Jean Zin

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  • La plus grande menace sur la vie a l’odeur d’oeufs pourris | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2018/08/20/la-plus-grande-menace-sur-la-vie-a-l-odeur-d-oeufs-pourris

    La Terre aurait subi un effet de serre mortel à plusieurs reprises. cette nouvelle théorie explique les extinctions de masse à la fin du Permien, il y a 251 millions d’années, et de la fin du Trias 50 millions d’années plus tard. Un réchauffement global intense aurait empoisonné l’océan, semant la mort dans les mers et sur les continents. Voici le scénario de cette théorie : il commence quand une activité volcanique importante libère de grands volumes de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère. Ces gaz entraînent un réchauffement global rapide. L’océan, plus chaud, absorbe moins bien l’oxygène de l’atmosphère, qui s’infiltre en quantité réduite dans les profondeurs océaniques. Il en résulte une déstabilisation de la « chimiocline » (le seuil d’équilibre entre les eaux oxygénées de la surface et les eaux riches en sulfure d’hydrogène, ou H2S, produits par les bactéries anaérobies des profondeurs). Les bactéries anaérobies prospèrent tellement que l’eau saturée en sulfure d’hydrogène atteint brusquement la surface de l’océan. Les bactéries photosynthétiques vertes et violettes qui consomment du sulfure d’hydrogène et vivent normalement au niveau de la chimiocline occupent alors les eaux de surface privées d’oxygène et riches en sulfure d’hydrogène, tandis que les formes de vie marine respirant de l’oxygène suffoquent. Le sulfure d’hydrogène diffuse également dans l’air, tuant animaux et plantes terrestres et s’élevant dans la troposphère où il attaque la couche d’ozone protectrice. Sans ce bouclier, rayonnement ultraviolet du Soleil tue ce qui reste de la vie...

    Enfin, cette hypothèse ne s’applique pas qu’à la fin du Permien. Une extinction mineure de la fin du Paléocène, il y a 54 millions d’années, avait déjà été attribuée à une période d’anoxie océanique déclenchée par un réchauffement global. Des preuves biologiques suggèrent que c’est aussi ce qui s’est passé à la fin du Trias, au milieu du Crétacé et à la fin du Dévonien : les extinctions par effet de serre massif seraient récurrentes.

    Les concentrations de dioxyde de carbone atmosphérique étaient élevées lors des grandes extinctions en masse, suggérant un rôle du réchauffement global dans ses événements. Aujourd’hui, le dioxyde de carbone atteint 385 parties par million (ppm) et devrait augmenter de 2 ou 3 ppm chaque année. A ce rythme, de dioxyde de carbone atmosphérique atteindra 900 ppm à la fin du siècle prochain, une concentration proche de celle qui régnait lors de l’extinction thermique du Paléocène il y a 54 millions d’années.

    #it_has_begun (parce que quand tu constates la décomposition accélérée de ce gouvernement de raclures, bref ...)

  • Réflexion sur la #démocratie (et ses nombreux avatars).

    Qu’est-ce que la démocratie ? | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2017/09/22/qu-est-ce-que-la-democratie

    Il y a un grand malentendu sur la démocratie et toute une fausse mythologie sur ses origines et ce qu’elle est supposée être. D’abord, on nous rebat les oreilles de son invention par les Grecs alors que les agriculteurs qui ont remplacé les marins-pêcheurs de la culture mégalithique, étaient très égalitaires et démocratiques si l’on en croit Alain Testart qui parle à leur sujet de « démocraties primitives ». Ce n’est pas que les inégalités en étaient absentes mais assez mal tolérées, et, lorsqu’un village devenait trop peuplé avec des inégalités trop grandes, un groupe partait refonder un nouveau village ailleurs.

