» [Reprise] Un non-président à l’Elysée, par Alexandre Jardin

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    rançois Hollande a, pour des raisons énigmatiques, décidé de ne plus être président


    La vie est parfois étrange. Samedi dernier, François Hollande a, pour des raisons énigmatiques, décidé de ne plus être président. Soyons plus précis : ne l’ayant en fait jamais été, ce pauvre homme a décidé de l’avouer publiquement. Avec une déconcertante spontanéité. Face à une caméra qui n’en revient toujours pas, nous l’avons vu saisir le prétexte d’une Leonarda au sort blessé pour dissoudre d’un coup son autorité devant le peuple français. Il ne parlait pas de cette malheureuse ou d’immigration mais bien de lui, de sa non-présidentiabilité ; et c’est ce que nous avons tous compris devant nos écrans plats. Un autre eut évoqué le sujet dont il était alors question, rameuté des principes, convoqué l’Histoire de France, incarné une idée vaste de la République. Lui, en ce 19 octobre (qui restera son 11 septembre personnel), n’a été que monsieur François Hollande, un citoyen qui, se croyant habile, se révèle totalement dépassé. Moment extraordinaire où la réalité minuscule d’un personnage apparaît par-delà les apparences sociales, par-delà son titre ronflant de successeur de Charles de Gaulle. La réalité est rarement vraie. Ce jour-là, l’hyper-vrai a jailli par la télévision, a ratifié les craintes sourdes de la nation. Ce déconnecté de lui-même déblatérait en oubliant que pour les gens normaux, ceux qui habitent le vrai monde, les enfants vivent avec leurs parents. Ses paroles surréalistes n’avaient donc ni sens politique, ni sens juridique ni sens humain ; et, comble du comble, il ne s’en rendait même pas compte. Le brave François oubliait au vu et au su de chacun que sa mission première est de garantir le fonctionnement régulier des institutions, pas d’annuler des décisions de justice à la bonne franquette. Ce qui fait beaucoup pour un chef de l’Etat, même apparent.

    Dès lors, l’impensable par la gauche française (sans doute désespérée à l’idée de le penser) devenait pour tous une évidence angoissante : ce type plutôt sympathique n’arrive pas à être président, pas même à se déguiser en chef de l’Etat. Il est ce que l’on pourrait appeler avec effroi un non-président. La logique des partis, si souvent stigmatisée par Charles (de G.), a abouti à l’élection de cette aberration : un authentique non-président. Malek Boutih – qui lui est un homme qui sait viser haut et se tenir droit, avec un évident charlisme – eut le désarroi de le dire avec ses mots sincères, immédiatement suivi par l’ensemble d’une classe politique saisie de commotion. Le constat avait de quoi paniquer : l’abracadabra du suffrage universel ne parvient plus à changer un falot qui tient son pouvoir de sa fonction en un d’Artagnan qui donnerait sa vitalité à sa fonction. Tout à coup, la vérité anxiogène se voyait à l’oeil nu, éclaboussait les écrans, consternait la banlieue, liguait les consternations rurales, estomaquait les bistrots. Brusquement, il ne devenait plus possible de se persuader que le type qui use les tapis de l’Elysée est à sa place. Avait-on bousculé l’ahuri, lui avait-on tendu quelque piège ? Non, le cynique s’est auto-détruit sous les yeux médusés de la nation et de ses ultimes partisans.

    #François-Hollande
    #présidence
    #Elysée
    #politique

    • Oui en relisant le truc de Jardin, ça fait peur quand même cette idéalisation du chef charismatique couillu...
      A parler des victimes de Mollet « couille molle » comme des victimes collatérales de son « impuissance », sans évoquer Papon, le 17 octobre et autres casseroles du général, Jardin révèle un penchant assez fascisant..

      Pour reprendre un peu de hauteur sur le sujet, ce qui est marrant, c’est qu’on a en France exactement ce qui s’est passé en Italie : Sarko-lusconi, charismatique séducteur qui passe son temps à passer au travers des mailles de la justice, qui a dû malgré tout laisser la place à un administrateur insignifiant, Mario Hollandeti, pour gérer la période de « redressement judiciaire » de la France en dégraissant, comme imposé par le tribunal de commerce Bruxellois...

      2 propos particulièrement intéressants à lire dans les commentaires (inégaux) de ce post. Sur la monarchie capitaliste :

      Le citoyen Hollande me fait l’effet d’un Bourbon fin de règne. Sera-ce suffisant pour que les citoyens comprennent à la suite de Théophile Gautier que, “Qu’importe que ce soit un sabre, un goupillon ou un parapluie qui nous gouverne, c’est toujours un bâton” et d’en finir une fois pour toute avec cette pantalonnade du vote, qui n’a jamais fait sortir des urnes autre chose que de fidèles serviteurs du capitalisme.

      Et ici, pourquoi Hollande était idéal pour le casting :

      Un Sarkozy exaspérant et réélu n’aurait pas été en mesure d’appliquer “les réformes”, alors qu’un Hollande président trop heureux d’être là de façon si inespérée est le candidat parfait pour cela : “les réformes” seront soutenues par la droite, par une partie du PS, les autres la fermeront par discipline, les militants ne défileront pas contre le président qu’ils ont élu…

      Ca a marché avec Blair, Schröder et les autres, en France on était “en retard”.

    • ce dernier point : « Et ici, pourquoi Hollande était idéal pour le casting .. », je le partage également , les milittants PS sont dans la nasse sous une camisole de silence. Bon pour la casse.