• Immigration : dans quel monde voulons-nous vivre ? - LeMonde.fr
    http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2011/06/01/immigration-dans-quel-monde-voulons-nous-vivre_1529885_3232.html

    D’abord l’idée d’une fermeture complète des frontières n’est ni possible, ni souhaitable. Comment imaginer qu’un enfermement sur soi-même autour d’une identité fantasmée pourrait protéger la France contre les dangers qui viendraient de l’extérieur et pourrait lui permettre de retrouver sa grandeur dans le monde ? Le résultat serait exactement inverse. Qu’on se souvienne de l’histoire de l’Espagne au sortir de son Siècle d’Or. Celle-ci s’était refermée sur elle-même pour protéger sa grandeur. Le résultat fut un déclin de quatre siècles qui la fit passer du statut de première puissance du monde à celui de pays sous-développé à la mort de Franco. Est-ce cela que l’on veut ? Le déclin serait même aujourd’hui plus rapide à l’âge de la mondialisation. Mais dire cela, ce n’est pas plaider pour l’abolition des frontières. Soutenir une abolition des frontières serait tomber dans une illusion symétrique de la précédente. Un monde sans frontières serait un désert peuplé d’individus interchangeables. Un cauchemar. Mais les frontières ne sont pas des murs qui doivent nous séparer et nous enfermer, ce sont des lieux d’identification (linguistique, juridique, politique, etc.) mais aussi de passage et de rencontre.

    Il faut donc changer notre vision du monde et dire que le destin d’un peuple ou d’une nation ne peut se concevoir isolément, comme séparé de ce qui l’environne. Comment pourrions-nous être heureux au milieu de populations qui vivent dans la souffrance et la désespérance ? La citoyenneté politique, liée à un territoire national, c’est-à-dire à des frontières historiques déterminées ne doit pas oublier la citoyenneté cosmopolitique, la seule citoyenneté qui soit naturelle et par laquelle nos destins individuels ou nationaux s’inscrivent dans le destin commun de l’humanité. Ce souci de l’inscription de notre destin dans celui de l’humanité, de notre pays dans celui de la terre, n’est pas une grande illusion, une vision utopiste du monde. C’est au contraire le réalisme le plus radical qui l’appelle. Plus rien de ce qui nous concerne ne peut être directement ou indirectement isolé de ce qui se passe dans le monde. Considéré ainsi, ce qu’on a appelé le « problème » de #l'immigration peut prendre une tout autre signification.

    #racisme