C’est aujourd’hui le jour où la Nation, comme une seule homme, rend hommage au Lieutenant-Colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame qui aura donc sacrifié sa vie pour en sauver une autre, celle d’un otage lors de l’attentat dans l’Aude la semaine dernière. Et à vrai dire, en d’autres temps, j’aurais pu passer complétement à côté de cet événement, je veux à la fois parler de la prise d’otages, de son dénouement tragique et donc de l’hommage national rendu à cet homme courageux et généreux tant je me suis déconnecté de l’actualité en sep-tembre 2016, anticipant les élections présidentielles française (voir #qui_ça). Ces derniers temps, je me ré-intéresse un peu à l’actualité, ce n’est pas encore la lecture quotidienne du journal que j’ai longtemps pratiquée, mais par petits bouts, ici ou là, je m’intéresse un peu à tel ou tel sujets, d’ailleurs, je me demande à quel point le procès de Tarnac n’est pas l’hameçon qui m’aura replongé dans cette nasse - les inculpés vont être heureux de l’apprendre ! Et voilà comment, prenant les informations, comme on dit, dans l’espoir notamment, d’entendre parler de quelques sujets d’actualité pour lesquels je nourris un intérêt prudent, - donc le procès de Tarnac, la chute de Ghouta, la chute d’Afrin, le mouvement social en cours dans notre pays de petits hommes et femmes politiques médiocres et ultra-libérales -, je comprends qu’aujourd’hui il sera faiblement question de ce qui m’intéresse mais qu’au contraire, nous allons passer par un tunnel médiatique étroit et long, celui de l’hommage national. Et que cela ne va pas être en demi-mesures.
Et, de fait : « Hommage national : » Le nom d’Arnaud Beltrame est devenu celui de l’héroïsme français « » et dans le discours du gamin-président, « l’esprit français de résistance » dont les deux bornes sont, donc, rien moins que Jeanne d’Arc et De Gaulle. Et dans ce dis-cours abscons, moult messages subliminaux sur le ton d’Engagez-vous (dans l’arme française)
L’esprit français de résistance est un mensonge d’une taille comparable - et donc gigantesque - à celui de la France pays des droits de l’homme. C’est une capote trouée. Pour se con-vaincre de la première affabulation - sur laquelle ont été bâties les quatrième et cinquième républiques, pas très étonnant que cela commence à fuiter d’un peu partout - relire Vichy et les Juifs de Michaël Marrus et Robert Paxton et pour se convaincre de l’absurdité de la deuxième, la lecture seule du chapitre consacré à la France dans le rapport annuel d’Amnesty International suffira amplement.
Et non que je craigne que l’on me fasse nécessairement le reproche de manquer d’égard ou de respect pour le Lieutenant-Colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame en pointant, ici ou là, quelques failles dans la construction mythologique autour de son sacrifice, c’est d’autre chose que je voudrais parler. Et je me moque que l’on me reproche un tel manque de respect, il me semble au contraire que le manque de respect, je vais y venir, est ailleurs.
Cet hommage national, pour celles et ceux qui aimeraient avoir une lecture moins nationaliste, moins chauvine et plus large des faits, de l’actualité, agit comme du spam dans le courrier électronique. Cela remplit l’espace, le champ de vision, d’attention, au point de rendre le reste difficilement lisible, or il importerait que ce reste soit précisément intelligible. Hommage national = SPAM SPAM SPAM. Hommage national = mensonges et mythes.
Quand on n’a pas la télévision, on la regarde encore de trop. Et donc en dépit de ne pas avoir la télévision, de ne l’avoir jamais vraiment eue, il m’est, malgré tout, arrivé d’assister à des émissions décervelantes, notamment d’un genre bien particulier, celui qui met en présence sur un plateau de télévision hommes et femmes politiques et personnes de la rue. Et généralement avec un sens assez spectaculaire - la télévision - on mettra le ou la ministre du logement en présence d’une personne qui n’en a pas, je pense que vous voyez le genre - une chômeuse en face du ministre du travail, une victime de l’amiante en face de la ministre de l’environnement ou de celle de l’industrie, on n’ira pas cependant jusqu’à mettre en présence un cheminot chibani en présence du ministre des transports ou de celle de l’immigration, à cet endroit ce sont d’autres mécanismes d’invisibilisation qui entrent en jeu. Et invariablement on assistera à la scène suivante, le ou la ministre s’offusqueront de la situation de cette personne dans la difficulté et, pour montrer toute leur commisération - et s’humaniser cyniquement aux yeux du public -, déclareront que le cas de la petite dame ou du petit monsieur, le ou la ministre va s’en charger, cela ne va pas faire l’ombre d’un doute - je vous donnerais le numéro de mon ou de ma dircab en sortant. Rien de plus obscène, on le comprend, à ce qu’une personne jouissant d’un pouvoir de ministre donne en spectacle l’exercice de ce pouvoir pour une seule personne victime d’une situation qui est, en fait, la résultante de son incurie crasse.
