L’atelier participatif | Atelier Vélo Txirrind’Ola

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  • La Collecterie redonne vie aux objets et crée des emplois - Reporterre
    http://www.reporterre.net/spip.php?article4968

    « Ici, on prend soin des objets brisés, délaissés, déclassés. Et on fait ça avec des gens brisés, délaissés, déclassés. C’est par la médiation des objets qu’on redonne un élan humain à notre territoire ». Léon Wisznia a le sens de la formule. Président de la Collecterie, inaugurée fin octobre par Dominique Voynet, maire de Montreuil, il a aussi l’énergie du militant et les cheveux grisonnant de son expérience dans l’engagement associatif. Ancien soixante-huitard, ce professeur d’économie rêvait depuis plusieurs années de ce projet pour la ville où il vit depuis plus de quinze ans.

    ...

    A l’origine, une rencontre entre deux artisans, Séverine et Giuseppe. Celui-ci, surnommé le ’’danseur-ébéniste’’, raconte : « Nous en avions marre de travailler de manière isolée, chacun de notre côté. J’étais menuisier, elle était tapissière, on se croisait souvent sur les brocantes, et nous nous sommes dit qu’en mutualisant ces compétences et notre débrouillardise, on pouvait monter une structure autour de la récupération ». Des enseignants, des éducateurs et quelques motivés se joignent au projet et, en mars 2012, l’idée prend tournure : le collectif de la Collecterie est né.

    #déchets #recyclage #récupération #économie #société

    • Ca y est, j’ai trouvé pourquoi ça me gave ce genre de trucs.
      J’ai toujours beaucoup de mal avec cet anthropomorphisme qui se veut soit-disant drôle que l’on retrouve dans cette affiche mais ne fait que conforter l’idée qu’on peut aussi nommer déchets des personnes.


      C’est symptomatique d’une société de charité basé sur la reconnaissance par le travail et l’argent ou il faut rentabiliser dans la morale et objets et personnes.
      C’est très joli, bien présenté, ça retourne bien dans le système monétaire, on décroche des subventions, on fait bosser des pauvres, on est loué pour son action planétaire et sociale.
      Et souvent, et là ce sont mes amis de galère qui en parlent, la difficulté à sortir de cette étiquette pauvres=déchets=corvéables dans laquelle personne n’a de profit à les faire sortir.
      Et j’ajouterais, la difficulté à penser réellement la société autrement que dans des schémas capitalistes.

    • Vous avez la dent dure !
      Si c’est un schéma capitaliste à proscrire que de retrouver un sentiment d’utilité sociale grâce à une action à priori vertueuse (pour l’environnement), que pouvons-nous espérer alors ? Je crains que la haine du capitalisme nous fasse tomber dans le nihilisme parfois.

      Je pense que ce genre d’initiative est un schéma d’avenir, et si aujourd’hui il est encore « dégradant » du point de vue social de collecter, réparer et recycler, j’espère qu’un jour le vent tournera. De toutes façons on n’aura pas le choix.
      Viendra un jour, quand les dernières matières premières de la planète se trouveront dans les décharges, où les ingénieurs neuneus et bobos qui comme moi ne savent rien faire de leur dix doigts seront la risée du monde..

    • @petit_ecran_de_fumee
      Je n’ai rien contre la récup, les activités collectives et l’apprentissage des savoirs, voir d’un métier, bien au contraire.

      Ca dépend comment et par qui c’est fait, comme toujours.

      Seulement, comme les pauvres, les déchets sont un secteur porteur sur lequel se greffe des acteurs institutionnels et privés avec bonne conscience et subventions à l’appui.
      Rien qu’un exemple : celui de l’interdiction et la suppression des bennes municipales, tout du moins dans les campagnes, qui a empêché la récupération des déchets de façon autonome. Pour le jeteur, il faut prévenir la mairie pour déposer devant chez lui le jour venu ce qu’il a déclaré vouloir jeter. Une association ou entreprise de revalorisation des déchets vient alors les prendre. Pour ceux qui souhaitent récupérer gratuitement c’est devenu illégal, il faut payer pour pouvoir accéder à cette manne.

