcasse éventrée du magasin cheap Vano, ils sont quelques dizaines à s’agglutiner à l’angle des boulevards Barbès et de La Chapelle. Tous ont vingt, trente ans et viennent depuis peu qui de Tunisie, qui d’Algérie. Tous entonnent les marques de cigarettes de contrebande – au taux de goudron à te bitumer direct les éponges – lorsque la bouche du métro Barbès recrache ses passagers. Aucun d’eux n’a de papiers. Ahmed, lui, a toujours une vanne au coin des lèvres : « Tu vois, lui, avec ses dents grises, on l’appelle “El teffaya” [le cendrier], il fume tout le temps ! L’autre là-bas, c’est “El moulchi” [le proprio], il fait comme si la rue lui appartenait, mais dès qu’il voit une belle fille, il devient fou ! » Et d’enchaîner : « Ici, vous dites : “Une hirondelle ne fait pas le printemps”. Chez nous, même une révolution ne fait pas le printemps ! » Medhi se bidonne et reprend d’un ton plus sérieux : « On vient de l’ouest de la Tunisie, il n’y a rien à faire là-bas. On a profité, comme tout le monde, des évènements de l’an dernier pour venir. Ça fait un an qu’on galère ici, à tenir les murs. On dort chez un ami de mon oncle, à Saint-Denis. »

  • Mal vivre tue par Gilles Lucas
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    Fin mars, en Italie, deux maçons criblés de dettes se sont immolés par le feu, l’un à Bologne, l’autre à Vérone. En Grèce, dans ce pays qui en deux ans a vu doubler le nombre de suicides alors que le taux y était jusqu’alors le plus bas d’Europe, une pratique se répand : celle de s’enfermer dans sa voiture et de se précipiter dans un bassin portuaire. Le 5 avril au matin, sur la place Syngtama d’Athènes, un homme s’est tiré une balle dans la tête.

    En France, dernièrement, plusieurs salariés de France Télécom et de la Poste ont mis volontairement fin à leurs jours. Un cadre d’une entreprise bordelaise de transport s’est pendu le 5 mars après avoir laissé une lettre dénonçant le harcèlement qu’il subissait du fait de la « gestion automatisée de son travail et de l’installation de système de géo-localisation sur son véhicule ». Deux inspecteurs du travail ont pris la même décision, l’un en mai 2011 et l’autre le 18 janvier dernier. Le 1er mars, un employé de la Caisse primaire d’assurance maladie s’est flingué dans son bureau. Un éducateur travaillant dans une association dunkerquoise a sauté d’un pont en novembre 2011. À Dieppe, le 26 mars, un chômeur s’est aspergé d’essence dans les locaux d’une agence de Pôle emploi.

    Les tentatives désespérées se multiplient. Prises massives de psychotropes, dépressions, arrêts maladie, la liste des drames et troubles graves provoqués par la réorganisation violente de la discipline sociale que les bonimenteurs appellent « crise » ne fait que s’allonger. « Le travail est de plus en plus maltraitant, de plus en plus subi. […] On peut observer l’apparition de suicides quasiment militants », affirme Jean-Claude Delgènes, directeur d’un cabinet chargé d’enquêter sur France Télécom. Non sans prévenir que, à terme, « l’on va vers des homicides en entreprise ». C’est vrai, pourquoi toujours se faire du mal ?

  • Pied-rouge, « idiot utile » ? par Marie Nennès
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    Jeunes français militants, engagés à gauche, ils ont rejoint l’Algérie à partir de 1962 pour aider le nouveau pays à se construire. Avant de plier bagage quelques années plus tard, désenchantés. On les appelle les pieds-rouges, et CQFD a rencontré l’un d’eux.