  • Réponse à Éric Fassin : de quoi Mélenchon est-il le signe ?
    https://blogs.mediapart.fr/cecile-canut/blog/180417/reponse-eric-fassin-de-quoi-melenchon-est-il-le-signe

    Si l’analyse d’Eric Fassin nous convainc par beaucoup d’aspects, il nous semble aujourd’hui qu’il ne suffira pas de souligner le travers populiste de Mélenchon, puisque c’est de lui que chacun parle et puisque c’est lui que tant d’intellectuels cherchent avant d’autres à désavouer, pour conjurer la mauvaise fortune à laquelle le pays, dramatiquement, paraît lier son devenir.
    Il n’apparaît pas un seul instant, dans quelque discussion que ce soit, dans quelque relation qu’ont ait eue, qu’on se soucie parmi les électeurs potentiels de Mélenchon de faire peuple. Au mieux, autour de nous, aura-t-on évoqué la chose comme évidemment accessoire, et assez pesante. Au même titre que la réitération de mots comme « patrie », la sur-représentation de drapeaux tricolores ou la célébration de l’hymne — dont, comme beaucoup d’autres, nous nous tenons à distance. Et avec vigilance. Et qui nous feront irrémédiablement nous détourner de lui si le mouvement devait prendre un tour nationaliste — ce qu’il n’est pas : les gens que nous croisons, tous, parlent d’égalité des droits, de VIe République, de redistribution des richesses, de justice sociale et d’écologie, pas de préférence nationale. Ils parlent en gens de gauche, et non pour se gargariser de belles paroles, mais parce qu’un devenir de gauche est à leur portée : parce qu’ils saisissent que c’est par l’action, et collective, que cette gauche est à même de renaître et de ne plus être ce hochet remué pour attraper les foules. Et que, oui, s’il faut « construire une gauche », comme le dit Éric Fassin, il faut cependant que les conditions de pareille mise au jour soient réunies, et d’abord cette confiance que la population se fait, dans sa globalité : sans elle, la confiance, et sans la mise à l’épreuve de la promesse par le faire, et par la pensée qui va avec, la gauche restera dans l’état de ruine où ce dernier quinquennat l’a laissée. Elle restera à l’état de nom posé sur une forme vide, et délaissée, du fait de ses bravades don quichotiennes, comme l’est aujourd’hui un candidat socialiste tristement mais infailliblement trahi.

    • Je remets ici le passage qui avait retenu mon attention :

      Si seule la gauche était en ruine, cela serait grave, mais non pas insurmontable. Or, semble-t-il, c’est l’idée même qu’il puisse y en avoir une qui est par terre. Il est juste de reprocher à Mélenchon son tropisme populiste. Nous n’irons pas jusqu’à penser cependant qu’il en est le premier agent. Car, au-delà des autres candidatures, au-delà de cette campagne, au-delà même de la politique, le recours populiste est le ferment de la désagrégation sociale à quoi nous voue ce monde aberrant. Allumer une télé, c’est avoir vite à l’œil et à l’esprit la laideur des gens, donc la sienne propre, et se voir ravalé au rang d’obscur jaloux. Évoluer en continu devant la beauté des désirables publicitaires, ou de l’excellence sportive, ou de l’aisance artistique, etc., dans une société si tendue parce qu’on ne pourra jamais soutenir la comparaison, c’est être ramené à sa détermination d’être infâme, au sens premier du terme, et n’avoir plus que l’horizon du Loto pour s’en sortir. Fréquenter ses amis de cités, c’est voir combien les espaces de vie réservés aux plus modestes sont hideux (ces épouvantables zones commerciales, par exemple), et combien les temps de vie qui leur sont réservés (parce qu’il leur faut toujours aller plus vite) portent à la triste et funeste expression de soi. Ce sont ces moyens d’existence qui sont d’abord les pourvoyeurs de populisme. Un cadre général de vie dans lequel les vexations se doublent d’un appel constant à la rivalité de chacun contre tous, donc à l’excellence qui les rend inassumables, est plus qu’un terrain favorisant le recours populiste : il en est l’organisateur.

