Protection sociale :« En pleine réforme, mais larvée, rampante » selon Philippe Batifoulier

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  • Protection sociale :« En pleine réforme, mais larvée, rampante » selon Philippe Batifoulier
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    Que pensez-vous de la logique annoncée pour le budget, consistant à limiter les dépenses ?


     

    2008 est une année pédagogique pour comprendre ce qui est à l’œuvre. Le déficit - soit le solde du régime général - a doublé. Or, en 2008 les gens ne sont pas tous tombés malades soudainement, ni ne se sont rués à la retraite. 2008, c’est la crise. Le déficit s’est creusé par pénurie de recettes. Ce système a été pensé ainsi, il est financé par les revenus du travail, il est donc lié à la conjoncture économique. C’est ainsi que dans les années 2000-2001, le solde a été positif.

     

    Cette logique est connue depuis longtemps mais ce gouvernement comme les autres, reste sourd et continue à parler de problème de dépenses et non de recettes. Notamment dans la branche maladie. Car le régime général couvre quatre risques sociaux : les accident du travail, qui ne « pèsent » rien, la famille mais aussi et surtout les retraites et la maladie qui représentent 80% des dépenses. Or, historiquement, c’est la maladie qui creuse le déficit et, depuis peu, les retraites. Or, à chaque fois, on essaye de réguler par des tours de passe-passe, en expliquant que tout le problème vient des dépenses. Ce qui permet d’occulter un autre point : la pénurie organisée de ces recettes. Les exonérations, les niches sont autant de recettes dont on se prive.

     

    Quels sont les moyens pour augmenter les recettes ?

    La tendance aujourd’hui, surtout dans la santé, est de vouloir fiscaliser le financement, de le transférer à la CSG. Or, il ne faut pas oublier que les cotisations sociales, c’est du salaire, pas différé mais socialisé. Amputer les cotisations, c’est donc baisser le salaire des gens et baisser les salaires, c’est augmenter les profits. Quand on finance par la CSG, on prélève à un moment où la répartition s’est déjà opérée, où l’argent est déjà allé aux profits. Ce qui est assez inaudible car on est aujourd’hui dans une guerre généralisée contre les cotisations sociales. Leur préférer le terme de « charges sociales » en dit long, permettant de déconnecter le financement de la sécurité sociale de la satisfaction de besoins sociaux.

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