La France est en guerre, déclare, pas très assuré, le précédent président de la République, les deux pieds sur les décombres du Bataclan. C’est rigoureusement vrai, la France est ne guerre, mais elle l’est depuis le 8 mai 1945. Depuis les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie française. En effet, depuis cette date, y a-t-il eu seulement quelques périodes pendant lesquelles des troupes françaises n’étaient pas en train de batailler d’une manière ou d’une autre, de façon directe ou indirecte en dehors de la France métropolitaine ? Les attaques dites terroristes en France métropolitaine ne viennent pas de nulle part - je singe ici, un peu, le titre du livre d’Alain Badiou, Notre Mal vient de plus loin. Et on se rendrait sans doute service de les considérer comme des actes de guerre, voire de résistance, de la part de personnes issues de populations contre lesquelles notre pays est effectivement en guerre et cela depuis bien plus longtemps qu’il nous plairait de nous souvenir.
Je ne doute pas que ce dernier paragraphe aura la vertu de choquer. Mais celles et ceux qui en sont choqués - à des degrés divers - feraient bien de s’interroger à propos de leur perméabilité - à des degrés divers inversement proportionnels - à la petite musique nationale et nationaliste à laquelle ils et elles sont soumises : encore une fois on ne peut pas réfléchir dans le vacarme. Et le tintamarre d’un hommage national n’a pas d’autres fonctions que celle de pomper nos forces de pensées. Et coup, est-ce tellement respectueux de l’homme Arnaud Beltrame d’organiser pareille mise en scène autour de sa dépouille ?
Chez Yves
Épicier au Rozier
Je peine à remplir mon cabas
Par bonheur Emmanuel
Me vient en aide
Et paye pour mon jambon
C’est moi
Qui paye
Emmanuel !
Petit déjeuner
Avec les grands, Sarah et Émile
Je m’absente : ils ont à parler !
Nous déposons
Sarah à son travail
Tous les feux au vert
Nous arrivons fort tôt au marché
Limite on aiderait les maraichers
À déballer les légumes
Rentrés à la maison
J’affronte de front
Vaisselle et rangement des légumes
▻http://desordre.net/bloc/ursula/2017/sons/nick_cave.mp3
Je donne une dernière chance
Au dernier disque
De Nick Cave, trop perclus de douleur
Dimanche matin
Café, free jazz
Et un peu d’écriture
Et un peu de photographie aussi
Eh bien oui, pourquoi pas
Les Flux détendus. Est-ce un bon titre ?
Potée automnale de légumes
Pour fin d’hiver
Du moins on l’espère
Champignons farcis
Pesto et fromage de chèvre
Pignons de pin
Je suis un cachalot échoué
Sur une plage de Californie
À l’intérieur de moi vivent des lutins
Les lutins
Écrivent des récits
D’anticipation proche
Dans ces récits
L’intelligence artificielle
Ecrit elle-même les fictions
Et ce sont des écrivains
Qui terminent et fignolent
Les récits pour faire plus authentique
Tout cela contenu
Dans une sieste tellement courte
Que j’aurais cru à un évanouissement
Je tente de retourner
À mes Flux détendus
Photographie au téléphone de poche
J’ai le sentiment
Que ce sont des photographies
Prises malgré moi et pourtant elles sont de moi !
En janvier l’année dernière
Je m’étais dit : essayons
Un an de photographies de téléphone
Je suis en train de traiter
Les Flux détendus du printemps dernier
Avant, pendant et après la catastrophe en somme
C’est curieux
De prendre son temps
Pour produire des images, tellement étranger
Ce n’est pas mieux
Ce n’est pas moins bien
C’est tellement différent
Et j’interromps volontiers
Ce travail
Pour aller me promener
Une petite marche avec Émile
Remet les idées en place
Et que dire du tiramisu pour le goûter ?