    • Bon, euh ... merci de me remercier mais ce n’était pas vraiment par « gentillesse » que j’ai supprimé mon post mais plutôt par soucis d’économiser les disques durs des serveurs de Seenthis.
      Je lis beaucoup d’articles traitant de #populisme ces derniers jours et j’en vois au moins un à méditer : « l’imposture populiste » d’un certain Jean Zin (philosophe des Causses du Lot comme il se définit lui-même). Pour mieux connaître son parcours un petit lien vaut mieux qu’un long discours :

      http://jeanzin.fr/bio-graphie

      La recherche passionnée de la vérité m’aura surtout désillusionné et dévoilé l’étendue de nos limites cognitives. Une bonne part de mes réflexions se portera alors sur la critique de la critique (du marxisme ou des intellectuels à la mode) et de la surestimation de la politique face aux puissances matérielles, enregistrant notamment l’échec dramatique de l’écologie politique (échec de la politique en général) qu’il faut absolument relever (notamment localement).

      Le lien vers l’article en question :

      http://jeanzin.fr/2017/04/13/l-imposture-populiste

      Ce qui devrait être le coeur de la philosophie, c’est bien la question politique, de son irrationalité et de son impuissance. La seule question philosophique sérieuse est celle de notre suicide collectif, la philosophie pratique ne pouvant se réduire à l’individuel qui n’est rien sans l’action collective. Ce que les anciens Grecs appelaient sagesse, celle des 7 sages, était une sagesse politique, bien si précieux car si rare au milieu des folies collectives. Platon lui-même n’aura pas brillé par ses tentatives d’occuper le rôle du roi-philosophe. Rien de plus difficile en effet que de faire régner la concorde et la justice quand tout s’y oppose, passions publiques et intérêts privés, mais surtout notre ignorance qui nous fait adhérer aux solutions simplistes de démagogues.

      Je tiens à faire remarquer que je ne suis pas entièrement d’accord avec certains des propos qu’il livre ici mais le but de nos lectures (et de leurs partages) est aussi de permettre d’exercer notre esprit critique.

  • Le retournement du cycle | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/11/19/le-retournement-du-cycle

    « L’effondrement du commerce mondial est déjà là depuis 2012. Depuis cinq années d’affilée, la croissance des volumes d’échanges mondiaux a été inférieure à la croissance du PIB mondial, alors que le commerce mondial avait connu une croissance explosive au cours des trente dernières années. Cette chute est sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. La démondialisation a déjà commencé, avant même la présidence Trump ».

  • La #victoire des laissés pour compte | Le Monolecte
    http://blog.monolecte.fr/post/2016/11/09/la-victoire-des-laisses-pour-compte

    L’#élection de Trump, c’est la victoire des perdants et de tous ceux (encore plus nombreux) qui ont conscience d’être à présent bien engagés à leur tour sur la planche savonneuse : ceux qui peinent à rembourser le crédit de leur maison en planches, qui se crèvent la vie et la santé avec plusieurs boulots pour continuer à surnager, qui préfèrent payer l’amende Obamacare plutôt que de continuer à se saigner pour une assurance santé qui bouffe leur budget tout en ne les couvrant pour rien, qui jonglent avec leurs cartes de crédit pour arriver à boucler la fin du mois et qui voient bien que malgré tous leurs efforts et leur adhésion aux valeurs du #libéralisme débridé et prétendument méritocratique, ils n’arriveront plus à amasser assez d’argent pour offrir une éducation suffisante à leurs enfants, un avenir, une chance, ni même un lambeau du #rêve américain.

  • L’#Anthropocène nous rend responsables du monde | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/10/07/lanthropocene-nous-rend-responsables-du-monde

    L’article de Nature dont est tirée la citation ci-dessus, justifie la datation la plus récente de l’Anthropocène, autour de 1950, en contestant celles qui se basent sur des données particulières pour faire remonter l’influence de l’homme à de périodes lointaines alors qu’il faut le dater du moment où l’humanité a déséquilibré toute la biosphère, ce qui est tout autre chose et n’a rien d’une bonne nouvelle. Il n’y a donc pas de « clou d’or » pouvant servir de signature géologique à une nouvelle ère mais une accumulation de produits artificiels ou extraits du sol (on a l’embarras du choix) témoignant du fait global de l’humanisation du monde, ou plutôt son industrialisation ou sa modernisation. Il n’est pas sûr, en effet, que ce soit l’homme en tant qu’espèce (anthropos) qui soit en cause mais bien plutôt une évolution techno-scientifique qui est un processus cognitif relativement autonome (assurant la puissance économique et militaire). L’évolution technique est sans aucun doute un prolongement de l’évolution biologique mais qui se situe malgré tout sur un autre plan que le biologique, ce qui est assez souvent la source de conséquences désastreuses sur l’environnement sans qu’on puisse y voir le résultat d’une volonté humaine mais le négatif de notre industrie, ses externalités négatives, effets pervers non voulus du système de production qui menace ses conditions de reproduction.

