• Les dérives de l’intérim touchent les travailleurs venus de l’Est - France - RFI
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    Dénicher une main-d’œuvre peu chère est une pratique fréquente en temps de crise. Mais quand elle est basée sur un système de rémunération illégal, c’est un abus. Le nombre d’ouvriers venus des pays de l’Est de l’Europe explose en France. Ils ne bénéficient d’aucune protection sociale et de nombreuses irrégularités entourent leur sort. En cause : la régulation européenne, qui laisse ces travailleurs « low cost » à la merci des agences d’intérim de leur pays d’origine.

    Phénomène grandissant

    La France compte plus de 144 000 ouvriers étrangers. Un quart des ces ouvriers travaille dans l’intérim, le plus souvent dans le bâtiment et les travaux publics, et dans l’industrie. Au cours des dix dernières années, le nombre des intérimaires détachés en France a cru de plus de 3 300% ! Il s’agit principalement de Lettons, de Lituaniens, de Bulgares, de Roumains et de Polonais. Et depuis le début de la crise, le nombre d’Espagnols a été multiplié par quatre.

    Le plus souvent, ces travailleurs sont embauchés par des agences d’intérim établies dans leur pays d’origine. On leur promet un travail et un salaire au SMIC. Mais la plupart de temps, ils n’en voient pas la couleur. Dans la mesure où ils sont rémunérés par l’agence qui les a embauchés, ils touchent tout au plus 600 euros net mensuels, soit la moitié de ce à quoi ils ont droit. Sans compter des conditions d’hébergement déplorables et une absence de couverture sociale. Ainsi, en cas d’accident du travail, les ouvriers payent eux-mêmes les frais d’hospitalisation et de rapatriement.

    L’absence de charges sociales attire les entreprises peu scrupuleuses. François Roux, délégué général du Prisme, une organisation des professionnels de l’intérim, déplore : « Le système consiste à appliquer le salaire français. En revanche, le régime de protection sociale étant extrêmement différent selon les pays en Europe, on peut jouer sur ce différentiel pour obtenir des prix qui sont absolument inatteignables pour des entreprises françaises qui sont, elles, dans la légalité. »

    Ces intérimaires étrangers prennent-ils le travail des Français ?

    Si on regarde les conditions de travail proches de l’exploitation, pas vraiment. Ce ne sont pas les travailleurs étrangers qui prennent le travail des travailleurs français, ce sont les lacunes de la législation européenne qui permettent ce genre d’abus. La législation qui encadre le détachement devrait être renforcée, et les agences locales d’intérim mieux contrôlées, avec par exemple l’obligation d’avoir une antenne française.

    En attendant, il y a des secteurs industriels qui manquent de main-d’œuvre. La France a besoin de 3 000 à 6 000 soudeurs. Une pénurie à laquelle la formation professionnelle ne répond pas.

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