Finalement, tu es un bon père
Conviennent mes enfants
Tu adoucis la fin des vacances
Ce qui sera moins doux ce soir
Ce sera la soupe de légumes
Comme repas du dimanche soir
Je fais quelques parties avec Émile
Sur l’une d’elles
Je ne vois pas arriver une combinaison satanique
Je suis fatigué
Je parcours une liste de films
Et me décide pour Doctor Strangelove
J’ai toujours été méfiant
De l’esthétique de Stanley Kubrick
Mais la méfiance tombe avec Peter Sellars
Captain Mandrake
Mister President
Doctor Strangelove
(Exemple de ce qu’il advient, de temps en temps, sur seenthis. En réponse à un de mes billets #de_la_dyslexie_créative - Trump cherche à empêcher la compagne de l’auteur de l’attentat de Trèbes de témoigner contre lui. L’actrice porno Stormy Daniels était fichée S et suivie pour radicalisation - @bce_106_6, puisqu’il est question de Stormy Daniels, donne le lien d’une vidéo de Paul Jorion sur ce sujet. C’est le point de départ pour moi d’une remarque à propos des personnes qui se filment face caméra dans leur salon, ou dans leur garage, et s’adressant à la Terre entière - ce qu’ils et elles aimeraient croire sans doute en parlant à leur écran de contrôle. La discussion est lancée dans laquelle @arno évoque aussi les contours mortifères de ces vidéos.)
Je crois que je n’arriverais jamais à comprendre l’intérêt de ces vidéos de personnes, pourtant pas toutes idiotes - pas toutes en tout cas -, qui nous parlent depuis leur salon - ou depuis leur garage, j’ai plus de sympathie a priori pour celles et ceux qui parlent depuis leur garage, plutôt que depuis leur salon à la décoration bourgeoise très discutable - à propos d’un événement qu’elles ont relevé dans l’actualité, un livre qu’elles ont lu, d’un film qu’elles ont vu, que sais-je encore - et, donc, face caméra : bien au-delà de ce qu’elles disent, qui pourrait le plus souvent tenir en deux minutes et qui s’étend invariablement sur une bonne demi-heure, et qui serait assez sot, ou absent à soi-même, pour écouter de tels flux jusqu’à leur conclusion sans cesse retardée et généralement minuscule, en dépit de force annonces au début de telles vidéos - on y lit tellement le fantasme et l’envie d’être vu, écouté par des millions, des multitudes, et ce qu’ils ou elles disent, en étant nullement contredit ou renchéri, n’a, en fait, aucune portée, beaucoup moins que s’ils ou elles étaient filmées dans leur salon avec des connaissances avec lesquelles ils et elles échangeraient.
Paul Jorion peut dire, et même écrire, de temps en temps, des choses assez remar-quables, ce n’est pas @laurent2 qui me contredirait pour en avoir repris de larges extraits dans son excellent Journal de la crise, en revanche dans cette vidéo - et dans les quelques autres que je suis allé piocher et regarder rapidement -, quel néant ! et c’est impressionnant à quel point il s’écoute pisser sur les feuilles ! - faisant mine, par endroits, de ne pas connaître tel ou tel équivalent français à telle locution anglaise (non-disclosure agreement, en bon français, doit pouvoir se traduire par accord de non divulgation, quant à one night stand, passade ou coucherie d’un soir conviendra très bien, merci).
Et j’ai naturellement l’esprit très mal tourné - c’est de notoriété publique -, parce que chaque fois que je tombe sur de tels extraits vidéographiques, je ne peux m’empêcher de penser que les membres de leur famille doivent les entendre depuis la pièce d’à côté et se dire : « tiens, le vieux il est encore en train de radoter à sa webcam » avec une comparable suspicion que si le vieux était justement en train de se masturber devant tel ou tel film pornographique en diffusion continue. Et je n’ai aucune difficulté à me faire l’application d’un tel raisonnement, pas tant sur la masturbation vidéographique - pitié ! -, mais il doit bien arriver des moments pendant lesquels le cliquetis incessant de mes doigts sur le clavier de mon ordinateur doit porter sur les nerfs de mes enfants et il et elles doivent se demander ce que je branle. C’est peut-être vain et fat de ma part, mais je m’accroche à la croyance qu’écrire ce n’est quand même pas la même farine, la même limonade, le même branlage de dindon - j’imite très bien le cri du dindon, cela amusait beaucoup mes enfants quand ils étaient petits.