    En ce cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, la presse dégouline de témoignages de pieds-noirs, « cocus » de l’histoire. Mais il en est d’autres, bien plus discrets, qui ont longtemps répugné à parler. Jusqu’à ce qu’un jour… « J’ai été une sorte d’idiot utile. Mais si c’était à refaire, je recommencerais. Avec cette distance de savoir que l’homme est mal fait et que, quand on vous parle de collectif, il y a toujours un malin pour ramasser la mise, derrière… Mais oui, je recommencerais ! » L’œil bleu pétille sous la casquette. À 85 ans, Jean-Marie Boëglin doit s’aider d’une canne pour marcher, mais ne cherche pas ses mots. Il a fallu le prier un peu pour le convaincre de convoquer les fantômes de ses années pieds-rouges. Il râle qu’il va mal dormir après, raconte que la dernière fois qu’il a ouvert un carton de souvenirs, il a tout balancé dans l’Isère, juste en bas de chez lui, puis se lance. « Ce n’est même pas par idéologie ou par militantisme que je me suis engagé auprès du FLN, je suis plus instinctuel [sic]. Pour vous situer, à 15 ans, je me suis fait virer des Jeunesses communistes parce que trop libertaire et, à 17, de la Fédération anarchiste parce que trop marxiste ! Mais ma vie, c’était le théâtre. En 1957, je traînais à Lyon avec Roger Planchon. J’ai rencontré un jeune qui s’appelait Kader, passionné de théâtre lui aussi. Peu de temps après, il a disparu et ses amis m’ont appris qu’il était mort sous la torture dans un commissariat. Choqué, j’ai proposé un coup de main, puis l’épaule y est passée, puis tout le reste. »

  • Le boulot en débat par Gilles Lucas
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    Le journaliste François Ruffin défend les ouvriers d’une usine chimique dont la production cancérigène est fermement condamnée par le groupe anti-industriel Pièces et main-d’œuvre. Alors, forcément, y a débat. CQFD a enfilé son bleu pour participer…

    Les 4 et 5 avril, sur France-Inter, le camarade journaliste François Ruffin donnait la parole à des salariés d’Arkema en lutte contre le rachat du « Pôle vinylique » de leur boîte de Saint-Fons (Rhône) par un financier américain. D’autres camarades, ceux du « groupe » grenoblois Pièces et main-d’œuvre (PMO), ont protesté énergiquement contre ce reportage complaisant vis-à-vis d’une entreprise fabriquant du PVC, un produit hautement cancérigène. Les ouvriers doivent arrêter de produire ce poison, avancent les amis grenoblois. La question exige une réponse stratégique, réplique François Ruffin. Leur duel épistolaire amène à s’interroger : qu’est-ce qui peut pousser un individu à produire de la merde ? L’amour de la merde bien faite ? Ou de bêtes contingences matérielles ?

  • Gaffe à la charge de l’éléphant par François Maliet
    http://cqfd-journal.org/Gaffe-a-la-charge-de-l-Elephant

    « Ce sont des mercenaires, leur boîte s’appelle Escort sécurité », grince un ouvrier en désignant les gros bras qui gardent l’entrée de l’usine. En ce jeudi 5 avril, il faut montrer patte blanche à quatre gorilles arborant un brassard rouge pour pénétrer sur le site. Malgré tout, l’ambiance est plutôt décontractée, même si les gars et les filles de Fralib savent qu’ils ne sont pas à l’abri d’un mauvais coup de leur direction. En novembre dernier, Angel Llovera, le taulier de la boîte, s’est pointé avec une vingtaine de vigiles pour prendre possession des lieux, en bousculant quelques salariés au passage. Depuis, le matin, « il vient au bureau accompagné de ses gardes du corps, comme un président ou comme un… grand voyou ! », persifle un des gars.

    Depuis septembre 2010, cette usine de Gémenos (Bouches-du-Rhône) qui conditionnait thés et infusions aromatisés des marques Éléphant et Lipton, est le théâtre d’une longue guerre d’usure. D’un côté le propriétaire, la multinationale Unilever – Lipton, donc, mais aussi Sun, Dove, Signal, Cif, Amora… –, qui a décidé de fermer le site pour raisons économiques, et de délocaliser la production à Bruxelles (Belgique) et Katowice (Pologne). « Unilever affirme que nous ne sommes pas assez compétitifs, que nous coûtons trop cher. Mais ils ont organisé notre surcapacité en nous retirant des produits. Et Unilever, en 2010 et 2011, est largement bénéficiaire ! » explique Gérard Cazorla. Lui, il est secrétaire du Comité d’établissement (CE), dans le camp d’en face, celui des cent trois salariés [1] qui tiennent la dragée haute au géant de l’industrie agro-alimentaire depuis plus d’un an et demi. Par deux fois, la justice leur a donné raison en retoquant les plans sociaux successifs de la direction. Ils attendent le rendu du troisième procès le 20 avril prochain, mais, pour le moment, les licenciements sont annulés. « Nous ne travaillons plus– il n’y a pas de matière première ! – mais nous touchons toujours nos salaires », précise l’un d’eux.