  • Au-delà de la dépression politique | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/08/16/au-dela-de-la-depression-politique

    Malgré le matraquage publicitaire, la leçon de notre époque pourrait être qu’on n’est pas fait pour le bonheur individuel, pas autant qu’on le prétend en tout cas. En dépit de toutes nos dénégations, nous avons, semble-t-il, bien plus besoin de nous battre ou nous engager dans une grande cause pour justifier notre existence. C’est du moins ce que je ressens, comme d’autres, ne comprenant pas trop les jouisseurs hédonistes contents d’eux-mêmes et de leur petite vie au milieu du désastre. Le bonheur comme bien suprême est à vomir.

  • Le code est la loi ? | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/07/21/le-code-est-la-loi

    Or, la blockchain vient de rencontrer son premier véritable accroc, mettant en pièce son idéologie libertarienne pour corriger un bug et récupérer de l’argent volé, cela au nom de la grande majorité des utilisateurs. Tout-à-coup, on est revenu sur terre avec tous les problèmes qu’on connaît bien, de police comme de régulation des marchés. Que le libéralisme soit beaucoup plus productif que l’étatisme n’implique absolument pas que les marchés ni la monnaie pourraient marcher sans Etat et la prétention d’une loi immuable se heurte rapidement au réel. Comme disaient les anciens Grecs « les lois sont comme des toiles d’araignées qui n’attrapent que les petites mouches mais laissent passer les guêpes et les plus gros bourdons ». On ne peut faire barrage aux puissances réelles, ce dont la blockchain vient de faire l’expérience.

    • Idéalisation des monnaies fiat (étatiques). Par exemple, il parle des crypto-monnaies « comme le Bitcoin, préservée de toute intervention d’une quelconque démocratie » comme si l’euro ou le dollar étaient gérées de manière démocratique !

      Sans compter la confusion entre technique et politique comme lorsqu’il parle de « son [celle de la blockchain] idéologie libertarienne » comme si le code de la blockchain avait une idéologie ! (Les humains en ont une, pas le logiciel.)

    • De nombreux logiciels et plein d’autres techniques complexes (le nucléaire par exemple) ont une idéologie incluses dedans, et cela justement parce que ce sont des humains qui les ont conçu et qu’elles sont le produit d’un moment et d’un mode de pensée particulier. Les techniques complexes contiennent un monde, contiennent en elles-même une direction générale.

      #progressisme

    • http://www.jssj.org/article/deplacer-des-montagnes-avec-le-vent-numerique

      Si les promoteurs des crypto-monnaies prétendent au déploiement d’une nouvelle monnaie – et même d’une nouvelle génération de monnaie –, c’est donc sur la base d’une appréhension bien particulière de ce qu’est (ou devrait être) une monnaie. D’autres conceptions de la monnaie pourraient leur être opposées (Aglietta & Orléan, 2002, Testart, 2001), et notamment par le fait qu’elles stipulent qu’une monnaie est forcément adossée à une institution qui en établit la validité. Ces positions contradictoires, qui contestent mutuellement leurs prémisses respectifs, partagent cependant un principe commun [...] : il existerait un concept général et trans-historique de monnaie qui permettrait d’en tirer un rôle générique et commun aussi bien dans les sociétés de l’antiquité grecque (et même plus anciennes encore) que dans les sociétés modernes de l’ère industrielle. [...]