Bien que je ne me sois jamais servi d’une webcam et que je ne peux pas dire que je ne me sois vraiment filmé en train de dire quoi que ce soit, plutôt en train de me taire - voire de mourir -, je n’ignore pas que, quel que soit le dispositif pour se filmer, il y a un écran de contrôle et, que peut-il se passer, vraiment, dans la tête d’une personne qui se parle à elle-même, via un écran de contrôle, dont elle espère que ce petit miroir s’inverse pour atteindre des dizaines, des centaines, des milliers, non, des millions de personnes. Utile rappel, sauf cas inquiétants - mais justement je suis inquiet - : on est tout seul dans sa tête.
Si j’avais un peu de talent pour le montage vidéographique, et du temps pour cela, je crois que je téléchargerais tant et tant de ces extraits vidéo masturbatoires - je ne peux vraiment pas voir et appeler les choses autrement - et que je les monterais entre eux pour recréer, très artificiellement, les conditions du dialogue, de la conversation, de la convivialité. Et le désir que je pourrais avoir d’un tel projet, ce serait presque, en rétablissant les conditions d’une conversation, de ramener toutes ces personnes dans le giron de l’humanité qu’elles semblent avoir quittée, happées qu’elles sont désormais par leur interlocutrice fictive - parce que je me suis vraiment creusé les méninges pour tenter de répondre à cette question pourtant tout simple, de savoir à qui ces personnes étaient en train de parler, et après une journée, presque, de cette réflexion, et après être retombé sur cette citation de Susan Sontag (la pornographie a moins à voir avec le sexe qu’avec la mort - citation traduite de tête par mes soins inexperts), il m’est donc apparu que cette interlocutrice fictive ne pouvait être autre que la mort.
Et si peu de ces vidéos qui ne se terminent pas par une supplication de soutien, d’étoile, de pouce levé ou encore d’abonnement gratuit - dans tous les sens du terme -, ou même un simple à demain, pas moins suppliant finalement, ce que je ne peux m’empêcher d’entendre comme une prière et d’être désormais persuadé que c’est bien à la mort que ces personnes parlent.
Et cette dernière ne les écoute même pas.
Je dois en avoir une version animée quelque part, mais je ne sais plus bien où ? Et surtout je crois qu’elle est reprise dans une vidéo qui comprend d’autres exercices de défigurations.
@touti, message de service. Je tente par tous les moyens de répondre à ton mail mais toutes mes tentatives me reviennent dans la poire sous le motif fallacieux que c’est du spam alors que ma réponse c’est du caviar. Je me demande si tu ne devrais pas abaisser légèrement ta garde.
@philippe_de_jonckheere pour la version animée (enfin un scroll animé) il suffit d’enlever la fin de l’URL de ton image pour aller sur le dossier parent. Heureusement qu’on est là pour t’y retrouver dans ton désordre !
@rastapopoulos Non je pensais à de la vraie vidéo. C’est à la fin de cette vidéo : ▻http://www.desordre.net/spectacles/apnees/w/mimiques.flv (mais c’est du flash, bref je n’ai rien sous la main de mieux)
@philippe_de_jonckheere je ne vois ton message de service que maintenant ! vu que je n’arrive pas à domestiquer les mails de seenthis qui partent tous en indésirables malgré le cowboy thunderbird qui devrait les mener au bon paturage.
Je ne sais pas quoi faire pour recevoir ton cheval caviar :/ une idée ?
Jean-Marie Le Pen définitivement condamné pour ses propos sur les chambres à gaz
Meurtre de Mireille Knoll : tous les partis, sauf le FN, appellent à la marche blanche contre l’antisémitisme
J’ai d’abord pensé passer ces deux titres d’article à la moulinette #de_la_dyslexie_creative, avant de comprendre que ce n’était pas possible, que c’était un peu comme une contrepétrie issue d’une phrase déjà obscène. Je ne sais pas si je me fais très bien comprendre, alors je donne un exemple : Ces putes tapinent et baisent : y a des culs qui remouillent et Ces pines baisent ta pute et y a des couilles qui remuent)(et comme exceptionnellement une contrepétrie a un auteur connu, cher à mon coeur par ailleurs, Ray Desodt)
Quoi qu’on fasse avec ces deux phrases, on aura toujours deux phrases qui veulent dire la même chose. Comme si conscient et inconscient étaient à l’unisson. En grande partie parce que la deuxième est une réactualisation de la première, parce que la deuxième est l’expression de l’héritage de la première. La deuxième est l’impensé de la première.