  • Dieu est un pilote de Rafale par François Maliet
    http://cqfd-journal.org/Dieu-est-un-pilote-de-Rafale

    « Nous ne sommes pas Dieu, nous ne sommes pas tout-puissants », s’emportait Rony Brauman en mars 2011 après que les premiers missiles occidentaux furent canardés sur la Libye pour, selon la résolution 1976 de l’ONU, « protéger les populations civiles ». L’ex-taulier de Médecins sans frontières se trompait. Tel un Dieu odieux, nous avons engendré tout un monde.

    Un monde où, dans les centres de détention contrôlés par des milices d’ex-rebelles, l’on trouve « des personnes détenues illégalement et torturées, parfois jusqu’à la mort », selon un rapport d’Amnesty International de février dernier.

    Un monde où des élus de Cyrénaïque, dans l’Est du pays, viennent de déclarer l’autonomie de leur province au sous-sol gavé de pétrole. Un monde où Amnesty peut avancer, en mars, avoir « recensé cinquante-cinq civils identifiés, dont seize enfants et quatorze femmes, tués dans le cadre de frappes aériennes à Tripoli, Zlitan, Majer, Syrte et Brega », sans que l’OTAN ne diligente d’enquêtes sur ses bavures. Un monde où, en février puis en mars dernier, des tribus toubous et arabes se sont livrées à de violents combats dans le sud de la Libye, faisant des dizaines, voire des centaines de victimes.

    Un monde où des Touaregs sérieusement enfouraillés – a priori suite au pillage des arsenaux de Kadhafi et des stocks d’armes parachutés aux rebelles libyens par l’armée française – ont pris possession du nord du Mali. Un coup de force qui a servi de toile de fond au putsch militaire du 22 mars dernier, renversant le président malien Amadou Toumani Touré. Nous ne sommes pas Dieu, c’est vrai. Seulement des cons d’Occidentaux enchemisés et sûrs de leur bon droit lorsqu’ils vont porter paix, démocratie et civilisation chez les bougnoules. Et qui seront tôt ou tard contraints d’en assumer les conséquences, quelles qu’elles soient.

  • Non létale, mon œil ! par Gilles Lucas
    http://cqfd-journal.org/Non-letale-mon-oeil

    Le 27 décembre 2007, quelques centaines d’étudiants manifestent contre la loi LRU dans les rues de Nantes. Arrivés devant le rectorat, après que certains d’entre eux ont réussi à écarter le grillage d’enceinte, ils pénètrent dans le parc qui entoure le bâtiment administratif. Le commissaire Monard , directeur départemental de la sécurité publique, envoie ses troupes composées de gendarmes mobiles, de flics cagoulés des Compagnies départementales d’intervention et de cow-boys de la Bac. Ils encerclent les manifestants et les repoussent à l’extérieur par un portail. Deux ou trois projectiles seraient alors partis depuis les rangs étudiants. Aussitôt, des policiers tirent des balles en caoutchouc à travers les grilles. Deux jeunes sont touchés en pleine tête. Un troisième perdra un œil.

  • Théâtre de l’ombre par Nicolas Arraitz
    http://cqfd-journal.org/Theatre-de-l-ombre

    À Naples, pendant dix ans, la compagnie Liberanti, formée par des taulards et des ex-taulards, a porté son théâtre jusqu’au-dehors des prisons. Une évasion par la culture ? Non, quelque chose de beaucoup plus enthousiasmant, sanglant et amer. Alessandra, qui fut à l’origine du projet, a raconté l’intense expérience à CQFD.