      La monnaie est donc appréhendée comme une donnée quasi-anthropologique récurrente et stable dans ses fondements, dont les formes peuvent varier, mais dont la signification profonde est établie dès son avènement et pour laquelle ne varient que ses manifestations superficielles, que ce soit de manière contingente ou évolutive. Ainsi, seules des fonctions dérivées et purement techniques caractériseraient les développements les plus récents notamment dans l’expansion de la sphère financière ou la dématérialisation des échanges monétaires. Les variations historiques ne correspondraient qu’à l’avènement de formes de plus en plus sophistiquées, mais aussi épurées, de moyens mis en œuvre pour viser des fins quasi naturelles comme le serait la circulation des biens ou des informations, par exemple. On peut objecter à ces positions diverses et irréconciliables qu’elles ont en commun un biais réducteur : la rétro-projection sur les sociétés pré-capitalistes de catégories qui sont propres à cette forme de synthèse sociale bien particulière. Les particularités en question sont à la fois absentes et omniprésentes dans les théories de la monnaie correspondant à ces positions antagonistes : absentes car non interrogées, omniprésentes car constituant le cadre dans lequel sont rabattus des phénomènes qui relèvent d’une autre logique.

      Il n’entre pas dans le cadre de cet article d’établir quelle théorie de la monnaie serait la plus adéquate pour analyser l’émergence des crypto-monnaies. Il s’agira plutôt d’établir en quoi ce phénomène se situe dans une forme de synthèse sociale bien particulière. S’il convient donc de garder à l’esprit qu’un concept trans-historique de monnaie exprime avant tout une forme de conscience socialement et historiquement située, cette revendication d’une nouvelle monnaie inscrite dans de nouveaux supports peut être interprétée selon deux angles complémentaires. D’une part, comme la marque de « l’illusion du moment » concernant un phénomène considéré à tort comme étant une réalité transposable d’une forme de synthèse sociale à une autre, d’autre part comme l’indice d’une nouvelle phase de la forme de synthèse sociale dans laquelle se déploie cette revendication.

    • Par exemple, il parle des crypto-monnaies « comme le Bitcoin, préservée de toute intervention d’une quelconque démocratie » comme si l’euro ou le dollar étaient gérées de manière démocratique !

      Ce n’est pas parce qu’on remet en cause les crypto-monnaies qu’on adule euro et dollar. Voici ce que dit Jean Zin dans un commentaire plus bas :

      Le néolibéralisme vise à dépolitiser l’Etat, le dé-démocratiser par des institutions régulatrices indépendantes mais c’est une utopie, on ne peut pas faire s’évaporer les forces sociales réellement agissantes. Il ne s’agit pas de dire que la politique c’est bien, j’en pense le plus grand mal, mais que c’est un réel inéliminable, que ce soit au niveau local ou mondial. Je plaide pour une fin du théologico-politique et la reconnaissance de l’échec du politique pour avoir une chance de faire un peu mieux mais cela ne fera pas disparaître la puissance de l’argent et des marchés, ni la nécessité constante d’adaptation et de régulation.

      Il ne s’agit pas de la conception qu’on peut avoir d’une monnaie mais de l’efficacité d’un type de monnaie dans un système de production donné, selon les périodes et les marchés. Il ne s’agit pas de ce qu’on voudrait. En général, le politique se mêle de l’économie quand ça va mal, on ne peut attendre que les Etats restent les bras croisés quand tout s’écroule sous prétexte qu’il ne faudrait pas toucher au code comme à une loi divine.

      Et puis, euro et dollar sont soumis à des rapports de force (dont une partie de ce rapport de force vient d’une variable démocratique certes avec plein de défauts et dysfonctionnements), à tel point que, par exemple, il n’est pas sûr que l’euro survive (au moins sous sa forme actuelle) dans les 10 ans qui viennent.

    • @Rastapopoulos Je ne voulais pas dire que les concepteurs du logiciel n’avaient pas d’opinions politiques (ils en avaient) ni que le logiciel était neutre. Je sais bien que tout système technique encourage certains usages et en décourage d’autres (c’est le « code is law » de Lessig qui, comme beaucoup de phrases fameuses, est souvent cité à contre-sens par des gens qui n’ont pas lu le texte original).

      Je voulais dire que le raccourci « l’idéologie de la blockchain » m’énervait car il suppose que l’idéologie vient du logiciel. Cela dépolitise le débat, je trouve.

