La démocratie arabe selon Barack Obama

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  • Étrange obsession de ce billet de Libération, au sujet du discours d’Obama sur le Moyen-Orient.

    La démocratie arabe selon Barack Obama - Libération
    http://www.liberation.fr/monde/01012338473-la-democratie-arabe-selon-barack-obama

    Le chapo (qui n’est peut-être pas s’écrit par la journaliste) :

    S’adressant aux musulmans, hier, le président américain a précisé sa politique proche-orientale et prôné un Etat israélien revenant aux frontières de 1967.

    Le premier paragraphe est très clair. En deux phrases, il utilise quatre fois le mot « musulman », pour prétendre que le discours d’adresse « aux musulmans » :

    Cette fois-ci, Barack Obama ne s’est pas aventuré très loin pour délivrer son nouveau discours au monde musulman, annoncé comme « majeur » : le Président s’est adressé aux Arabes et musulmans du monde entier depuis le Département d’Etat, le ministère américain des Affaires étrangères situé à quelques rues de la Maison Blanche. Presque deux ans après son discours du Caire, en juin 2009, dans lequel il avait émis l’espoir d’un « nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans du monde entier », Barack Obama est maintenant sur la « défensive », il doit se justifier autant vis-à-vis de ces pays musulmans que de sa propre opinion, prévenaient les analystes hier à Washington.

    Plus loin :

    Intitulé « Un moment d’opportunités », le discours d’hier était d’ailleurs pour l’essentiel consacré à convaincre que les Etats-Unis sont bien du côté des peuples musulmans qui se sont soulevés ces derniers mois.

    Mais si on lit le discours d’Obama, on ne trouve le terme « muslim » que trois fois ! Et jamais le mot « islam ». Et « jewish » est utilisé autant que le mot « muslim ».

    Il parle des musulmans dans le paragraphe consacré à Ben Laden :

    Bin Laden was no martyr. He was a mass murderer who offered a message of hate –- an insistence that Muslims had to take up arms against the West, and that violence against men, women and children was the only path to change. He rejected democracy and individual rights for Muslims in favor of violent extremism; his agenda focused on what he could destroy -– not what he could build.

    Mais, de manière beaucoup plus spectaculaire, il utilise le mot « muslim » dans ce paragraphe :

    Such tolerance is particularly important when it comes to religion. In Tahrir Square, we heard Egyptians from all walks of life chant, “Muslims, Christians, we are one.” America will work to see that this spirit prevails -– that all faiths are respected, and that bridges are built among them. In a region that was the birthplace of three world religions, intolerance can lead only to suffering and stagnation. And for this season of change to succeed, Coptic Christians must have the right to worship freely in Cairo, just as Shia must never have their mosques destroyed in Bahrain.

    Paragraphe dans lequel il semble bien éviter de faire explicitement la confusion entre « pays arabes » et « peuples musulmans », comme le fait l’article qui rend compte du discours.

    La (très courante) confusion de la journaliste de Libération n’est pas totalement anecdotique. Outre le fait qu’elle révèle une réduction mentale assez consternante, elle permet de faire passer une légitimation de la revendication israélienne à être un « État juif » (en opposition à ses voisins qui seraient des « États musulmans »).

    Or, il est toujours important de rappeler qu’au moins les Palestiniens, les Libanais, les Égyptiens et les Syriens revendiquent très explicitement de vivre dans des sociétés comportant plusieurs religions et opposent ce modèle à ce qu’ils considèrent le racisme israélien.

    Je ne doute pas que le département d’État promeut la confusion arabe/musulmans régulièrement. Mais en l’occurrence, ce discours d’Obama ne la fait pas (il dit même explicitement le contraire au sujet de l’Égypte et de Bahreïn).