BBC News - Syrian mystery of Amina Arraf : ’A gay girl in Damascus’

/world-middle-east-13719131

  • The Angry Arab News Service: On the “Gay Girl in Damascus”
    http://angryarab.blogspot.com/2011/06/on-gay-girl-in-damascus.html

    Many have written to me about the case. It is clear that there is a fabrication there. The Washington Post has even noticed. Somebody is playing with readers’ minds, and most likely for political reasons. "Friends" of her wrote me yesterday and said that they all exchanged notes and that they found out that no one has ever seen her. Her closest friend once tried to skype with her: but she told her that there is no skyping Syria (a lie). An alert reader also noted to me that she (under the name of Amina Arraf) is among my Facebook friends. But I was assured that the pictures that she has belong to another woman (I even have the name of the woman of those pictures). Politically, she recently posted a pro-Palestinian message, but back in May “she” expressed hope to be able to serve as an ambassador for Syria in Israel. That in itself tells me that it is no Syrian person at all. In fact, I won’t be surprised if this is Abraham Foxman posing as a “gay girl in Damascus.”

    ‘Gay Girl in Damascus’ may not be real - The Washington Post
    http://www.washingtonpost.com/world/middle-east/gay-girl-in-damascus-may-not-be-real/2011/06/08/AGZwCYMH_story.html

    Questions emerged Wednesday about the existence and identity of a Syrian American blogger whose eloquent postings on life in Damascus and her purported detention Monday by Syrian security forces had catapulted her to global fame.

    • @baroug, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Si c’est un faux, c’est un faux, et on ne peut alors rien tirer de ses « positions ». Sinon, on accepte le relativisme absolu en matière d’information : un service de communication installé dans un immeuble du New Jersey pourrait produire des témoignages poignants sur des personnages virtuels inventés qu’ils ont fait vivre, via le Web, dans des pays à l’autre bout de la planète , et on accepterait que ces inventions « nous disent quelque chose » sur la réalité de ces pays, et que leurs positions politiques seraient intéressantes. Le faux nous dit quelque chose sur la société à la seule condition d’être identifié comme faux (par convention artistique : roman de Zola, film de Milos Forman, romanquête de BHL...).

      Si c’est bien une invention, ça ressemble tout de même lourdement à de l’#infowar.

      Si ça n’est pas une invention (Gay Girl in Damascus existe vraiment et a vraiment disparu), alors on aurait ici un succès de l’#infowar du régime syrien. (Ce dont j’aurais vraiment tendance à douter : depuis le début, je pense que le régime syrien a plus de compétence pour la torture du pneu que pour la contre-communication médiatique.)

    • Ce que je veux dire c’est que je trouvais l’ensemble de positions tenues par Gay girl un Damascus intéressantes, et que fiction ou pas, il me semble qu’elles le sont toujours. Dans le cas de la fiction, elles ne disent en effet plus rien du pays (à moins d’être une fiction locale), mais en terme d’idées, je ne sais pas si c’est de l’infowar, mais ça ne me parait pas honteux.

    • (mais j’ai aussi conscience que c’est la guerre civile et qu’à ce titre, ce genre de petit jeu si c’en est un, peut avoir des conséquences très graves. Je disais en somme que si c’est une manipulation, elle est relativement fine)

    • Le site Lezgetreal s’excuse, certes, mais écrit immédiatement :

      I want something understood, though, “Amina” didn’t say anything that wasn’t the truth. The situation in Syria is no less horrific just because she wasn’t actually there. People are dying, people are being mowed down in the streets, people are disappearing into the jails and secret police dungeons. IT DOESN’T BLOODY MATTER WHO TELLS US THIS AS LONG AS WE LISTEN TO THE CRIES OF PEOPLE WHO WANT TO BE FREE.

      Mais non, justement, je pense que cette idée est totalement indéfendable et est centrale ici. Sinon BHL est tout aussi valable qu’un reporter de guerre qui va sur le terrain ou que le témoignage direct d’une victime. Et on sait bien que ça n’est vraiment pas possible.

      Ensuite, ce que dit Zeinobia est à la fois vrai et plus ou moins à côté de la plaque. Ça n’est pas les « bloggers » qui sont le sujet de cette affaire, c’est la falsification elle-même. La question n’est pas de savoir s’il y a réellement une répression en Syrie, mais de savoir si on accepte de rendre compte de cette répression au travers de compte-rendus falsifiés. Cette falsification, si on l’accepte ou la minore, fait qu’il n’y a rigoureusement aucun intérêt pratique à suivre des sites comme « Egyptian Chronicles » de Zeinobia, ou le webzine Jadaliyya, ou à lire n’importe quelle personne directement concernée par les événements qu’il est en train de vivre dans son propre pays, puisque la même chose pourra être produit (et accepté comme valable) depuis un petit appartement d’Edimbourg ou de Pittsburg.