    • @alexcorp Les crypto-monnaies sont aussi soumises à des décisions politiques qui dépendent de rappprts de force, et qui ne sont pas plus ou moins démocratiques que celles de l’euro ou du dollar. Deux exemples typiques récents sont l’impossibilité de Bitcoin à prendre une décision ferme sur la question de la taille des blocs, et a contrario la décision (qu’on la juge bonne ou mauvaise) d’Ethereum de changer les règles pour récupérer l’argent de The DAO. Dans les deux cas, on a bien de la politique, et des humains qui décident.

    • [...] il suppose que l’idéologie vient du logiciel. Cela dépolitise le débat, je trouve.

      Si l’on prend le terme idéologie dans le sens (faible) d’opinion, bien évidemment que le logiciel n’a pas d’idéologie car ce sont bien les êtres humains qui se forment une opinion. Mais le terme d’idéologie est loin d’être synonyme d’opinion. Il désigne plutôt le cadre de pensée a priori, les catégories abstraites qui semblent pourtant avoir une existence bien réelles pour les membres d’une société donnée, à tel point qu’elles sont vécues comme des contraintes « naturelles », et non pas issues de leur propre agir inconscient.

      Penser que le logiciel ne fait que véhiculer les opinions de ses concepteurs et qu’à ce titre il suffit de les dénoncer pour désamorcer son potentiel de domination, de nuisance ou d’aliénation, c’est justement écarter tout un pan du questionnement critique (et donc politique) que l’on doit porter sur les techniques numériques.

  • D’une lucidité désabusée, le penseur des Causses du Lot nous prédit l’insurrection qui ne viendra pas.

    A la place de la République | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/04/19/a-la-place-de-la-republique

    Au risque de désespérer la jeunesse, il faut bien dénoncer un démocratisme ambiant assez inconsistant, notamment la prétendue démocratie directe des Assemblées générales et cette dictature du vote majoritaire sur toutes les questions (les sciences montrant bien que la vérité ne se décide pas à la majorité contrairement aux impôts). En 1998, l’assemblée des chômeurs de Jussieu avait au contraire supprimé les votes, chacun suivant ou non les propositions d’action, ce qui avait l’avantage, outre de ne pas s’arroger une fausse légitimité, de moins perdre de temps. D’abord, il faut dire de quoi cette mise en scène est la caricature, car la véritable démocratie, c’est effectivement la démocratie de face à face et donc qui s’exprime d’autant mieux sur des places, démocratie directe légitime en tant que démocratie locale mais qui n’a aucun sens à vouloir décider pour les autres (un pays tout entier si ce n’est le monde) ! On oublie presque toujours qu’aussi bien Aristote que Rousseau considéraient impensable une démocratie qui dépasse la cité, et encore, assez peu nombreuse pour qu’on puisse couvrir l’assemblée du regard.

    #Nuit_debout

  • #Droit du #travail : l’occasion manquée ? | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/03/08/droit-du-travail-loccasion-manquee

    Il est assez douteux que la #mobilisation des #syndicats soit assez forte pour repousser le projet mais ce ne serait que partie remise car le prochain président ne devrait pas prendre de gants pour aller encore plus loin. Le débat parlementaire pourrait quand même l’améliorer un peu mais sans en changer l’essentiel. Cependant, le reproche principal qu’on devrait lui faire, c’est le même qu’à ses opposants, c’est de manquer d’ambition et de vision du futur. La seule mesure relativement positive, c’est le compte personnel d’activité, sous une forme bien trop insuffisante. Chacun voit bien le déséquilibre entre une #précarité accrue, qui est celle de l’accélération technologique plus que du droit du travail, et l’absence de contrepartie pour sécuriser les parcours professionnels. Au lieu de la refuser verbalement, reconnaître cette précarité comme liée à une #économie en évolution rapide permettrait de revendiquer les mesures nécessaires pour y faire face, en premier lieu un #revenu garanti, au lieu de se battre en vain contre l’évolution économique. Les chances pour qu’on prenne cette orientation sont à peu près nulles même si l’idée progresse, rejetée encore très majoritairement aussi bien par la droite que par la gauche (même si on en a déjà une petite préfiguration avec la prime d’activité). La perspective de revenus inférieurs au smic complétés par un revenu de base n’a certes rien d’idéal (rien d’une mesure révolutionnaire) mais vaut peut-être mieux que le chômage de masse ou les travailleurs pauvres sous-payés sans revenu supplémentaire.

