« Oui mais quand même, la religion, c’est mal »

#nh2

  • Tout l’article de @Mona Chollet, très documenté, vaut lecture attentive, pour un bon tour d’horizon des enjeux sur la "laïcité militante" à la française aujourd’hui (même si on enfonce quelques portes ouvertes je trouve). Moi j’aime mettre en lumière ce passage en particulier, sur ce que la position anti-religieuse au nom du droit des femmes a fait de mal... au droit des femmes.

    Périphéries - « Oui mais quand même, la religion, c’est mal »
    http://www.peripheries.net/article335.html#nh2

    Par ailleurs, les religions ne tombent pas du ciel : quand elles sont misogynes et homophobes, c’est parce que leurs adeptes se servent d’elles pour exprimer et justifier une misogynie et une homophobie qu’ils pourraient tout aussi bien exprimer et justifier sous une forme non religieuse. Si l’athéisme immunisait contre le machisme, ça se saurait. Depuis quelques années, il est devenu impossible de lire le mot « laïcité » sans trouver dans son environnement immédiat le mot « féminisme », et inversement ; or il s’agit d’une escroquerie intellectuelle et historique : les deux notions sont très loin d’être consubstantielles. « Que penser de cette idée que la laïcité française “défend la femme contre le père oppresseur” ?, écrivait Alain Gresh dans L’islam, la République et le monde. Au contraire, elle s’est pendant des décennies accommodée des inégalités politiques (refus du droit de vote aux femmes) et juridiques (jusqu’en 1965, la femme devait avoir l’autorisation de son mari pour travailler ou ouvrir un compte en banque). Si l’égalité des sexes a remporté des victoires, c’est plus aux combats, souvent décriés, des féministes qu’à la laïcité qu’on le doit. » Monique Crinon rappelle, elle, que les députés de gauche, au nom de leur défiance envers la religion, comptèrent parmi les plus farouches opposants au droit de vote des femmes, qu’ils considéraient comme inféodées au clergé.

    Désigner « la religion » comme l’ennemi revient donc à considérer d’office comme sexistes et homophobes des gens qui ne le sont pas forcément, mais aussi à répandre l’idée que seuls les pratiquants d’une religion sont sexistes et homophobes. Dix ans de fémonationalisme politique et médiatique ont abouti à la fois à imputer l’accusation infamante de sexisme à tous les hommes musulmans et à en dédouaner magiquement tous les autres. Dans un article de Elle consacré aux couples mixtes (5 novembre 2010), Irina, mariée à Samir, un Français d’origine algérienne, disait de lui : « Il est très français sur la question de l’égalité homme-femme. » Ce qui laisse rêveur quand on pense aux innombrables maris violents, aux harceleurs et aux violeurs parfaitement « français » (doit-on comprendre « blancs » ?) qui rendent cette assertion absurde. On en arrive donc à la situation où être musulman et sexiste constitue un crime impardonnable, mais où être sexiste sans être musulman passe inaperçu.

    #féminisme #athéisme #laïcité #islamophobie #racisme #sexe_race_classe