• Je republie ici ce que j’ai publié cet été le 29/06/2011 sur Rue89. Je le fais car Rue89 n’est pas fiable dans son archivage des commentaires :
    http://www.rue89.com/2011/06/29/vous-cumulez-la-fonction-de-vice-president-du-cercle-de-lindustrie-et-le-mand

    À l’époque Pierre #Moscovici était candidat à la primaire socialiste, parce que Dominique Strauss Kahn était en prison. Ce jour là il jura même qu’il ne se rallierait pas facilement à un autre candidat. Le lendemain il se ralliait à François #Hollande pour devenir son actuel directeur de campagne.

    –— Ma question ---

    Si vous êtes désigné par le Parti Socialiste... ah non pardon... Si vous êtes désigné par « n’importe-qui qui a donné une pièce de 1€ » pour représenter le Parti Socialiste à l’élection présidentielle de 2012, quitterez-vous votre poste de vice-président du « #Cercle_de_l_industrie », lobby patronal fondé par DSK ?

    Autrement dit, cumuler la fonction de vice-président d’un lobby dont les membres (électeurs du vice président) sont les PDG des plus grandes entreprises françaises (voir ci-dessous) avec les mandats de député et de président de la République ne constitue-t-il pas un conflit d’intérêt majeur ?

    Liste des membres du Cercle de l’industrie :

    Air France Klm ; Areva ; Air Liquide ; Alcan Engineered Products ; Alcatel-Lucent ; Alstom ; Arkema ; EADS ; EDF ; France Telecom ; GDF Suez ; Lafarge ; Lagardère ; SCA L’Oréal ; Michelin ; PSA Peugeot Citroën ; Publicis Groupe SA ; Rhodia ; Safran ; Saint-Gobain ; Sanofi Aventis ; SNCF ; Thales ; Total ; Valeo ; Veolia Environnement ; Vivendi

    références :
    http://cercleindustrie.eu/fr/qui-sommes-nous-/liste-des-membres.html
    http://ec.europa.eu/dgs/secretariat_general/eu2020/docs/cercle_industrie_fr.pdf

    –—Sa réponse---

    « Alors, ça constituerait un conflit d’intérêt si d’une part le Cercle de l’Industrie était un lobby constitué. En quoi ça consiste ? C’est une réunion qui se tient... tous les deux-trois mois, un diner... où il y a effectivement tous les plus grands patrons de l’industrie ou il y a quelques parlementaires de droite et de gauche qui font effectivement un lobby . Un lobby pour quoi ? Un lobby pour l’industrie française. Un lobby pour les emplois français. Un lobby pour produire français.
    Et par exemple nous rencontrons très fréquemment d’une part les grandes personnalités politiques mais d’autre part aussi les commissaires européens. Et dans ce cercle là j’ai eu l’occasion de rencontrer à peu prêt tous les commissaires européens, président de la commission, commissaire de la concurrence, pour leur dire que la concurrence libre et non faussée, qu’il y a dans la lettre du traité, ne devait pas s’appliquer de manière dogmatique. Qu’elle ne devait pas empêcher la constitution de champions européens. Donc c’est un club, c’est pas un lobby.
    Et évidement je dois ajouter une chose que cette activité, qui est très discontinue, est totalement bénévole, non rémunérée. Enfin bref il s’agit de participer à des réunions. Et si un député ne peu plus participer à des réunions avec des chefs d’entreprises alors où allons-nous ? Non, conflit d’intérêt c’est absurde ! »

    http://www.youtube.com/watch?v=cdOR30IOJ0U&feature=player_embedded

    –—Mes réponses---

    [1]
    Il commence par dire que ce n’est pas un lobby mais des diner entre patron et députés. Sauf que c’est bien une association loi 1901 dont les membres sont des patrons de très grandes entreprises(1). Et ce sont eux qui ont élu Pierre Moscovici au poste de Vice-président.
    On peut consulter sur le site du journal officiel les annonces indiquant les modifications d’adresse du siège social (très proches du peuple les quartiers) :

    11/03/2000
    Siège social : 171, avenue Charles-de-Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine. Transféré ; nouvelle adresse : 260, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris. Mél. : cercle@imaginet.fr.

    et

    08/03/2003
    260, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris. Transféré ; nouvelle adresse : 5, rue Tronchet, 75008 Paris. Date de la déclaration : 27 janvier 2003.