  • La naturalisation du #capitalisme | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2016/01/26/la-naturalisation-du-capitalisme

    Il est clair que l’#économie ne renvoie pas du tout à un état de nature originaire puisqu’elle repose largement sur l’Etat de Droit et des constructions juridiques relativement récentes. Rien de plus facile que de rétorquer, au prétendu « ordre spontané » d’Hayek, que sa « constitution de la liberté » est bien épaisse à vouloir empêcher toute intervention étatique (la dérégulation produit une inflation de lois). De plus, chaque étape de la libéralisation peut être considérée comme voulue puisqu’on trouve toujours un ministre ou un vote qui ouvrent la voie au libre-échange et à la financiarisation, pas si spontanés que ça, donc, et en rupture avec le passé. Les théories du complot voudraient en faire un événement contingent, dû à des compromissions personnelles, à la #corruption des oligarchies, au manque de transparence et de #démocratie mais cette contingence peut être mise en doute quand c’est un mouvement d’ensemble de tous les pays.

  • Travail = Revenu | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2015/12/23/travail-revenu

    Si on définit le travail comme inversion de l’entropie, il n’y a par contre plus de limite à la lutte contre l’entropie universelle. Ce qui limite le travail, ce n’est donc pas la satisfaction, ce sont les ressources pour le financer, le revenu, ainsi que, bien sûr, les compétences disponibles. Le travail ne disparaît pas à l’ère du numérique en se détachant des besoins immédiats mais, par contre, il change de nature, mobilisant plus notre autonomie et nos facultés humaines. Ainsi, l’ubérisation du travail détruit certes des emplois fixes et les remplace par un travail intermittent mais ne détruit pas de travail à en baisser le coût dès lors que l’argent est dépensé ailleurs (il faudrait s’assurer par des monnaies locales qu’il le soit sur place).

  • La tentation du National | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2015/11/25/la-tentation-du-national

    On avait déjà souligné comme l’Empire d’Alexandre rendait caduc le fondement de la cité sur la philia entre les citoyens, telle qu’analysée par Aristote, son maître. Depuis l’époque des empires, les sociétés ne sont plus fondées sur un ethnos (des habitudes, des coutumes, un ethos) ni bien évidemment sur un contrat ou le bon vouloir des individus mais sur un ordre imposé d’en haut par la force ou le Droit. Par rapport à l’amitié supposée nous rassembler, le droit semble trop impersonnel mais, ce que Hegel désigne effectivement comme aliénation est aussi ce qu’il nomme la liberté objective (passage de la liberté dans la loi) qui nous libère de l’arbitraire de l’amour. Cela fait donc très longtemps que la société ne repose plus sur les individus. Il faut malgré tout réintroduire une part de consentement des individus à un niveau minimal, celui qui évite les guerres civiles. Le niveau des antagonismes détermine la violence interne et une société apaisée se distingue malgré tout par une certaine philia, une adhésion à la société et qui se révèle cette fois, devant des idéologies régressives, comme adhésion à des valeurs progressistes ou des modes de vie très libres, c’est-à-dire reconstituant finalement un ethnos malgré le multiculturalisme (ethnos dont on s’exclut à ne pas suivre les moeurs majoritaires). Reste que, la démocratie, c’est vivre avec des gens qu’on n’aime pas et ne vivent pas comme nous.

