Un siècle plus tard, la #laïcité est devenue un bien commun des croyants et des non-croyants. Bien que l’on en parle souvent à tort et à travers. Quand le ministre de l’intérieur français, M. Nicolas Sarkozy, affirme que les femmes doivent paraître sur les photos d’identité tête nue, il pose un problème d’ordre public, pas de laïcité… Quand on évoque la mixité à l’école, il s’agit d’égalité entre garçons et filles, pas de laïcité — l’école laïque s’est accommodée, jusqu’à la fin des années 1960, de la séparation des sexes, et la République laïque, pendant des décennies, du refus du vote des femmes…
La laïcité est-elle aujourd’hui menacée en France ? Faut-il se mobiliser comme en 1905 ? L’emprise des Eglises s’est affaiblie et aucune d’elles n’approche, de près ou de loin, la puissance envahissante de l’Eglise catholique au début du siècle dernier. En revanche, réfléchissant sur la formule « le cléricalisme, voilà l’ennemi », Jean Baubérot s’interroge : celle-ci « est restée une bannière pour la laïcité militante. Mais qui sont aujourd’hui les nouveaux clercs ? Quels sont ceux qui constituent une menace concrète pour la liberté de penser ? » Sont-ce prioritairement les religions organisées, ou plutôt les « cléricatures » de l’argent ou celles des #médias ?
Au début du XXe siècle, la République devait ouvrir de colossaux chantiers, de l’instauration de l’impôt sur le revenu aux retraites ouvrières ; Jaurès avait compris que, pour surmonter ces défis, il fallait apaiser les querelles religieuses. Un siècle plus tard, la France est confrontée à d’immenses angoisses nées d’un néolibéralisme qui sape les fondements du pacte républicain. Sont-ce quelques dizaines de filles portant un foulard dans les établissements scolaires qui menacent ce pacte ? Ou les inégalités, les discriminations, les ghettos, le chômage, toutes ces friches exclues des « réformes » ? Face à ces diversions, il est bon de rappeler que Jaurès avait raison : la République française doit être laïque et sociale. Elle restera laïque parce qu’elle aura su rester sociale…