    Voici l’Objet déclaré au Journal Officiel du 29 septembre 1993 par Dominique Strauss Kahn et ses potes patrons le 6 septembre 1993, annonce n°1242 :

    assurer une veille permanente auprès des différentes instances que sont la Commission des C.E., le Parlement européen, le GATT, etc., concevoir et diffuser par les moyens adéquats l’information nécessaire auprès de ces instances, organiser les interventions au plus haut niveau politique.

    Ça ressemble paaaas du touuut à un lobby.

    (1)Ok, je suis allé vite en besogne il y a 7 politiques : 3 UMP, 1 UDF, 3 PS (dont Strauss Kahn et Moscovici) et 38 PDG

    Références :
    http://www.journal-officiel.gouv.fr

    [2]
    Puis après nous avoir dit que ce n’est pas un lobby il reconnait que les membres :

    « font effectivement un lobby. Un lobby pour quoi ? Un lobby pour l’industrie française, un lobby pour l’emploi français, un lobby pour produire français ».

    Cet argument je m’y attendait, deux critiques :

    – c’est un argument nationaliste alors que Moscovici et Strauss Kahn font parti des gens qui nous gonflent avec l’ #Europe comme communion des peuples contre le nationalisme.
    – Depuis quand les patrons représentent les intérêts d’un pays et des travailleurs ? ! Surtout quand on sait que nombre de ces entreprises comme #Total et L’Oréal pratiquent massivement « l’optimisation fiscal » pour payer le moins d’impôts possible en France, donc au peuple français, donc aux travailleurs qui ont le plus intérêts à ce qu’il y ai des services publiques de la Santé, de la retraite, de l’éducation, de la justice, de l’eau, etc.

    [3]

    Nous rencontrons aussi les commissaires européens pour expliquer que le principe de la concurrence libre et non faussée ne doit pas empêcher la création de champions européens.

    Donc la concurrence libre et non faussée serait bien pour détruire les monopoles publics tels que La Poste, EDF, GDF, la SNCF mais pas pour contrer des monopoles ou oligopoles privés (j’ai en tête #Microsoft, qui n’est pas européenne certes, mais qui finance un autre cercle de propagande Strauss Kahnien : #Terra_Nova) ? !

    [4]

    C’est une activité to-talement bénévole.

    Ce n’était pas le cas pour son ami #Strauss_Kahn qui bénéficiait d’une secrétaire et d’un bureau payés par Elf Aquitaine International

    http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/quand-elf-salariait-la-secretaire-de-dsk_492644.html

    [5]
    Enfin quand Pierre Moscovici parle de #lobby, ah non pardon de diners organisés avec les commissaires européens, voici un exemple de ce que ça donne :

    – Sur les recours collectifs (« class action » en anglais) ils publient en avril 2011 un document dont la position est résumée ainsi :

    les membres du Cercle de l’Industrie ont réaffirmé leur opposition à toute initiative législative de l’Union européenne en matière de recours collectif.

    – Sur la surveillance du marché carbone :

    le Président du Cercle de l’Industrie, Denis #Ranque, a adressé, le 15 septembre 2011, une lettre aux Commissaires Michel #Barnier et Connie #Hedegaard, pour leur rappeler que le Cercle ne soutenait pas la qualification des quotas d’émissions en instruments financier

    s

    http://www.cercleindustrie.eu/fr/2011.html

    Et dans ce document voici comment ils se présentent (comment ils comptent leur cheptel, ça transpire la représentation démocratique) :

    Le Cercle de l’Industrie regroupe les Présidents des vingt-cinq plus grandes entreprises industrielles françaises et des hommes politiques qui emploient près de 3 millions de personnes et représentent un chiffre d’affaires d’environ 800 milliards d’euros

  • Pour accéder à la #justice civile, ce sera désormais 35 euros | Rue89
    http://www.rue89.com/2011/06/17/lacces-gratuit-a-la-justice-cest-bientot-termine-209764

    Au nom de la « solidarité financière entre l’ensemble des justiciables », disait le projet de loi, chacun devra s’acquitter de cette contribution pour « toute instance introduite en matière civile, commerciale, prud’homale, sociale ou rurale ou devant une juridiction administrative ».

