• Copyheart, un amour de licence libre » OWNI, News, Augmented
    http://owni.fr/2011/05/30/copyheart-un-amour-de-licence-libre

    Or, voulant reprendre hier un de ces strips pour un billet sur S.I.Lex, j’ai cherché à savoir sous quelle licence ils étaient placés. Et là au lieu de tomber sur une classique licence Creative Commons, j’ai découvert le ♡Copyheart, qui se résumer ainsi :

    ♡ Copying is an act of love. Please copy.

    Et c’est tout !

    Le copyheart est une “non licence”

    Nina Paley a écrit une FAQ pour expliquer sa démarche, que j’ai traduite en français et que je joins à la suite de ce billet (voir plus bas). Son discours est assez intéressant et plus profond que le côté « Peace and Love » que le Copyheart peut véhiculer au premier abord.

    J’y vois un petit quelque chose de magritien, dans la mesure où le Copyheart est une « non-licence » (ou plutôt une « Ceci-n’est-pas-une licence »), qui marque une volonté, non pas d’aménager ou de renverser le copyright (démarche des licences libres ou du copyleft), mais de sortir du droit tout court. Bien que Nina Paley soit une adepte des licences libres, elle a également un recul critique fort intéressant sur le sujet, qu’elle exprime parfois sur le site Techdirt (ici , là ou là) :

    Nous ne pensons vraiment pas que les lois et la « propriété imaginaire » jouent un quelconque rôle dans les sentiments des gens et dans leurs rapports culturels. Créer encore davantage de licences et de contrats ne fait que perpétuer les problèmes engendrés par le droit quand il s’immisce là où il ne devrait pas. Le fait que le ♡ Copyheart n’ait pas de valeur juridique n’est pas un bug ! C’est absolument intentionnel !

    • Dans un état d’esprit assez différent, ça me rappelle la licence WTF de Banlu Kemiyatorn :

      La WTFPL ou WTF Public License (abréviation de son nom anglais Do What The Fuck you want to Public License, littéralement « licence publique foutez-en ce que vous voulez ») est une licence libre extrêmement libérale. À la différence des licences de type copyleft, elle permet en effet la libre redistribution et modification de l’œuvre sans aucune restriction.

    • Sinon pour ceux qui veulent un vrai cadre juridique, la licence Art Libre est plus solide, et je crois aussi que la WTFPL a eu une petite analyse juridique qui semblait montrer que ça tenait debout (donc peut-être que copyheart est aussi valide juridiquement, après tout pourquoi ne le serait-elle pas ?).

    • J’avais répondu au premier référencement de ce billet, là :
      http://seenthis.net/messages/19119#message19140

      Je tique sur l’aspect non valide juridiquement, qui amha peut s’avérer contreproductif. Notamment parce que, si je ne donne pas explicitement un droit, en matière de droits d’auteurs, je me retrouve à ne pas donner ce droit.

      Je vois une autre difficulté : ce qui a fait la force du logiciel libre, c’est que tout le monde s’est mis à utiliser des licences aussi compatibles entre elles que possible (quand les licences libres ne sont plus directement compatibles, ça a provoqué de grosses difficultés).

      Du coup, l’idée du « faites en ce que vous voulez, de toute façon je m’en fous » me semble contreproductive à deux titres :
      – l’insécurité juridique fait qu’en pratique, la liberté de l’usager n’est pas garantie, ou alors elle est moins bien garantie ;
      – on a une incompatibilité entre les différentes licences poético-portnawak, interdisant de construire réellement sur ces licences ; donc on limite à nouveau la liberté des usagers (en rendant très difficiles les traitements/regroupements automatisés facilitant la rediffusion).

      Sinon, une troisième idée : je ne vois pas bien l’intérêt, au nom d’une « sortie individuelle du système », de renoncer à l’effet contaminant des licences libres valables. L’aspect contaminant du libre me semble central.

      Du coup, l’aspect poétique me semble mener paradoxalement à :
      – libertés mal garanties pour l’usager,
      – incompatibilité entre licences limitant les libertés d’organisation et de redistribution,
      – renoncer à l’effet militant (contaminant) des licences libres.
      (Donc à moins « sortir du cadre ».)