    Sacrée ambiance dans la petite salle du Teatro Nuovo, le jour de la clôture du festival Chi racconta la città, organisé par le journal indépendant Napoli Monitor. On y a vu quatre courts-métrages : le premier sur une glaçante prison psychiatrique en voie de fermeture, le deuxième sur une troupe de transsexuels du Quartieri Spagnoli (présents dans la salle), le troisième d’Alessandra Cutolo sur trois femmes du quartier chaud de Forcella (présentes aussi) et le dernier était un documentaire de l’ex-taulard Gaetano Di Vaio sur trois familles de ferrailleurs de la périphérie napolitaine. Entre chaque projection, Antonella Monetti, accordéon sur le ventre, poussait la chansonnette. Au répertoire, les vieux succès de Sergio Bruni, le cabaret de Raffaele Viviani…

  • L’Arevafrique par Jonathan Ludd
    http://cqfd-journal.org/L-Arevafrique

    Le nucléaire, c’est l’indépendance énergétique de la France, c’est une énergie propre ! Vraiment ? Et l’uranium des centrales françaises, d’où vient-il ? Dans quelles conditions est-il exploité par Areva ? Qu’est-ce qui se cache tout au bout de nos prises électriques ? CQFD a rencontré Raphaël Granvaud, auteur d’un bouquin tout juste sorti en librairie : Areva en Afrique – Une face cachée du nucléaire français (éditions Agone, 2012).

    http://atheles.org/agone/dossiersnoirs/arevaenafrique/index.html

  • « Task force sécurité » | Jean-Pierre Levaray (CQFD)
    http://cqfd-journal.org/Task-force-securite

    De grands panneaux lumineux ont été installés aux entrées stratégiques de l’usine, comme il en existe déjà plein dans d’autres boîtes. S’affichent les heures et les jours sans accidents du travail, ainsi que des slogans sécuritaires martelés par des Big Brothers au petit pied : « Mettez votre casque », « Respectez le code de la route, même à l’intérieur de l’établissement », etc. Les abords de l’usine, trottoirs, parkings, bordures gazonnées ont été relookés. Des arbres ont été plantés. Des peintres sont venus illico presto donner un coup de neuf à des couloirs, des portiques et j’en passe. Dans la novlangue des patrons, cela s’appelle le nice-looking. Des affiches « sécurité » prônant les « bons réflexes » et les « règles d’or » ont été placées le long des passages principaux. Enfin, les cadres se sont mis sur leur trente et un, arborant un costard ou trimballant leur cravate dans l’attaché-case. (...) Source : CQFD

  • "Task force sécurité" par Jean-Pierre Levaray
    http://cqfd-journal.org/Task-force-securite

    De grands panneaux lumineux ont été installés aux entrées stratégiques de l’usine, comme il en existe déjà plein dans d’autres boîtes. S’affichent les heures et les jours sans accidents du travail, ainsi que des slogans sécuritaires martelés par des Big Brothers au petit pied : « Mettez votre casque », « Respectez le code de la route, même à l’intérieur de l’établissement », etc. Les abords de l’usine, trottoirs, parkings, bordures gazonnées ont été relookés. Des arbres ont été plantés. Des peintres sont venus illico presto donner un coup de neuf à des couloirs, des portiques et j’en passe. Dans la novlangue des patrons, cela s’appelle le nice-looking. Des affiches « sécurité » prônant les « bons réflexes » et les « règles d’or » ont été placées le long des passages principaux. Enfin, les cadres se sont mis sur leur trente et un, arborant un costard ou trimballant leur cravate dans l’attaché-case.

    Parce que voilà, « dans le cadre du Safety tour », les nouveaux responsables sécurité de chez Total, la maison-mère, sont venus voir notre usine, histoire de décerner un Security award aux pompiers de la boîte qui avaient fait des miracles lors du dernier accident sur l’unité d’ammoniac (cf. CQFD n°93). Une vraie cérémonie à base de discours et cocktails de jus de fruits à volonté.