    Quel scandale !

  • Cet article de Numérama met en exergue une vidéo récente (juin 2011) de Marine Le Pen étonnante. Elle y tient un discours où elle place le FN en défenseur de la la liberté d’expression et de la neutralité du net ! Rien de moins !

    L’auteur de l’article se dit troublé. Moi aussi. Comme si la Pdte du FN avait compris qu’elle serait la seule à développer un discours clair et efficace contre l’internet « civilisé » de Sarkozy ! Peut elle alors attirer vers elle les plus jeunes qui découvrent la chose publique ?

    Qui plus est, son texte est bien écrit, du fond, de la forme sans aucune des scories de langage extrémistes habituelles. Des leaders du centre ou de la gauche auraient pu le prononcer sans changer une virgule !

    Bien sûr, on retrouve ses cibles, l’union européenne, le Gvt français, la mondialisation... mais rien d’appuyé, juste une toile de fond... avec même une charge contre les sociétés privées qui l’a m’étonne vraiment.

    http://www.numerama.com/magazine/19414-hadopi-pourquoi-est-ce-marine-le-pen-qui-tient-ce-discours.html

    #hadopi #politique #manipulation #liberté #économie

  • Ce genre d’articles m’énerve(nt) :

    "Le sida n’existe pas" : le VIH aussi a ses théories du complot
    http://www.rue89.com/2011/06/30/le-sida-nexiste-pas-le-vih-aussi-a-ses-theories-du-complot-211582
    En juin 2011, les termes « le virus du sida n’existe pas » donnent 73 000 résultats sur Google, en dépit des progrès faits, tant dans la connaissance du virus et de ses mécanismes de destruction que dans les traitements.

    Cette référence à des chiffres renvoyant sur Google est censée démontrer quoi donc ? Que, sur Internet, les gens prétendent qu’ils n’existent pas ? Vraiment ?

    Recherchons :

    Recherche de « le virus du sida n’existe pas »
    http://www.google.fr/search?q=le+virus+du+sida+n'existe+pas
    Environ 74 700 résultats

    Cela nous donne « Environ 74 700 résultats » selon Google. Admettons que ces résultats soient corrects. Ils ne le sont pas (pour des raisons technique, d’une part, et pour des raisons visant à tromper les concurrents et les spammeurs, d’autre part). Mais admettons que si.

    Est-ce que pour autant, il y a 74.700 pages prétendant que le HIV n’est qu’une fiction conspirationniste ? Voyons voir l’expression exacte :

    Recherche de « "le virus du sida n’existe pas" »
    http://www.google.fr/search?q=%22le+virus+du+sida+n%27existe+pas%22
    Environ 35 100 résultats

    Là, c’est « Environ 35 100 résultats » portant sur l’expression exacte.

    L’article date du jour, donc pas encore bien référencé (eh oui, même en 2011, les résultats de recherche ne sont pas encore tous temps-réel), mais le site de rue89.com va dès demain alimenter à son tour ces deux requêtes en résultats :

    Recherche de « "le virus du sida n’existe pas" site:rue89.com »
    http://www.google.fr/search?q=%22le+virus+du+sida+n%27existe+pas%22+site:rue89.com
    1 résultat

    Recherche de « le virus du sida n’existe pas site:rue89.com »
    http://www.google.fr/search?q=le+virus+du+sida+n%27existe+pas+site:rue89.com
    Environ 549 résultats

    D’ailleurs, rien que sur cette seconde requête, on compte « Environ 549 résultats », soit 0,7 % de l’ensemble des résultats initiaux dénoncés par l’article. On peut alors légitimement se demander si ce ne sont pas les journalistes anti-conspirationnistes qui créent eux-même la rumeur de la conspiration qui alimente ensuite leurs futurs articles futurs sur les SERP de Google qu’ils manipulent en amont !

    Allons, allons, comment est-ce que je peux prétendre que Google, basé sur le Dieu Algorithme, donc un ordinateur, donc infaillible, manipule les résultats ? À tous les coups, c’est moi, le troll conspirateur. Ou pas.