  • La révolution nationale (le retour) | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2015/09/24/la-revolution-nationale-le-retour

    L’incroyable résurgence de tendances fascisantes qu’on croyait complètement refoulées s’explique d’abord par une #crise économique assez comparable à celle qui leur a donné naissance (bien que dans un contexte très différent) mais aussi par une méconnaissance de la nature du fascisme trop facilement assimilé aux régimes autoritaires, en oubliant qu’il vient de la gauche et prétend parler au nom du peuple qui le soutient de ses votes. A force de le diaboliser, avec quelques raisons, on n’y voyait plus que la violence alors que l’adhésion populaire considérable qu’il a suscité venait d’un besoin de solidarité et d’appartenance pas si éloigné des aspirations communistes (bien que s’y opposant radicalement par le matérialisme, l’internationalisme et le collectivisme). C’est à cause de cette image tronquée du #fascisme que nos souverainistes de gauche ne peuvent absolument pas s’y reconnaître, découvrant soudain tout étonnés que cette solidarité nationale était tout ce qu’ils cherchaient à l’extrême-gauche !

    La cause principale, comme dans les années trente, reste bien le #chômage de masse (qu’on appelait surpopulation avant) et l’extension de la précarité dus aux politiques économiques qui nous sont imposées par notre endettement et notre appartenance à l’Euro. Il est naturel de vouloir dès lors sortir de l’Euro et retrouver notre autonomie pour mener d’autres politiques plus favorables à nos intérêts nationaux, identifiés avec l’intérêt des plus pauvres... sauf que l’affaire ne se présente pas si bien et qu’il ne suffit pas de proclamer sa souveraineté pour avoir les moyens d’une autre politique (et par exemple ne pas payer ses dettes), le monde au dehors restant ce qu’il est. On risque de ne faire qu’empirer les choses, surtout dans une ancienne puissance coloniale qui abrite tant de multinationales opérant sur tous les continents. L’autre argument principal, c’est celui de la concurrence de « nos » travailleurs par les hordes d’étrangers, argument qu’on prétend bien légèrement de gauche et anticapitaliste (contre la finance cosmopolite) alors qu’il a toujours été celui de l’extrême-droite. Certes, il serait plus que souhaitable qu’on se préoccupe en priorité de « nos pauvres » mais les protections sociales sont attaqués par « nos riches » (ou classe moyenne) et non par les immigrés, de même que le chômage a des raisons économiques et non pas démographiques. S’ajoute à cela, la crise migratoire qui est du pain béni pour l’extrême-droite avec un parfum de guerre de religions et de choc des civilisations recrutant le féminisme dans sa croisade pour les valeurs occidentales. La peur se répand d’un grand remplacement que ce soit d’ailleurs par les musulmans, les transhumains ou les robots. Certes, rien ne semble plus légitime a priori que de défendre son mode de vie, ses droits, son travail, voire son identité (fantasmée), mais il n’y a sans doute rien de plus illusoire dans ce monde en perpétuelle mutation (jamais période ne fut aussi révolutionnaire).

  • Amour et vérité | Jean Zin
    http://jeanzin.fr/2015/09/11/amour-et-verite
    Vaste programme

    C’est bien cette contradiction à quoi nous confronte la politique car pour entraîner les foules il faut susciter de l’amour et toutes les illusions qui vont avec, alors que l’action politique ne peut avoir de portée qu’à dépasser ces illusions pour s’attacher à la vérité des faits. Les ravages du volontarisme n’auront jamais été aussi manifestes qu’avec le grand bond en avant où la mobilisation décrétée par Mao se traduira par des millions de morts de famine, largement à cause de la dissimulation de la vérité et des faux chiffres donnés par une bureaucratie trop zélée. Le dilemme, c’est que sans enthousiasme, le risque est de rester passif, ne faire que subir et laisser les pires faussaires triompher. Ainsi, il est assez clair qu’on aurait les moyens de s’en sortir et d’affronter les défis qui nous sont posés, que ce soient les transformations de la production à l’ère du numérique, les inégalités ou le souci écologique. Ce qui manque cruellement, ce sont les moyens humains, d’arriver à mobiliser sur des objectifs réalistes au lieu de poursuivre des chimères. Il faut se rendre à l’évidence qu’il ne suffit pas des écrits scientifiques, il faut y joindre la parole, les discours, mais rien ne garantit qu’un discours vrai soit audible face aux séductions des grandes envolées idéologiques et des promesses démagogiques. L’amour nous fait défaut et l’idéal nous égare.