Sébastian Haffner - De Bismarck à Hitler, une histoire du reich allemand

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    L’Allemagne c’est ce voisin battu en 1945 non sans nous avoir battus en 1940, et qui depuis est tout à la fois un modèle et un repoussoir, le symbole d’un échec français. Avec tout ça, c’est - en tout cas pour moi - un pays méconnu.
    Haffner a passé sa vie dans l’Allemagne des années 30. D’abord parce qu’en 1933, il fait le choix de quitter l’Allemagne, ce qu’il a raconté dans son grand livre, Histoire d’un allemand. Ensuite parce qu’il est devenu essayiste et conférencier en Angleterre, écrivant sur l’histoire et la guerre, avant de revenir en 1954.
    Il a un talent rare pour montrer de façon claire la succession d’enchaînements et faire émerger des points saillants, les moments où l’on change de période.
    Ici, c’est une histoire de l’Allemagne de 1848 en réalité, puisqu’il commence avant Bismarck, à 1945, qu’il écrit.
    Le lecteur français y (re)découvrira que l’Allemagne est un pays jeune et un concept nouveau au XIXème ; concept parfois rejeté par les partisans d’une simple cohabitation entre états partageant la même langue.
    L’expression même de reich allemand est ambivalente : pour l’aspect reich, elle renvoie au Saint empire romain germanique et à une volonté expansionniste qui sera incarnée par Hitler. L’aspect allemand est plus modeste et renvoie au caractère germanique d’états unis autour de la Prusse et influencée par elle - Bismarck est plutôt dans ce camp.
    L’Allemagne incarnée par Bismarck se sait limitée, se satisfait fort bien de ne pas inclure l’Autriche par exemple. L’un des enseignements que l’on peut retirer du livre est d’ailleurs une réévaluation de Bismarck. Pour un français c’est l’homme qui nous a battus en 1871, mais, au regard de l’histoire, Haffner le décrit comme un chef d’état prudent et mesuré. Ce n’est pas, du tout, un nationaliste allemand.
    Haffner sépare donc nettement la Prusse bismarckienne ou pas, qui n’est pas un état particulièrement dominateur, et un mouvement nationaliste allemand, qui peut remonter à la réaction contre Napoléon (Sloterdijk faisait un lien d’ailleurs assez direct, imputant les fautes de Hitler à Napoléon) mais aussi à la nostalgie du Saint Empire.
    Le départ de Bismarck en 1890 est le démarrage d’une vision plus expansionniste de la politique allemande. Le reich allemand veut sa « place au soleil ».

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