    Si la requête :

    Recherche de « le virus du sida n’existe pas »
    http://www.google.fr/search?q=le+virus+du+sida+n'existe+pas
    Environ 74 700 résultats

    donne « Environ 74 700 résultats », en toute logique, si nous enlevons de la liste les pages comportant le terme « hiv », nous devrions, en toute logique, obtenir moins de résultats. Et pourtant :

    Recherche de « le virus du sida n’existe pas -hiv »
    http://www.google.fr/search?q=le+virus+du+sida+n'existe+pas+-hiv
    Environ 86 100 résultats

    En enlevant des pages, on en obtient plus.

    Allez, pour se faire plaisir :

    Recherche de « le père noël n’existe pas »
    http://www.google.fr/search?q=le+p%C3%A8re+no%C3%ABl+n'existe+pas
    Environ 1 160 000 résultats

    Recherche de « le père noël n’existe pas -traîneau »
    http://www.google.fr/search?q=le+p%C3%A8re+no%C3%ABl+n'existe+pas+-tra%C3%AEneau
    Environ 1 970 000 résultats

    « Environ 1 160 000 résultats ». Que devrions-nous en conclure ?

    #presse #journalisme #google #serp #conspiration #désinformation #information #science #santé #manipulation

    PS : Je préfère ne pas commenter :

    [...] le phénomène révisionniste doutant des origines du sida, ou plus simplement la négation de l’origine virale de cette maladie – qui a pourtant fait 30 millions de morts en 30 ans [...]

    et son lien exclusif entre virus et mort (donc pas de maladies mortelles sans virus, ta gueule la vache folle, en gros). Argh, il faut croire que je n’ai pas su me retenir... ;-)

    #troll

  • François Sauvadet du Nouveau Centre : « Le RSA, ça marche ! » | Rue89
    http://www.rue89.com/2011/06/11/francois-sauvadet-du-nouveau-centre-le-rsa-ca-marche-208406

    Et sur le fond, que pensez-vous de la proposition de l’UMP de faire travailler certains bénéficiaires du #RSA dans les collectivités locales ?

    C’est la preuve d’une méconnaissance du parcours du combattant que doivent endurer les bénéficiaires du RSA pour toucher leur allocation. Je suis premier adjoint au maire de Vitteaux, il n’y a pas de place pour accueillir ces bénéficiaires. Tous les emplois sont pourvus !

    Et comment feront ceux qui ne trouvent pas leurs heures dans les collectivités, ceux qui veulent mais ne peuvent pas ? Ils seront pénalisés ? Je n’y comprends plus rien. Pourquoi faire travailler cinq heures par semaine les allocataires, et pas 25 heures, comme l’a noté Martin Hirsch ? Personne ne veut travailler cinq heures par semaine, les allocataires veulent trouver un emploi à temps plein.

  • The Angry Arab News Service: On the “Gay Girl in Damascus”
    http://angryarab.blogspot.com/2011/06/on-gay-girl-in-damascus.html

    Many have written to me about the case. It is clear that there is a fabrication there. The Washington Post has even noticed. Somebody is playing with readers’ minds, and most likely for political reasons. "Friends" of her wrote me yesterday and said that they all exchanged notes and that they found out that no one has ever seen her. Her closest friend once tried to skype with her: but she told her that there is no skyping Syria (a lie). An alert reader also noted to me that she (under the name of Amina Arraf) is among my Facebook friends. But I was assured that the pictures that she has belong to another woman (I even have the name of the woman of those pictures). Politically, she recently posted a pro-Palestinian message, but back in May “she” expressed hope to be able to serve as an ambassador for Syria in Israel. That in itself tells me that it is no Syrian person at all. In fact, I won’t be surprised if this is Abraham Foxman posing as a “gay girl in Damascus.”

    ‘Gay Girl in Damascus’ may not be real - The Washington Post
    http://www.washingtonpost.com/world/middle-east/gay-girl-in-damascus-may-not-be-real/2011/06/08/AGZwCYMH_story.html

    Questions emerged Wednesday about the existence and identity of a Syrian American blogger whose eloquent postings on life in Damascus and her purported detention Monday by Syrian security forces had catapulted her to global fame.

