• Antonio Muñoz Molina : « La démocratie n’est pas naturelle. Il faut faire de la pédagogie »
    http://abonnes.lemonde.fr/societe/article/2013/10/24/antonio-munoz-molina-la-democratie-n-est-pas-naturelle-il-faut-faire

    Entretien avec Antonio Muñoz Molina

    Le monde tel qu’on le connaît vous semble fragile...

    Quand on vit en Europe, on s’habitue, c’est naturel, au fait que nos enfants puissent aller dans une école publique décente, au fait que l’on puisse aller chez le médecin ou dans un hôpital qui va nous soigner, ou simplement à marcher tranquillement dans la rue, des choses impossibles dans de nombreux pays d’Amérique latine. Il faut se demander ce qui est fondamental, ce sans quoi on ne peut pas vivre de vie décente. Pour moi, cela consiste en peu de chose : la santé, l’éducation, le règne de la loi. Voir un policier et ne pas devoir lui payer de pot-de-vin ou craindre d’être emprisonné.

    Et que proposez-vous ? Le tableau que vous dessinez d’institutions politisées qui sont gangrenées d’incompétents et de corrompus, de partis qui, à gauche comme à droite, sont victimes d’une crise morale, laisse peu de place à l’espoir.

    On peut avoir confiance en la régénération du système. En Espagne, le pouvoir politique a agi avec une autonomie absolue, sans contre-feu de l’administration. Les nominations dépendent des caprices politiques. Les tribunaux eux-mêmes sont politisés. Ni la presse ni l’opinion publique n’ont exercé leur rôle de contrôle, souvent par collusion. Aujourd’hui, tout le monde écrit sur les exagérations urbanistiques, mais pourquoi n’ont-ils pas dit cela avant ?

    À l’occasion de la parution de « TOUT CE QUE L’ON CROYAIT SOLIDE » d’Antonio Muñoz Molina (Seuil, 256 p., 21 euros). [pas lu]

    Sur la crise espagnole, où crise morale et crise urbanistique se conjuguent, lire aussi (vraiment déprimant) : Rafael Chirbes, Crémation (Rivages 2009) http://www.payot-rivages.net/livre_Cremation-Rafael-Chirbes_ean13_9782743618940.html