      La revalorisation des déchets n’a pas attendu le grenelle pour se faire ! C’était un revenu de subsistance non négligeable pour beaucoup de gens. Une façon de se débrouiller bon an mal an, de se meubler et même d’en faire de la vente.

      A ces mêmes « pauvres » on sert maintenant le discours de l’écologie, de la réinsertion et de la solidarité pour leur bien, pour les sortir de l’état de déchets et qu’ils retrouvent de la dignité, encadrés par des gens qui savent, eux.

      Je trouve ça sacrément dissonant !

    • @aude_v : ce « sentiment d’utilité sociale » est effectivement subjectif, il dépend de notre conscience politique. Pour certains, rendre service à quelqu’un est suffisant et une activité bénévole nous comble. Pour d’autres, plus aliénés je trouve, cela se mesure par un nombre de chiffres sur un compte en banque. J’ai juste la conviction que l’humain est un être malgré tout « social », qui dépérit si son activité n’engendre aucun feedback, même un feedback totalement déshumanisé comme des grandeurs financières. Voilà pourquoi je considère qu’aider les chômeurs à sortir de leur isolement social est une bonne chose à priori, car ils sont les moins bien placés en général pour s’extirper de leur isolement. Bien évidemment, si c’est pour leur faire fabriquer des mines anti-personnel, c’est mal, mais ce n’est pas le cas ici.

    • Je crois qu’on est globalement d’accord de toutes façons, faut juste voir si le diable se cache ou pas dans les détails. Je lutte comme vous contre toute forme de paternalisme, et je considère que toute forme de charité est nocive car c’est la rustine providentielle et narquoise du capitalisme le plus cynique. Il me semble que la Collecterie n’est pas dans ce registre, mais je n’ai pas assez d’éléments pour juger.

      Sur la question de l’auto-gestion, c’est également ma préférence donc, mais dans l’immédiat je ne sais pas me prononcer. L’auto-gestion peut-elle se concrétiser spontanément ou bien doit-elle passer par une phase de gestion autocratique pour se pérenniser ?

      Chez moi comme ailleurs, à côté de la déchetterie y a des campements de Roms (à priori de ma part, je ne sais pas si ce sont des roms) et ils « bossent » de façon non officielle me semble-t-il, mais avec l’aval des employés municipaux à la récup des objets recyclables que les gens déposent en déchetterie (électroménager, appareils electriques..) Si bien que quand un appareil tombe en panne, plutôt que (avoir l’impression de) me faire dépouiller par Darty, j’en rachète un neuf, et je dépose l’ancien à la déchetterie sachant que les gens qui collecte en feront surement un bon usage.
      Ils sont en auto-gestion, et la collectivité profite bien de leur action (sinon elle leur interdirait l’accès à la déchetterie croyez-moi) du coup on est un peu dans le meilleur des mondes libéral où chacun y trouve son intérêt et tant pis pour le statut de ces travailleurs.
      Est-on sur la bonne voie (développement social par la cohabitation de structures sociales parallèles, bref du communautarisme) ou sur un écueil (société de castes) ?

    • Le souci c’est que tu pars du principe que les chômeurs/ses sont désocialisé-e-s. Mais d’où est-ce que ça te vient, comme idée ?

      comme beaucoup de jeunes, mon premier emploi a pas été facile à trouver malgré mon diplôme, et je me suis senti socialement assez esseulé, j’ai passé un an à donner 10h de cours particuliers par semaine en cherchant du boulot et malgré toutes les bonnes idées que j’avais pour me rendre utile, sans aide extérieure je me sentais incapable de les mettre en oeuvre. Je m’appuie aussi sur les témoignages de proches au chômage qui disent leur inconfort 1 de ne pas pouvoir faire de projets, 2 de la culpabilité d’être chômeurs donc assistés, au crochet de la société etc..
      Voilà ce qui peut expliquer l’origine de mes « préjugés », je suis d’accord pour dire que je ne peux pas généraliser, ni penser à la place des autres, ni leur dire ce qu’ils doivent faire.