    • @baroug, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Si c’est un faux, c’est un faux, et on ne peut alors rien tirer de ses « positions ». Sinon, on accepte le relativisme absolu en matière d’information : un service de communication installé dans un immeuble du New Jersey pourrait produire des témoignages poignants sur des personnages virtuels inventés qu’ils ont fait vivre, via le Web, dans des pays à l’autre bout de la planète , et on accepterait que ces inventions « nous disent quelque chose » sur la réalité de ces pays, et que leurs positions politiques seraient intéressantes. Le faux nous dit quelque chose sur la société à la seule condition d’être identifié comme faux (par convention artistique : roman de Zola, film de Milos Forman, romanquête de BHL...).

      Si c’est bien une invention, ça ressemble tout de même lourdement à de l’#infowar.

      Si ça n’est pas une invention (Gay Girl in Damascus existe vraiment et a vraiment disparu), alors on aurait ici un succès de l’#infowar du régime syrien. (Ce dont j’aurais vraiment tendance à douter : depuis le début, je pense que le régime syrien a plus de compétence pour la torture du pneu que pour la contre-communication médiatique.)

    • Ce que je veux dire c’est que je trouvais l’ensemble de positions tenues par Gay girl un Damascus intéressantes, et que fiction ou pas, il me semble qu’elles le sont toujours. Dans le cas de la fiction, elles ne disent en effet plus rien du pays (à moins d’être une fiction locale), mais en terme d’idées, je ne sais pas si c’est de l’infowar, mais ça ne me parait pas honteux.

    • (mais j’ai aussi conscience que c’est la guerre civile et qu’à ce titre, ce genre de petit jeu si c’en est un, peut avoir des conséquences très graves. Je disais en somme que si c’est une manipulation, elle est relativement fine)

    • Le site Lezgetreal s’excuse, certes, mais écrit immédiatement :

      I want something understood, though, “Amina” didn’t say anything that wasn’t the truth. The situation in Syria is no less horrific just because she wasn’t actually there. People are dying, people are being mowed down in the streets, people are disappearing into the jails and secret police dungeons. IT DOESN’T BLOODY MATTER WHO TELLS US THIS AS LONG AS WE LISTEN TO THE CRIES OF PEOPLE WHO WANT TO BE FREE.

      Mais non, justement, je pense que cette idée est totalement indéfendable et est centrale ici. Sinon BHL est tout aussi valable qu’un reporter de guerre qui va sur le terrain ou que le témoignage direct d’une victime. Et on sait bien que ça n’est vraiment pas possible.

      Ensuite, ce que dit Zeinobia est à la fois vrai et plus ou moins à côté de la plaque. Ça n’est pas les « bloggers » qui sont le sujet de cette affaire, c’est la falsification elle-même. La question n’est pas de savoir s’il y a réellement une répression en Syrie, mais de savoir si on accepte de rendre compte de cette répression au travers de compte-rendus falsifiés. Cette falsification, si on l’accepte ou la minore, fait qu’il n’y a rigoureusement aucun intérêt pratique à suivre des sites comme « Egyptian Chronicles » de Zeinobia, ou le webzine Jadaliyya, ou à lire n’importe quelle personne directement concernée par les événements qu’il est en train de vivre dans son propre pays, puisque la même chose pourra être produit (et accepté comme valable) depuis un petit appartement d’Edimbourg ou de Pittsburg.

      Et l’ensemble du Web serait une espèce de gros gloubibougla virtuel, qui accepte le relativisme absolu de l’info-en-temps-réel. Donnant ainsi raison à Dominique Wolton. Toute possibilité de progrès humain (social, politique, ce que vous voulez) grâce au Web serait totalement mort.

      La question est centrale pour l’intérêt même de sites comme ceux de Zeinobia ou de Jadaliyya. On peut considérer que c’est accessoire par rapport à la gravité des massacres ; mais dans ce cas le fait même d’écrire sur le Web est accessoire et on peut tout de suite arrêter (position parfaitement défendable, soit dit en passant). Mais si on veut continuer à écrire sur le Web pour agir sur le mode, il faut se poser la question. Le fait est que ce genre de falsification est actuellement possible, et relativement facile. Les gens qui militent via le Web doivent se poser la question de savoir comment limiter l’impact de ces falsifications (par des méthodes qui ne seraient justement pas la validation par en haut façon Wolton, mais des méthodes respectant l’aspect décentralisé sur réseau), au lieu de trouver que ça n’est pas bien grave, et qu’un pieu mensonge est acceptable si c’est pour la bonne cause.

