• Retombé dessus par hasard, un regard qui me parle décidément beaucoup..

    http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Savoirs/Interviews/Nancy-Huston-Plus-les-femmes-sont-autonomes-plus-elles-deviennent-objets/L-ecriture-etait-elle-une-therapie

    N.H. : J’essaie de comprendre ce qui se passe au XXe siècle, lorsque les femmes deviennent à la fois plus sujets – à travers les luttes féministes – et plus objets – à cause de l’invention de la photographie et surtout du cinéma.

    À un point inquiétant, nous avons « introjecté » le regard masculin, et aujourd’hui, chaque femme occidentale a un homme en elle, souvent bien plus méchant que la plupart des hommes « réels ». Il est le juge impitoyable qui nous critique quand nous nous observons devant la glace. Pourquoi ce surmoi imaginaire est-il si dur ? Je ne sais pas, mais je constate sa présence chez beaucoup de femmes… C’est fou le temps que nous consacrons à perdre du poids, à nous habiller, à nous maquiller, à nous « entretenir ».

    Les femmes seraient-elles plus enchaînées que libérées ?
    N.H. : C’est un paradoxe. Plus elles sont autonomes et indépendantes, plus elles deviennent « objets ». À partir du moment où elles entrent dans le monde du travail, où elles deviennent indépendantes économiquement et personnellement, leurs dépenses en chirurgie esthétique, en produits cosmétiques explosent. Nos sociétés occidentales produisent des images aliénantes. Il y a d’un côté le discours de l’industrie de la mode, de la beauté, qui véhicule une version glacée, squelettique, figée de la féminité ; et de l’autre, celui de la pornographie, qui présente une version ronde, accueillante. Ces deux versions – aussi peu maternelles l’une que l’autre – sont reproduites par nos médias et se vendent à des millions d’exemplaires… Comment osons-nous proclamer face aux femmes qui portent le voile : « Nous sommes libres et elles sont opprimées ! » ? C’est hilarant et aberrant.