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Nous en venons donc au nerf de la guerre : mais de quoi rire alors ? Quels types d’humour sont possibles si on doit arrêter de taper sur les femmes, les pédés et les Noirs ? Comment les manier sans tomber dans les bras menteurs de la facilité ? La liste des différents types d’humour est longue : humour par l’absurde, l’auto-dérision, le comique de situation, la création de personnages humoristiques, les jeux de mots, l’humour noir (le vrai), la satire (ou cynisme), le méta humour (l’humour sur l’humour), le comique d’observation, l’humour de référence, l’anti-joke etc. Analysons-en quelques uns pour que vous ne tombiez pas en panne sèche de blague, des fois que vous décidiez (ça va, on peut rêver) d’arrêter d’être des humoristes qui encouragent l’exclusion sociale des minorités.
Commençons par l’ humour par l’absurde . Ce type d’humour fonctionne sur la base du décalage entre les attentes et les habitudes du public et la logique qui sera présentée lors du sketch ou de la blague. En règle générale, c’est amené à l’aide de syllogismes, c’est à dire une logique qui, mal utilisée, peut amener à des paradoxes ; paradoxes cependant non démontables si on a habilement amené le public à accepter la logique du syllogisme au préalable. Plus exactement, on entraîne le spectateur vers un raisonnement illogique en lui faisant admettre des choses qui lui paraîtront logiques. En le piégeant ainsi, on crée le décalage, la gêne et donc le rire.
Exemple d’humour absurde : Tout ce qui est rare est cher. Un cheval bon marché est rare. Donc un cheval bon marché est cher.
Concernant l’ auto-dérision , c’est une forme d’humour qu’il est facile d’utiliser de travers. En effet, le principe de l’auto-dérision est de se moquer de soi-même. L’exercice peut sembler cool et démontrer que la personne le pratiquant est parfaitement décomplexée, mais il faut mesurer à quel moment on rigole réellement de soi (uniquement) et à quel moment on implique d’autres personnes dans la moquerie. Par exemple, il y a une différence entre dire « aha, j’ai encore embouti la voiture, je sais vraiment pas conduire ! » et « aha j’ai encore embouti la voiture, les femmes savent vraiment pas conduire ! » Dans le premier cas, je me moque de moi. Dans le deuxième je me moque des femmes : ce n’est plus de l’auto-dérision, mais bien de l’humour intolérant qui vise à discréditer les femmes et leurs capacités à utiliser une voiture et ce de manière parfaitement arbitraire et injuste. Le fait que je sois une femme ne justifie en rien cette blague : ce n’est pas parce que je suis maladroite au volant que toutes les femmes le sont. L’auto-dérision, la vraie, est celle qui permet au spectateur de rire sans se sentir jugé même s’il se retrouve dans le ridicule de celui qui fait la blague. On s’accorde sur le fait que c’est ridicule mais que ce n’est finalement pas bien grave. Ici, le rire permet de dédramatiser et de prendre du recul sur la culpabilité que beaucoup de gens vont avoir face à l’échec. Si je rigole en disant que tous ceux qui ont le même genre / couleur de peau / orientation sexuelle sont ridicules, je suis dans le jugement et dans la moquerie intolérante. Ce n’est donc plus de l’auto-dérision et j’empêche une partie de mes spectateurs de dédramatiser une situation anodine parce que je les catalogue dans un stéréotype qui ne leur conviendra peut-être pas.
Exemple d’auto-dérision : Boulet et son blog BD dans lequel il se met souvent en scène, comme par exemple dans cette note.
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Le comique de situation
La création de personnages humoristiques
Les jeux de mots
L’humour noir
La satire
Le méta-humour
Le comique d’observation
L’humour de référence
L’anti-joke