      Et l’ensemble du Web serait une espèce de gros gloubibougla virtuel, qui accepte le relativisme absolu de l’info-en-temps-réel. Donnant ainsi raison à Dominique Wolton. Toute possibilité de progrès humain (social, politique, ce que vous voulez) grâce au Web serait totalement mort.

      La question est centrale pour l’intérêt même de sites comme ceux de Zeinobia ou de Jadaliyya. On peut considérer que c’est accessoire par rapport à la gravité des massacres ; mais dans ce cas le fait même d’écrire sur le Web est accessoire et on peut tout de suite arrêter (position parfaitement défendable, soit dit en passant). Mais si on veut continuer à écrire sur le Web pour agir sur le mode, il faut se poser la question. Le fait est que ce genre de falsification est actuellement possible, et relativement facile. Les gens qui militent via le Web doivent se poser la question de savoir comment limiter l’impact de ces falsifications (par des méthodes qui ne seraient justement pas la validation par en haut façon Wolton, mais des méthodes respectant l’aspect décentralisé sur réseau), au lieu de trouver que ça n’est pas bien grave, et qu’un pieu mensonge est acceptable si c’est pour la bonne cause.

    • entièrement d’accord avec @nidal

      Cependant la question se pose : Wolton lui-même existe-t-il, ou n’est-il qu’une fiction inventée par d’autres ? le fait de créer des marionnettes qu’on fait parler en les gonflant d’importance n’est pas l’apanage du net ; c’est même la règle médiatique n° 1.

      Hier Libé donnait deux pages d’enquêtes sur la gifle à l’origine de la révolution tunisienne : tout indique, semble-t-il, que c’était une invention (la gifle, pas l’altercation ni la mort de Bouazizi), destinée à faire chauffer les réseaux de mobiles
      http://www.liberation.fr/monde/01012342664-la-revolution-de-la-gifle

      le militant raconte l’histoire de la fameuse gifle : « En fait, on a tout inventé moins d’une heure après sa mort. On a dit qu’il était diplômé chômeur pour toucher ce public, alors qu’il n’avait que le niveau bac et travaillait comme marchand des quatre-saisons. Pour faire bouger ceux qui ne sont pas éduqués, on a inventé la claque de Fayda Hamdi. Ici, c’est une région rurale et traditionnelle, ça choque les gens. Et de toute façon, la police, c’est comme les Etats-Unis avec le monde arabe : elle s’attaque aux plus faibles. » Le militant, fluet et malicieux comme un lutin, sort son téléphone de sa poche dans un sourire : « Ça, c’est le diable, c’est notre arme. Il a suffi de quelques coups de fil pour répandre la rumeur. De toute façon, pour nous, c’était un détail, cette claque. Si Bouazizi s’est immolé, c’est parce qu’on ne voulait pas le recevoir, ni à la mairie ni au gouvernorat. » Le bouche-à-oreille s’est révélé d’une redoutable efficacité : l’après-midi même, quelque 2 000 personnes manifestaient devant le gouvernorat.

    • Mais autant la fausse Gay girl et les autres portent en effet un tort important aux activistes locaux, autant cette fausse gifle, pour le coup, a plutôt servi la bonne cause non ?

    • Alors revenons aux fondamentaux : à quel moment le faux sert-il la moindre cause ? Quelle est la théorie (que j’ignore) selon laquelle une fausse information peut in fine servir la bonne cause ?

      Maintenant tu as 2000 personnes qui savent (ou qui risquent de l’apprendre) qu’elles ont pris la décision de descendre manifester, risquant la prison, la torture ou la mort, parce que quelqu’un les a sciemment manipulés. À la prochaine « bonne cause », j’ignore si ces gens feront confiance à qui que ce soit.

      Mentir pour la bonne cause, c’est ça : ça signifie qu’une élite décide de manipuler la foule pour une cause qu’elle juge légitime. Même pour un petit mensonge, ça signifie que cette petite élite juge que la foule n’est pas prête pour la révolution, et qu’il faut ajouter une petite manipulation pour déclencher sa colère.

      C’est vraiment le contraire de ce à quoi je crois. Et si cette petite élite croit ça, ça signifie qu’à la fin de la « révolution », elle considéra qu’elle doit continuer à diriger ce peuple de veaux qui ne sont pas encore prêts pour la démocratie. Ou comment on réinvente le Baas.

    • Certes. Tu as évidemment raison, mais je ne suis pas sûr qu’en pratique, la version sans aucun petit mensonge existe quelque part. La vérité est toujours au moins enjolivée, minorée, ou sélectionnée.