Tel ancien président de la République mis en examen pour des soupçons graves de manipulations graves en tous genres graves et auquel la chaîne de télévision d’un ami met à disposition le journal télévisé comme tribune pour défendre son honneur, ce qu’il en reste, que sais-je ? Et qui, à cette tribune de plusieurs millions d’auditeurs et d’auditrices, promet de briser celles et ceux qui sont à l’origine de ces poursuites. Est-ce que ce n’est pas une menace caractérisée ? Et est-ce que les circonstances de cette menace ne sont pas aggravantes : elle est proférée devant des millions de personnes qui sont donc prises à parti (une cantonade de plusieurs millions) et elle est proférée par la personne qui a possédé tous les pouvoirs du pays il y a moins de dix ans et dont on peut donc imaginer que son réseau conserve un peu de ses pleins pouvoirs ?
Est-ce que le parquet ne devrait pas se saisir de ce qui justement est irréfutable ?
Et qu’entendit-il par briser ? Tuer ? Une menace de mort ? Devant des millions de témoins ?
Mais que fait la police ?
@philippe_de_jonckheere Mais tu sais bien que ▻https://seenthis.net/messages/678986
À la faveur d’une réunion à laquelle je dois me rendre dans une aile de mon bureau dans laquelle je ne m’étais encore jamais allé, je découvre un atelier de créa, entendre un atelier de création, et, profitant que la porte est entrouverte, je jette un œil. Où je constate une pièce très étrange, ce sont les mêmes sous-plafonds et faux-planchers et la même moquette que dans les autres open spaces, en revanche le mobilier diffère entièrement et ressemble à s’y méprendre à celui des chambres factices dans les salles de démonstration de ces entreprises de mobilier à monter soi-même. Il y a notamment tout un coin garni de poufs, des tables hautes et des tables basses, des couleurs vives et répartis sur toutes sortes de tables, des pots remplis à craquer de feutres de couleurs, et, carrément, des pinceaux, des ciseaux, des rouleaux de feuille de couleur différentes, un massicot, des martyres pour couper au cutter, autant de choses qui pour le coup rappellerait plutôt le décor d’une école maternelle ou élémentaire, mais avec du mobilier qui serait à la taille des adultes. Et tandis que je passe cette tête curieuse, je suis hélé par une jeune femme qui ressemblerait plutôt à une illustratrice telle qu’elle serait représentée dans un magazine de droite, donc très propre sur elle, mais tout de même habillée de façon savamment négligée, surtout par rapport à mes collègues féminines d’open space, et qui me demande si je viens pour l’atelier de création, ce à quoi je tente de la détromper en lui disant que pas du tout et que je suis plutôt un ingénieur informatique qui se rend à une réunion dans laquelle il risque de repartir avec des sujets, elle me répond qu’au contraire, je ne dois pas avoir des a priori et que nous avons tous une part créative en nous. Ce qui me fait sourire. Évidemment.
N’empêche je m’interroge à propos de l’avalanche de présupposés de cette situation. L’incongru d’une salle de création dans une entreprise spécialisée dans l’informatique bancaire. Son aménagement en un atelier très propre sur soi et aux couleurs vives et aux formes infantilisantes. Et naturellement sur le fait que cette jeune femme pense devoir combattre chez moi un a priori que ce qui se passe dans un tel atelier n’est pas sérieux, que la création n’est pas chose sérieuse. Et cette jeune femme qui enchaîne un peu les poncifs sur le thème de nous sommes tous des artistes, et si elle-même en est une, ce qu’elle semble laisser entendre, qu’est-ce qu’elle fait exactement dans les locaux de la Très Grande entreprise qui m’emploie ?
Et si moi-même, je suis, comme il m’arrive de le dire, un artiste, qu’est-ce que je fais dans les locaux de la Très Grande Entreprise et ses ateliers de créa ?
