KiOsk - enfance-buissonniere

#T.2BAOk-moignages

  • L’école hors circuit (LeMonde.fr)
    http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2013/08/30/l-ecole-hors-circuit_3468203_1616923.html

    Mais, pour la plupart des autres familles, de plus en plus nombreuses, le cheminement se fait doucement, commençant avec le maternage, ce choix éducatif comportant diverses pratiques comme l’allaitement long, le « cododo », ou encore le portage. L’enfant grandissant, elles cherchent une alternative à un système scolaire qu’elles jugent trop standardisé et trop stressant. Entre la montée en puissance d’Internet et la dégradation de l’image de l’école, le nombre de ces familles a bondi en dix ans. Selon le ministère de l’éducation nationale, 978 enfants étaient instruits en famille (sans cours à distance) en 1999, un chiffre qui grimpe à 1 883 en 2008, puis à 3 297 en 2011. Et il est vraisemblablement sous-estimé.

    #éducation #déscolarisation #instruction_en_famille

    • Dans ces articles, on a toujours le point de vue des parents, de l’administration mais jamais des enfants. Les livres sont ceux des parents, qui expliquent et justifient leur démarche. Mais où sont les enfants ?
      Je n’arrive pas à trouver de témoignages d’enfants ayant été éduqués/instruits ainsi, pourtant, depuis le temps, il doit y en avoir des grands, maintenant…
      Donc si quelqu’un a des liens à me conseiller… (@julien peut-être ?)

    • Hmm, c’est une vraie bonne question, ça. Pas de référence bien précise malheureusement, tu peux avoir quelques bricoles dans la rubrique « Témoignages » du Kiosque d’enfance buissonière :

      https://enfance-buissonniere.poivron.org/KiOsk#T.2BAOk-moignages

      Sinon, je sais que l’association Leda a fait une étude en 2000-2002 un peu quantitative (mais pas représentative) auprès d’adultes étant passés par l’IEF. Elle n’est pas accessible publiquement, mais on doit pouvoir en récupérer un exemplaire en demandant à l’association :

      http://www.lesenfantsdabord.org

      Plus généralement, l’instruction en famille réunit des familles très différentes, avec des conceptions et des pratiques également très différentes, et donc le vécu des enfants le sera très certainement également. Celles qui sont le plus médiatisées ne sont pas forcément représentatives. Beaucoup d’enfants, par exemple, ne passent que quelques années en IEF avant de réintégrer le système scolaire.

    • Je ressens aussi de plus en plus le malaise par rapport à une institution qui est de plus en plus ouvertement sélective et orientée dans la reproduction de classe. Je pense qu’en fait, elle l’a toujours été, c’est juste qu’à moment donné, il y a eu des passerelles pour les très bons éléments qui auraient dus être écrémés plus rapidement, disons que ça ne fait plus du tout illusion.

    • Merci pour ta réponse @julien. La rubrique "Témoignages" ne contient qu’un seul témoignage d’enfant. (Je note au passage qu’il semble y avoir une sur-représentation d’enseignants en rupture institutionnelle parmi ces parents). Je vais essayer de contacter LEDA.
      C’est quand même étonnant qu’il y ait si peu de "paroles d’enfants" dans des structures qui semblent centrées sur eux (cf. "les enfants d’abord").
      Moi ce qui me pose question, au-delà de la diversité des profils IEF, c’est que si l’École est sans conteste une institution oppressive pour l’enfant, je crois que la Famille aussi, et qu’il est peut-être même plus difficile de se rebeller contre sa famille que contre l’institution scolaire. Comme il est dit dans un des "témoignages" consultés : « je ne défendrai pas l’idée de l’instruction à la maison car à mon sens, elle place la famille au centre de la vie, ce qui pour moi, revient à remplacer une institution par une autre ».

    • Autant pour moi, il y a deux témoignages, très intéressants et assez nuancés d’ailleurs, ce qui est tout à l’honneur de celles/ceux qui les ont publié sur un site pro-#IEF.

      Retour d’enfance de Ad.
      http://enfance-buissonniere.poivron.org/Retour_d%27enfance...

      Ne perdons pas non plus de vue qu’un enfant essaie avant tout de satisfaire les exigences de ceux qui l’élèvent et sont censés le protéger et que son apparente adhésion peut dissimuler un profond mal-être.
      […]
      Je crois que ce qui m’a sauvée, c’est cette liberté presque sauvage contre laquelle ma solitude m’a projetée et aussi, paradoxalement, la certitude de l’amour et de la bienveillance de ceux qui m’entouraient malgré toutes leurs contradictions et approximations.
      Que les adultes aient l’humilité de considérer que la meilleure chose qu’ils puissent faire pour leurs enfants est de les mettre au contact du monde et d’avoir la force et l’honnêteté de ne pas faire peser sur eux le poids de leurs volontés tâtonnantes pour que le jour venu, ils puissent à leur tour tenter de penser ce monde comme bon leur semble.

      D’une expérience d’apprentissage libre...
      http://enfance-buissonniere.poivron.org/KiOsk?action=AttachFile&do=view&target=descolarisant.p

      Si le système scolaire me semble très imparfait, il me semble qu’à partir d’un certain âge, il est enrichissant de sortir du contexte familial qui devient pesant à la longue pour vivre pleinement avec d’autres jeunes.