    • entièrement d’accord avec @nidal

      Cependant la question se pose : Wolton lui-même existe-t-il, ou n’est-il qu’une fiction inventée par d’autres ? le fait de créer des marionnettes qu’on fait parler en les gonflant d’importance n’est pas l’apanage du net ; c’est même la règle médiatique n° 1.

      Hier Libé donnait deux pages d’enquêtes sur la gifle à l’origine de la révolution tunisienne : tout indique, semble-t-il, que c’était une invention (la gifle, pas l’altercation ni la mort de Bouazizi), destinée à faire chauffer les réseaux de mobiles
      http://www.liberation.fr/monde/01012342664-la-revolution-de-la-gifle

      le militant raconte l’histoire de la fameuse gifle : « En fait, on a tout inventé moins d’une heure après sa mort. On a dit qu’il était diplômé chômeur pour toucher ce public, alors qu’il n’avait que le niveau bac et travaillait comme marchand des quatre-saisons. Pour faire bouger ceux qui ne sont pas éduqués, on a inventé la claque de Fayda Hamdi. Ici, c’est une région rurale et traditionnelle, ça choque les gens. Et de toute façon, la police, c’est comme les Etats-Unis avec le monde arabe : elle s’attaque aux plus faibles. » Le militant, fluet et malicieux comme un lutin, sort son téléphone de sa poche dans un sourire : « Ça, c’est le diable, c’est notre arme. Il a suffi de quelques coups de fil pour répandre la rumeur. De toute façon, pour nous, c’était un détail, cette claque. Si Bouazizi s’est immolé, c’est parce qu’on ne voulait pas le recevoir, ni à la mairie ni au gouvernorat. » Le bouche-à-oreille s’est révélé d’une redoutable efficacité : l’après-midi même, quelque 2 000 personnes manifestaient devant le gouvernorat.

    • Mais autant la fausse Gay girl et les autres portent en effet un tort important aux activistes locaux, autant cette fausse gifle, pour le coup, a plutôt servi la bonne cause non ?

    • Alors revenons aux fondamentaux : à quel moment le faux sert-il la moindre cause ? Quelle est la théorie (que j’ignore) selon laquelle une fausse information peut in fine servir la bonne cause ?

      Maintenant tu as 2000 personnes qui savent (ou qui risquent de l’apprendre) qu’elles ont pris la décision de descendre manifester, risquant la prison, la torture ou la mort, parce que quelqu’un les a sciemment manipulés. À la prochaine « bonne cause », j’ignore si ces gens feront confiance à qui que ce soit.

      Mentir pour la bonne cause, c’est ça : ça signifie qu’une élite décide de manipuler la foule pour une cause qu’elle juge légitime. Même pour un petit mensonge, ça signifie que cette petite élite juge que la foule n’est pas prête pour la révolution, et qu’il faut ajouter une petite manipulation pour déclencher sa colère.

      C’est vraiment le contraire de ce à quoi je crois. Et si cette petite élite croit ça, ça signifie qu’à la fin de la « révolution », elle considéra qu’elle doit continuer à diriger ce peuple de veaux qui ne sont pas encore prêts pour la démocratie. Ou comment on réinvente le Baas.

    • Certes. Tu as évidemment raison, mais je ne suis pas sûr qu’en pratique, la version sans aucun petit mensonge existe quelque part. La vérité est toujours au moins enjolivée, minorée, ou sélectionnée.

  • « Les Foudroyés » de Paul Harding, le Pulitzer surprise | Rue89
    http://www.rue89.com/2011/06/01/les-foudroyes-de-paul-harding-le-pulitzer-surprise-206116

    C’est exactement le genre d’effet que j’essaye de produire. Ce sont mes moments préférés de lecteur : quand on réalise que ce qu’on vient de lire est vrai, qu’on l’a déjà vécu mais que l’on pensait que c’était impossible à précipiter dans le langage. C’est un moment de reconnaissance. C’est fondamentalement humain.

    Pour arriver à écrire de cette manière, il faut arriver à se tenir dans un état double, où l’on produit du discours sans affirmer quoi que ce soit, à décrire tout en laissant un questionnement en suspens. C’est expérientiel. Et c’est très difficile à produire : on offre une expérience sans dire au lecteur quoi en penser.

    #livre