La jeune femme enchaîne, je dois laisser mes a priori de côté. Et je dois résister, par tous les moyens de lui révéler qui je suis vraiment, je veux dire dans d’autres cadres que celui de la Très Grande Entreprise, et que, par ailleurs, je suis un ancien étudiant des Arts Déco, parce que justement si on savait une telle chose à mon propos (et cela filtre malgré tout), on se demanderait bien comment il se fait que d’une part je sois dans le sein même de la Très Grande Entreprise et qu’elles seraient les mesures les plus appropriés qui soient pour me raccompagner vers la porte et m’expulser tel un corps étranger. Ce que je suis.
Oui, tout cela je me le demande bien.
De même je me demande bien ce qu’il se passe dans la tête des personnes qui sont à l’origine de ce concept de salle de créa, récréative j’imagine, au sein de la Très Grande Entreprise ? Et je m’effraie finalement que de telles inversions du sens deviennent la norme et la règle au point qu’il devient très difficile de rétablir un peu de sens à tout cela et qu’en exagérant à peine, il se passe de drôles de choses pendant la fin du monde, #pendant_qu’il_est_trop_tard.
Revenant à mon bureau, à mon poste, devant mon ordinateur dit personnel, je décide de prendre cela en note, à la fois la surprise visuelle de cet atelier de création, son incongruité et les allers-retours un peu fous et affolés de présupposés qu’il génère. Pendant qu’il est trop tard. J’y reviendrai (comme écrirait @tintin)
AR entre #RPS et le souci qu’éprouve ton employeur pour ton #développement_personnel ; prépare toi à l’arrivée prochaine dans le #bilan_social de la TGE d’un #indicateur_de_bonheur_au_travail …
@simplicissimus Indicateur de bonheur au travail , tu te moques de moi, c’est mal !
Tout à fait @simplicissimus ! Ou comme dirait Lordon pour mieux consentir à suivre ou vivre l’obéissance, on l’allège de son fardeau par un affect joyeux et créatif .
Déjà vu cela dans mon ex camp de travail.
A l’époque, l’aménagement avait été payé par le CHST, autrement dit par les salariés.
Faut payer ses instruments de torture psychiques
Suggestions :
– Y organiser des réunions quand toutes les salles de réunion sont réservées.
– Y organiser des présentations des projets phares de la société, ou des clowneries à la mode dans les écoles de commerces.
– Y Ramener des croutes de Munster, de Maroilles, des souries . . .
– En fin de journée, avant de partir, ramener des poux. Préveoir des vêtements propres afin de se changer de suite aprés avoir pris une douche, avec savon spécial.
– Il y a plein d’autres idées possibles.
Bonjour !
A propos de « inversions de sens », vous me donnez envie de glisser cette citation de Danièle Linhart dans une interview récente, en fait tout cela n’est peut-être pas si récent... :
Pour tenir le coup lorsqu’ils travaillent à la chaîne, les ouvriers doivent littéralement mener une vie d’ascète. Henry Ford créé un corps d’inspecteurs chargés d’aller vérifier qu’ils se nourrissent bien, qu’ils dorment correctement, qu’ils ne se dépensent pas inutilement, qu’ils ont un appartement bien aéré... Ford, qui était végétarien, propose même des menus à ses ouvriers. Il exerce une véritable intrusion dans la vie privée, officiellement pour le bien des salariés.
On retrouve le même discours dans le management du 21ème siècle, qui prétend répondre aux aspirations les plus profondes des salariés : « Vous allez être contents de travailler chez nous. Vous verrez, nous allons vous faire grandir. » Il faut avoir du courage, être audacieux. Entretenir son corps. Dans certains bureaux, on peut désormais travailler sur ordinateur tout en marchant, grâce à des tapis roulant ! Les DRH parlent de bienveillance et de bonheur, comme Ford le faisait avec ses inspecteurs. La volonté de prise en charge de la vie des salariés perdure.
►https://www.bastamag.net/La-dictature-du-changement-perpetuel-est-le-nouvel-instrument-de-soumissio
Mille mercis @fabxtra. Passionnant entretien ! Et nombreuses pistes de réflexion je trouve.
Avec plaisir, @philippe_de_jonckheere, c’est moi qui vous remercie, quel texte. La découverte de cet « atelier de créa » se lit comme un rêve au début ; après, comment dire, ça devient le genre d’expérience que je n’aimerais pas du tout du tout vivre et pourtant voilà... Bref c’est du très bon fantastique et du réel proprement cauchemardesque !
