Le succès surprise du sauvetage de Chypre

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  • Le « succès » surprise du sauvetage de Chypre
    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20131023trib000792050/le-succes-surprise-du-sauvetage-de-chypre.html
    (note : les guillemets sont partout dans le corps de l’article, mais tout de même pas dans le titre…)

    Comment expliquer le « succès » chypriote, du moins au sens du moins de la troïka, c’est-à-dire dans l’application des « programmes d’ajustement. » ? Le premier élément à souligner est la prudence des Européens.

    Facile : c’est moins pire que ce qu’on avait prévu…

    Ainsi, les prévisions de récession pour 2013 semblent avoir été bien trop pessimistes. La troïka avait promis un recul de 8,7 % du PIB. La chute sera sans doute moindre, probablement entre 5 et 6 %. Ceci facilite évidemment de façon mathématique la satisfaction des objectifs fixés au gouvernement.
    (…)
    La même logique a prévalu dans le calcul de la somme prêtée à Chypre. 10 milliards d’euros lui ont été attribués. Maintenant que la recapitalisation des banques est achevée, il reste encore 5 milliards d’euros disponibles. Le matelas de sécurité semble assez confortable pour éviter de se retrouver dans un scénario à la grecque où une restructuration de la dette ou une nouvelle demande d’aide seraient nécessaires. Bref, les Européens se sont, dans le cas de Chypre, placés dans la situation où de pouvoir annoncer surtout des bonnes nouvelles.

    Et puis, mettre en place un contrôle des capitaux…

    La deuxième raison de cette résistance chypriote, c’est le contrôle des capitaux appliqué depuis mars dernier.
    (…)
    Ce contrôle qui a été un mouvement inédit et osé pour la zone euro, car il signifie qu’ un euro chypriote n’est pas encore aujourd’hui tout à fait le même qu’un euro du reste de la zone euro a permis de réaliser, sans trop d’encombre, la difficile recapitalisation bancaire.

    … bloquer les fonds…

    Mais désormais, les déposants ont fort peu intérêt à quitter l’île d’Aphrodite. « Les déposants savent que s’ils retirent leurs fonds de la BoC, cette dernière s’effondrera ; alors ils restent », analyse Grigoris Savas, journaliste financier à l’Agence de Presse chypriote CNA. Car 31 % de leurs fonds sont encore gelés pour pouvoir, si nécessaire, être utilisés dans le cadre d’une nouvelle restructuration. Ils savent aussi désormais qu’à tout moment, le contrôle des capitaux peut revenir. Bref, il leur faut prendre leur mal en patience. Mal d’autant moins douloureux que les dépôts continuent à être très bien rémunérés à Chypre. BoC leur accorde encore un taux de rendement de 3 % par an, d’après un responsable de cette banque…

    … maintenir l’ordre…

    Le dernier élément du succès chypriote, ce sont les Chypriotes eux-mêmes. Le pays n’a pas été secoué par des mouvements sociaux de grande ampleur. Pas de grèves, pas d’émeutes, ni même de manifestations. « Je n’ai pas à me plaindre des syndicats de la fonction publique », explique tranquillement Harris Georgiades, malgré les coupes sévères qu’il a pratiquées dans l’administration.

    Et dans la catégorie "succès"

    Le taux de chômage qui, au début des années 2000, frôlait 3 % de la population active, est désormais proche de 17 % et pourrait encore monter, si l’on en croit le ministre des Finances lui-même, jusqu’à 22 %.

    La preuve du "succès" : rien ne marche plus…

    Tous les moteurs de l’économie chypriote semblent en effet à l’arrêt. Dans un pays comme le Portugal, les manifestations et le mécontentement ont débuté un an et demi après les premières mesures.
    « Ce que je redoute, c’est que la récession soit moins violente que ce que prévoyait la troïka, mais néanmoins plus longue », s’alarme Michailis Persianis, journaliste au quotidien Kathimerini.
    Car les allocations chômage durent six mois à Chypre, il y a donc un temps de latence pendant lequel la misère ne frappe pas encore. La société chypriote tiendra-t-elle alors que les autorités peinent à organiser la réorientation du modèle économique du pays ? Ce n’est que dans quelques années que l’on pourra évoquer le « succès chypriote. » En attendant, tout cri de victoire semble encore prématuré.

    Et finalement, grand retour des guillemets dans la conclusion…