… dans le même ouvrage :
Sida : l’eldorado africain ? - La Vie des idées
►http://www.laviedesidees.fr/Sida-l-eldorado-africain.html
Perçue dans les années 1990 comme un continent menacé d’écroulement par le sida, l’Afrique représente aujourd’hui un ensemble d’opportunités pour les chercheurs et les laboratoires. Fanny Chabrol analyse les logiques indissociablement humanitaires, sécuritaires et capitalistes qui sous-tendent ce renversement et composent aujourd’hui la « santé globale ».
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Le double régime de la santé globale – humanitaire et sécuritaire – est lié à ce nexu_s (King 2002) entre sécurité nationale et intérêts commerciaux formalisé dès 1997 dans un rapport de l’_Institute of Medicine intitulé « America’s Vital Interest in Global Health : Protecting Our People, Enhancing Our Economy, and Advancing Our International Interests ». Les auteurs du rapport notent alors que « les États-Unis sont un leader mondial dans le champ de la recherche biomédicale (…). L’incapacité à s’engager dans la résolution des problèmes de santé globaux diminuerait la stature de l’Amérique dans le champ de la santé et mettrait en péril sa propre santé, son économie et sa sécurité nationale ».
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La « migration au Sud » des essais cliniques est motivée par la quête d’une « valeur de surplus », un terme désignant la rentabilité croissante du vivant (biologique) dans les stratégies d’accumulation capitaliste. Ces reconfigurations globales du capitalisme autour de la bio-économie ou du bio-capital expliquent l’essor d’une nouvelle philanthropie de la santé globale dominée par la fondation Bill & Melinda Gates.