Un ancétre de l’atelier créa, 2014 auchan France, à Villeneuve d’Ascq.
Maintenant, elle ressemble beaucoup plus à la tienne Philippe.
Salle de repos en 2010. Qui avait la particularité d’avoir été construite, par erreur, dans une autre aile que celle de celles et ceux auxquels elle aurait pu profiter, celles et ceux qui travaillaient en horaires décalés et de fait, je ne sais pas si j’y au déjà vu quelqu’un.
Une autre, cette fois chez un client (une banque). Je m’étais alors interrogé sur l’effet décoratif de la répétition.
▻http://www.desordre.net/blog/?debut=2010-05-30#2515
Les choses auxquelles on réfléchit au milieu de la nuit en salle de repos !
sur l’exploitation du côté ludique de la soumission : pas quelque chose que j’ai vécu personnellement, mais rapporté par un collègue : lors d’une réunion (chapeautée par je ne sais quelle boite de com grassement rémunérée), pour que chacun puisse exprimer ses idées sans se censurer, on les a fait jouer avec des postit (tm y parrait) de couleur pendant une journée. Question possée au collègue : mais qu’est-ce que ce gars, qui n’avait aucune compétence dans le sujet de la réunion voulait observer en fait ? Reponse : ... ... ... #bullshit_jobs
Nous rendons visite, les enfants et moi
À Mouli qui habite désormais New York
Je perds les enfants dans le métro et les retrouve
Et si je venais
Avec un de ces rêves de New York
De trouver le point final des Anguilles ?
Le point final
Des Anguilles les mains mouillées
Tombent un 29 février de l’année 2018
Semaine de home office
Semaine de grasses matinées
Se déconnecter des rêves pour se connecter
Je dissous
Avec du café maison
Les mails acrimonieux
Je pars en réunion
Il m’arrive de donner la pleine mesure
De mon talent au travail : la solution !
Ma collègue chinoise
Très amusée que je promette à Zoé
Au téléphone le supplice des cents morceaux à mon retour
Mais
C’est
Rare !
Je reviens à la maison
Raviolis épinards-ricotta
Saint-Nectaire, du bon !
Ça y est
Tu l’as !
Ecrit Mathieu
J’ai enfin fait sauter
Un verrou de disgrâce
Au milieu de Raffut
Tentatives de résumé de Raffut
Pour le catalogue
Les choses qu’on fait parfois
Vous élevez un enfant autiste, Ce n’est pas simple
En théorie. Et dans la pratique ça se complique grandement
Étonnamment vous vous en sortez.
Avoir soif de justice
Cela peut vouloir dire
Avoir soif de comprendre
Entre l’affaire Strauss-Kahn
Et une parmi les milliers de comparutions immédiates
Des points communs malgré tout.
La justice c’est une affaire d’éclairage
Et l’éclairage c’est une affaire
De poésie
En fiction, singulièrement cinématographique
L’intrigue avance avec des bottes de sept lieux.
Quand les faits se déroulent à une vitesse non perceptible à l’œil nu.
Un lundi matin qui va comme un lundi,
On entre, sans le savoir, dans une aventure du quotidien
Qui commence mal, finit au tribunal, mais ne finit pas mal
Les enfants ce soir nous allons au restaurant
Nous avons quelque chose à fêter
Mon deuxième roman part en composition !
Quel agréable dîner
Avec mes trois grands
Ce quatuor-là fait des étincelles
Je dépose les enfants à la maison
Et file au Keaton par grand froid
Voir Winter Brothers de Hlynur Palmason
Et ce film vient me chercher
Par des côtés qu’on n’attaque
Pas souvent. Pourtant
Paysages dévastés et blanchis
Intérieurs à l’abandon
Et au milieu coule l’alcool de contrebande
Les conséquences des actes
Des uns et des autres
Se payent cher par grand froid
Les légendes de ces hommes-là
Sont incompréhensibles
Même à leurs colporteurs
Les distractions sont rares
Un tour de magie
C’est tout un film
On y voir aussi clair
Dans un tel film
Que dans une galerie de mine
J’entame courageusement
La lecture des Monarques de Phil
J’en ai enfin le courage. Et tout de suite je ris
C’est littéralement
Comme s’il était encore là
Et que je recevais un de ses longs mails