    • En ce qui concerne la parole des enfants, elle est présente autant que possible dans les associations, en tous cas à leda. Elle s’exprime par des rubriques dans le bulletin de l’asso, dans les rencontres entre familles, où les enfants (ou au moins les ados) participent aux réunions et discussions si ils le souhaitent, ou par le fait qu’ils ont le droit de vote à l’AG (à partir de 10 ans il me semble) - même si en pratique ce droit est assez peu utilisé.

      Pour la question de l’institution École contre l’institution famille, je ne crois pas que la question se pose en ces termes. La plupart des familles optent pour l’IEF car à un moment donné, la famille leur semble moins nuisible que la violence vécue à l’école. Et bien souvent ils retournent à l’école au bout d’un moment car l’école est alors perçue comme un mieux par rapport à ce qu’ils vivent en famille (parce que l’enfant a grandi, parce que l’IEF génère des tensions dans la famille, parce que ça devient un poids, parce qu’on a trouvé une école « alternative » ou qui convient, etc.).

      D’un point de vue personnel, je n’ai jamais vu l’instruction en famille comme une panacée. Pour le dire vite, je pense que des formes collectives d’éducation, mais qui seraient beaucoup plus basées sur l’accompagnement, la coopération, l’échange et la vraie découverte et reconnaissance des compétences et intérêts de tous sont très certainement préférables (je n’ai pas une grande connaissance de ces questions, mais je pense notamment à l’école du troisième type décrite par Bernard Collot par exemple). Par contre avoir le droit de sortir ses enfants de l’école à un moment donné (ou de ne pas les y mettre) me semble une liberté fondamentale et à défendre.

      Et enfin oui, effectivement, il y a pas mal de parents enseignants parmi ceux qui déscolarisent leurs enfants. Et de manière générale, ce sont quasi exclusivement, pour ce que j’en ai vu, des familles avec un fort capital culturel et/ou scolaire, ce qui est somme toute plus que logique (par contre du côté du capital économique c’est très variable).

    • Il me semble que l’éducation (scolaire ou non) devrait être collective autant que possible. Les dérives (toute puissance de l’adulte qu’il soit enseignant ou parent, enfermement réel ou symbolique, etc.) sont amplifiées par le fait que l’éducation scolaire ou familiale repose sur un (ou deux) adulte, à l’exclusion du reste du monde.
      En tant qu’enseignant mais aussi que parent, il y a de nombreux moment où je n’y arrive pas/plus avec tel ou tel enfant/élève, où je ne trouve pas/plus de réponse positive, bienveillante. Dans ces moments, notre société n’offre pas de solution externe, la souffrance ressenti et le sentiment d’échec se nourrissent alors l’un l’autre. Il devrait être possible de briser ce cercle vicieux des dysfonctionnements en miroir en s’appuyant sur un collectif (équipe enseignante/éducative, ou de parents/voisins/etc.). Mais ça ne se conçoit pas vraiment, on dirait…
      De la même manière, je suis bien content de ne pas être en classe unique, qui est tant louée par l’« éducation nouvelle », parce qu’il y a plein de choses que je ne sais pas faire ou que je fais mal, et qu’il est rassurant de se dire que mes élèves seront confrontés à d’autres adultes les années suivantes.

    • Merci, discussion intéressante, qui vient nourrir ma propre réflexion sur le sujet (ceci dit, je ne peux accéder à la totalité de l’article du Monde), puisque nous sommes nous-mêmes en pleine réflexion pour savoir si nous déscolariserons ou pas notre aîné pour un an en CE2 (il est en CP) - son papa y pense sérieusement, je suis plus dans le doute.

      En ce qui me concerne, je suis plutôt une convaincue de l’utilité de l’école républicaine, dans laquelle je me suis sentie bien en tant qu’élève et aussi en tant qu’individu (au point de devenir prof... ), parce que c’était aussi un refuge par rapport à ce qui pouvait se passer à la maison. Mon compagnon a un vécu complètement différent (il a été à la limite de l’autisme par moment, et le collège a été ultra rude). Je crois que dans tous les cas, il ne sera jamais question pour nous de déscolariser complètement nos enfants (si nous le faisions ce serait dans des conditions bien précises- maintien d’activités périscolaires, centre aéré... et pour un an maximum).
      Et effectivement, cela pose plusieurs questions, et notamment celles autour de la tout puissance de l’adulte (qu’il soit enseignant ou parent).
      Ceci dit, plus ça va et plus je me dis que la "violence scolaire"qu’on dénonce souvent est aussi liée au fait que les parents sont de plus en plus dans l’incursion parce qu’aussi dans la défiance vis-à-vis de l’institution, de façon plus ou moins consciente. Je ne dis pas qu’il ne faut pas associer les parents à la vie de l’école, au contraire ! Je dis juste que le rapport me semble souvent malsain (on se regarde en chien de faïence, on se renvoie la responsabilité, etc...). Les nouveaux outils informatiques (ENT, etc...) peuvent favoriser d’ailleurs ce sentiment d’espionnage (de la famille par l’institution, et inversement). En cela, il me semble révélateur que beaucoup de familles qui optent pour l’IEF soient des familles d’enseignants ! D’un autre côté, il est vrai aussi que la « classe unique » décrite plus haut est une partie du problème : combien de collègues refusent toute incursion dans leur classe ? (y compris, et sans doute surtout dans le secondaire, où le problème peut sembler moindre, mais où il devient crucial si les différents adultes qui interviennent dans une classe ne sont pas cohérents).